ALICE COOPER - Paranormal earMUSIC Style : Hard Rock Origine : États-Unis Sortie : 2017 Site Web : www.alicecooper.com
01. Paranormal / 02. Dead Flies / 03. Fireball / 04. Paranoiac Personality / 05. Fallen In Love / 06. Dynamite Road / 07. Private Public Breakdown / 08. Holy Water / 09. Rats / 10. The Sound Of A
Bonus : 01. Genuine American Girl / 02. You And All Of Your Friends / 03. No More Mr. Nice Guy [Live] / 04. Under My Wheels [Live] / 05. Billion Dollar Babies [Live] / 06. Feed My Frankenstein [Live] / 07. Only Women Bleed [Live] / 08. School's Out [Live]
Voilà enfin un nouvel album d'ALICE COOPER, successeur six ans plus tard du varié et expérimental Welcome To My Nightmare 2, album assez fourre-tout avec des tentatives d'associations branchées, pour un résultat pas toujours réussi et donnant un bilan plutôt mitigé. Avec Paranormal, point de tout cela puisqu'on assiste à un véritable revival aux inspirations seventies. Aucun titre "tendance" aux sonorités modernes, et en ce sens, on se replonge avec délice dans les meilleures années discographiques. Un Alice finalement bien normal, sans prise de risque, mais qui va à l'essentiel. La première formation apparait même sur deux titres, et "Sound Of A" est le premier morceau composé par Vincent Furnier qui, jusque là, n'était jamais sorti... ce qui témoigne bien d'une volonté d'un retour aux sources évident. Quelques guests aussi comme Roger Glover (DEEP PURPLE) ou Billy Gibbons (ZZ TOP), et une curiosité de voir apparaitre Larry Mullen Jr. (U2) à la batterie.
Paranormal débute par la meilleure entrée en matière qu'il soit depuis bien longtemps, avec un morceau-titre d'une redoutable efficacité, chef d’œuvre d'ambiance Hard-Rock menaçante, bref, un futur classique d'ALICE COOPER, doté de plus d'un très bon solo. "Dead Flies", typiquement 70's, avec son riff à la HENDRIX, passe bien l'épreuve mais on aura tendance à lui préférer nettement "Fireball" et son phrasé de guitare démoniaque. "Paranoiac Personnality" poursuit à merveille avec son style pachydermique, avant de laisser place à "Fallen In Love", le nouveau "School's Out", dont le riff s'en rapproche diablement... on finira avec un son forcément très ZZ TOP pour le solo. "Dynamite Road" et "Private Public Breakdown" sont bonnes aussi mais plus convenues. Il faut attendre "Holy Water" et ses cuivres pour relancer la machine, puis un "Rats" bien Rock'n'roll, comme à la meilleur époque ... Alice ne prend vraiment pas une ride ! Incroyable... et l'on finit donc avec "Sound Of A" et son ambiance PINK FLOYD pour un Paranormal des plus réussis. N'oublions pas non plus les deux bonus que sont "Genuine American Girl" et "You And All Of Your Friends", tous deux dans une ambiance festive. En ce qui concerne la partie live, ben c'est du classique... donc pas grand chose à rajouter.
En conclusion, Paranormal est à classer parmi les meilleures productions d'ALICE COOPER depuis bien longtemps, même si un poil un peu trop prévisible.
HEREZA - I Become Death Godz Ov War Productions Style : Death Metal Origine : Croatie Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/herezametalband
01. I Become Death / 02. Jehem Vas u Usta Ladna / 03. Homo Homini Lupus Est / 04. Uništi, Pali, Ruši / 05. In The Name Of God / 06. Full Moon Slaughter / 07. Neplodna Jarna / 08. Torn From The Death's Bed / 09. Pošast / 10. Tombcrawler
D'après le très bien renseigné site Encyclopedia Metallum, la Croatie contient 200 groupes de Metal actifs à ce jour pour 4 200 000 habitants environ, soit un ratio sensiblement en dessous de celui de la France où on atteint 2300 groupes pour 60 millions d'habitants. La culture Rock n'est pas encore répandue comme dans d'autres pays Européens mais il faut dire que le pays est jeune. Bref ! Tout ça pour dire que trouver des musiciens avec qui vous allez partager la même passion, la même vision est assez compliqué, ce qui explique peut-être qu'HEREZA, groupe qui nous intéresse ici, est un duo composé d'un multi-instrumentiste et un chanteur.
Avec I Become Death, les Croates nous proposent là leur deuxième opus et autant vous dire que celui-ci est aussi rapide qu'une étreinte avec un éjaculateur précoce (enfin j'imagine, je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation bien entendu !) avec 10 titres pour 29 minutes d'un Death Metal qui varie d'un style suivant les traces d'un BEHEMOTH par le côté sec et précis (dans l'intention en tout cas - "In The Name Of God" ) à un style plus mélodique avec "Neplodna Jarna" ou cette introduction de "Full Moon Slaughter" que l'on aurait bien vu sur Whoracle d'IN FLAMES, un Death plus groovy à la DISBELIEF sur "Torn From The Death's Bed" ou plus old-school sur "Pošast", HEREZA récite ses leçons de Death Metal sans grandes difficultés.
De cette production concoctée par Mario Markovic, on retire une sensation d'urgence qui transpire par ce son de guitare épais et gras mais aussi et surtout hyper compact, à tel point que les cymbales ressortent très mal du mix d'ailleurs. De même, les caisses de la batterie sont assez étouffées, d'où la question de savoir si Slobodan Stupar a enregistré sur un kit de batterie ou a programmé les parties, à l'écoute de l'album, la deuxième solution me parait plus probable. Par contre, cette même production fait la part belle aux solos de Denis Sloboda, qui s'est également occupé de l'enregistrement, sur les titres "In The Name Of God" et "Pošast" qui surgissent telle une lumière en pleine pénombre, de même pour le chant d'Ivan Kovacevic, un chant caverneux qui se mue en un cri avec quelques fines traces de mélodie. On remarque également l'apport des backing vocals de Slobodan Stupar qui donne parfaitement le change au chant principal avec une approche presque Punk dans le rendu.
Très peu de répit sur cet album, un I Become Death bien sombre, très rentre dedans, seul le dernier titre "Tombcrawler" commence par une guitare plus posée mais les vingt cinq minutes précédentes vous auront bien retourné le cerveau auparavant, une courte pause pour mieux vous saisir. Toutefois, si on reconnait parfaitement l'efficacité de l'album, la production assez brouillonne et un style assez balisé finalement, font de ce deuxième album, une curiosité sympathique tout d'abord adressée aux amateurs des morceaux les plus rapides d'ASPHYX par exemple. HEREZA reste néanmoins un nom sérieux qui ne déçoit pas si vous cherchez du brise nuque à tout va, avec eux c'est pourvu que ça mosh !
PARADISE LOST - Medusa Nuclear Blast Style : Gothic Doom Death Metal Origine : Royaume-Uni Sortie : 2017 Site Web : www.paradiselost.co.uk
01. Fearless Sky / 02. Gods Of Ancient / 03. From The Gallows / 04. The Longest Winter / 05. Medusa / 06. No Passage For The Dead / 07. Blood & Chaos / 08. Until The Grave / 09. Shrines (Bonus Track) / 10. Symbolic Virtue (Bonus Track)
La vie est un éternel recommencement, et la carrière musicale des anglais de PARADISE LOST également. Je ne vais pas refaire toute l'histoire mais après avoir débuté par du Death Metal à tendances Doom, le groupe avait en partie renoué avec ce passé sur l'album The Plague Within sous une étiquette Gothic Doom Death Metal qui n'oubliait cependant pas tout ce qui s'était passé entre temps. Alors, si de l'extérieur ce retour aux sources pouvait avoir des allures de course après une gloire passée ou une nostalgie des fans du groupe, les évènements autour du groupe expliquent pourtant cela, entre le chant de Nick Holmes chez les Suédois de BLOODBATH et la création de VALLENFYRE dans un registre particulièrement old-school Death Metal de Greg Mackintosh, on avait bien senti l'envie de revenir à quelque chose de plus Death chez ces amateurs d'un humour particulier.
D'ailleurs, pour être totalement complet, il faut remonter à In Requiem pour ressentir les balbutiements de ce retour au Death Metal, mais il ne faut pas pour autant occulter le reste car PARADISE LOST ne s'est pas contenté de reprendre une vieille recette, le Gothic Metal qui les a habité durant tant d'années est encore bien vivace et les titres "Blood & Chaos" et "Until The Grave" en sont les représentants les plus fidèles, de même que le côté New Wave insufflé par le chant de Nick Holmes car si le growl est de rigueur sur ce Medusa, les années à écouter en boucle les albums des SISTERS OF MERCY ont laissé des traces indélébiles ("Fearless Sky", "The Longest Winter") mais là où l'album précédent montrait des titres différents de l'un à l'autre, ce nouvel opus reprend la recette, l'amène plus loin et offre une continuité et une vraie ambiance commune tout au long des 42 minutes, là aussi, sur la durée de l'album, le groupe est revenu à quelque chose d'old-school, so 80's, pas plus de 45 minutes !
Du coup, on se rappelle qu'au moment de la sortie de l'album précédent, le titre "Beneath Broken Earth", Greg et Aaron Aedy disaient qu'il était le dernier morceau a avoir été composé et qu'il était finalement leur préféré, alors peu de surprise finalement à l'écoute de "Fearless Sky" car si le rythme y est moins funeral, l'ambiance est clairement dans la continuité, de même que "Gods Of Ancient" qui sent bon le Shades Of God, alors que le riff d'introduction de "From The Gallows" nous ramène directement vers Gothic, ce gras dans les guitares, cette rythmique Doom Death Metal typique, la voix de Nick, la machine à remonter le temps n'a pas oublié dans ses bagages tout ce que le groupe a accumulé en expérience depuis. Ensuite, il y a le premier single "The Longest Winter", première incartade réelle dans le Gothic, la New Wave, et à sa sortie, un ami m'avait fait remarqué la similitude avec TYPE O NEGATIVE sur ce titre. Alors, très franchement si sur le coup, je n'ai pas compris, avec le recul et la digestion de cette comparaison qui ne me serait jamais venue à l'esprit, il faut admettre qu'il y a quelque chose et cela réside dans le son de la guitare sur le refrain, supporté par les claviers, pour un rendu qui tire même plus sur A PALE HORSE NAMED DEATH alors que le chant de Nick retrouve une clarté qu'on lui connaissait parfaitement ces dernières années.
Et la suite ne va pas calmer mon enthousiasme car la chanson titre, "Medusa", se fait moins directe que la plage précédente, un piano en toile de fond, une ambiance plus menaçante, Waltteri Väyrynen, le nouveau batteur du groupe, envoie ses fûts au front et cogne sévèrement pour déboucher sur des couplets qui renvoient autant au mix lourdeur-chant mélodique d'un PALLBEARER (d'ailleurs c'est moi ou la pochette de l'album ressemble à l'esprit de ce même PALLBEARER ?) qu'au chant très travaillé d'un DEPECHE MODE, en effet Nick garde ses influences même dans les moments les plus inattendus. "Medusa" est un titre rampant, sans réel refrain, l'accroche se fait par la succession des leads de guitare de Greg Mackintosh que l'on reconnait aussitôt. Ceci dit, s'il y a bien un point où le groupe pouvait donner l'impression de tourner en rond, c'est bien cette utilisation des leads de son guitariste, sur ce nouvel album, l'homme s'est renouvelé sans pour autant modifier sa patte unique, un vrai challenge largement relevé et qui tire vraiment ce Medusa vers le haut. Pour conclure cette partie d'album clairement plus Doom Death que le reste, l'excellent "No Passage For The Dead" déboule en redynamisant un peu le rythme, nous ramenant plus vers un titre comme "Gods Of Ancient". Enfin, il y a ces deux derniers titres, le premier "Blood & Chaos" et son lead très enjoué, qui tranche véritablement avec le reste de l'album, un chant Gothic au possible, un single qui s'inscrit bien plus dans ce que les Anglais avaient pu nous proposer au début des années 2010. Si de prime abord ce morceau n'avait pas mon adhésion totale, fondu dans la globalité de l'album, il apporte ce regain et cette diversité qui empêche le groupe de rester monolithique et lui évite également un album trop connoté Doom Death. Dans le même genre, le titre "Until The Grave" conserve cette patte Gothic Metal de PARADISE LOST mais également cette part de mélancolie qui règne sur tous les morceaux qui clôturent les derniers albums du groupe.
Alors, si la construction de l'album semble mener vers le chemin de la facilité pour PARADISE LOST, il n'en est rien en fait, car le groupe sait mieux gérer la dynamique d'un album avec ces éléments Doom Death Metal de retour à l'honneur dans leur mix, créant une personnalité unique que l'on reconnait de suite à l'écoute de ce Medusa. Même le growl de Nick Holmes est à part, cradingue à souhait, avec une espèce de mélodie souvent cachée derrière. Seul Stephen Edmonson est un peu plus caché avec la production de Jaime Gomez, le gras des guitares étouffe un peu ses parties qui, de toute façon, ont très régulièrement servies à appuyer la rythmique de la batterie.
Pourtant, cela ne se vérifie pas sur le premier titre bonus "Shrines" où la basse tient une place prépondérante dans les couplets. Ce titre clairement inspiré New Wave aurait pu apparaitre sur Symbol Of Life, si ce n'est ce refrain en chant Death. Mais ces deux titres bonus, avec "Symbolic Virtue", également disponible sur la face B du single "Blood & Chaos" sorti courant août, sont moins travaillés, les morceaux apportent un autre visage à la musique du groupe présente sur l'album mais ne semble pas avoir eu la même attention dans les arrangements et dans l'inspiration pour rendre ces morceaux dynamiques et une réelle direction claire pour l'auditeur. Ceci étant surtout vrai pour "Shrines". La version collector avec les deux titres s'adressera donc surtout aux fans purs et durs du groupe car les 42 minutes représentées par les huit titres de cet album sont concis, fluides et parfaitement construits, l'ajout de ces 2 bonus crée un décalage qui pourra déranger les moins initiés d'entre vous.
Si The Plague Within était, à mes oreilles, une réussite, il n'était en fait que le brouillon de ce nouvel album qui classe PARADISE LOST dans les groupes uniques qui n'ont que très rarement déçu votre serviteur. Une nouvelle fois, ce Medusa est une réussite, où les deux principaux acteurs de la construction de la musique du groupe se surpassent sans en faire de trop ! Pour ma part, on est là dans le top 10 des sorties 2017.
ATTIC – Sanctimonious Van Records Style : Heavy Metal Origine : Allemagne Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/atticfuneral
01. Iudicium Dei / 02. Sanctimonious / 03. A Serpent In The Pulpit / 04. Penalized / 05. Scrupulosity / 06. Sinless / 07. Die Engelmacherin / 08. A Quest For Blood / 09. The Hound Of Heaven / 10. On Choir Stalls / 11. Dark Hosanna / 12. Born From Sin / 13. There Is No God
Nous vous avions parlé, il y a maintenant près de 5 ans, du groupe allemand ATTIC, qui sortait alors The Invocation, son premier LP. Le combo frappait plutôt fort avec un opus accrocheur en dépit de ses encombrantes influences, l’ombre de MERCYFUL FATE / KING DIAMOND faisant plus que planer sur ce disque, en particulier en ce qui concerne le chant de Meister Cagliostro qui alternait registre medium cérémonieux et envolées (très) aigües hallucinantes. En dépit d’un niveau de qualité pour le moins élevé, nous nous interrogions donc sur le bienfondé de la démarche et, aujourd’hui, rien ou presque n’a changé. Sanctimonious est fait du même alliage de Heavy Metal forgé par les « Grands Anciens » et positionne donc ATTIC aux côtés des PORTRAIT et autres IN SOLITUDE. La production est compacte et « rétro » comme on pouvait s’y attendre. La différence est que, cette fois, l’ensemble est explicitement conceptuel, les morceaux faisant office de chapitres d’une histoire macabre. Bref, de ce côté-là aussi, on plagie sans vergogne le Roi Diamant, même si le vocabulaire est peut-être un poil moins copié cette fois-ci. Et, sans vouloir trop en dire sur ce scénario évoquant un couvent « pas très catholique », ni minimiser le travail qu’une telle entreprise représente, sachez simplement que l’histoire sent le réchauffé à plein nez... Pire, la durée du disque s’en trouve inutilement allongée puisque Sanctimonious s’étend sur 64 minutes, ce qui est bien trop pour captiver de bout en bout. Alors OK, on croirait avoir retrouvé le King de 1987 et certains morceaux font mouche ("A Serpent In The Pulpit", "Sinless" ou encore "The Hound Of Heaven"). Il est évident que la composition de ces morceaux « à tiroirs » a dû demander un sacré travail mais, pour le reste, ATTIC a clairement pêché (gnark, gnark...) par excès de confiance. Bref, même constat que pour The Invocation, mais aussi pour l’album de THEM chroniqué en début d’année : on se retrouve partagé entre admiration et sentiment d’être pris pour du bétail ! C’est que l’offre a depuis longtemps dépassé la demande...
MISANTHROPIC RAGE - Gates No Longer Shut Godz Ov War Productions Style : Black Metal Origine : Pologne Sortie : 2016 Site Web : www.facebook.com/misanthropicrage
01. In A Blind Dimension / 02. Gates No Longer Shut / 03. The Redeemer / 04. Into The Crypt / 05. Niehodowlany / 06. Cross Hatred / 07. I Took The Fate In My Hands
Il y a quelque chose de beau et de fascinant dans la haine et la destruction, quelque chose qui vous tient en haleine alors que s'éteint sous vos yeux une créature. Oui, mais lorsque cette destruction et cette haine servent la construction de quelque chose d'autre qui pourrait permettre une avancée, la possibilité d'avoir un autre regard. Il faut déjà avoir une vue un peu plus avancée sur ce que pourrait devenir cette destruction et ne pas se fermer des portes.
Alors là, la transition est toute trouvée puisque figurez-vous que MISANTHROPIC RAGE est un duo Polonais qui, avec Gates No Longer Shut, compte bien se maintenir ouvert un maximum de portes, et de leurs cris de haine, essentiellement issus du Black Metal, se créé quelque chose d'avant-gardiste, ou en tout cas d'assez peu commun. Au niveau du style, vous l'aurez compris, si une base Black, et plus généralement Extreme Metal, se fait ressentir, régulièrement des leads de guitare tirés du mouvement Progressif font surface ("Gates No Longer Shut"), allant même jusqu'à insérer quelques bribes de Cold ou de Dark Wave ("In A Blind Dimension", "I Took The Fate In My Hands"), un chant clair parfaitement maitrisé (sur "Niehodowlany" on croirait entendre Messiah Marcolin de CANDLEMASS) et utilisé avec beaucoup de délicatesse nous illumine parfois l'horizon. Tout cela me rappelle les folles années d'ALASTIS par exemple, ce mélange et cette ouverture, d'EBONYLAKE ou d'OXYPLEGATZ, sans le délire symphonique, mais aussi et surtout le UNHOLY de l'album The Second Ring Of Power.
Pourtant, la cohérence de ce premier album frappe dès la première écoute, alors que les suivantes permettent de mieux se rendre compte du travail d'arrangement, une production plus cradingue sur "Niehodowlany" répond parfaitement au travail réalisé sur la voix d'"Into The Crypt" par exemple, de même cette dualité fonctionne sur un plan purement musical également, on passe de parties plus mélodiques à des blasts Black Metal avec une fluidité qui montre une certaine aisance et une maitrise de la musique de la part de ce duo qui sévit également au sein d'OBSOLENCE, un groupe de Post Metal qui a publié en 2017 son premier album.
Bien entendu, ce premier album s'adressera avant tout aux âmes sombres, celles qui se nourrissent du Black Metal car c'est bien la matière première de ce duo et MISANTHROPIC RAGE ne se cache pas derrière différents artifices issus d'autres mouvances ("Into The Crypt" et cette introduction que l'on croirait issue d'un album de MORBID ANGEL), le contenu est haineux, mais pas aux amateurs de violence gratuite, non celle qui vous ronge plutôt lentement et qui vous apaise par la même occasion. Voilà un groupe qui postule clairement au titre de découverte de l'année.
MR. BIG - Defying Gravity Frontiers Music Srl Style : Hard Rock Origine : États-Unis Sortie : 2017 Site Web : www.mrbigsite.com
01. Open Your Eyes / 02. Defying Gravity / 03. Everybody Needs A Little Trouble / 04. Damn I'm In Love Again / 05. Mean To Me / 06. Nothing Bad (About Feeling Good) / 07. Forever And Back / 08. She's All Coming Back To Me Now / 09. 1992 / 10. Nothing At All / 11. Be Kind
C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve une nouvelle sortie de MR. BIG, le groupe américain étant souvent synonyme d'une qualité certaine. L'association des musiciens, avec leurs talents respectifs, n'étant plus à prouver, et l'on sent bien qu'ils prennent toujours plaisir à jouer ensemble. En témoigne le clip sympa du single "Everybody Needs A Little Trouble" où même Pat Torpey, bien diminué par sa maladie, est heureux de participer.
Concernant le contenu de Defying Gravity, la qualité est une nouvelle fois là, avec un mieux par rapport aux deux précédents albums. En effet, l'album est beaucoup plus homogène et contient bien moins de titres dispensables que What If ou The Stories We Could Tell, faisant de ces derniers des œuvres quelque peu en demi-teinte. Bien sûr, il n'y a pas de surprise et aucune innovation, mais c'est très bien ainsi, tant que les compositions sont inspirées. Pourtant, il est vrai que l'ouvrant "Open Your Eyes" n'était pas forcément le plus évident à cet endroit, un peu étrange comme choix. Pas le plus efficace et encore moins le meilleur. Mais bon, "Defying Gravity" arrive avec son intro sympa et fait monter un peu la sauce de par sa construction plus captivante. Mais il faut attendre "Everybody Needs A Little Trouble" pour être davantage convaincu... c'est pourtant le genre de morceau mille fois entendu mais on se laisse prendre avec plaisir tant c'est 100 % efficace. Même constat pour "Damn I'm In Love Again", ritournelle acoustique entraînante, qui aurait sans aucun doute fait un carton quelques années en arrière. "Mean To Me" renoue avec le côté plus Hard de MR. BIG et continue d'enthousiasmer l'écoute... mélodie, riff, la voix divine d'Eric Martin, un peu d'esbroufe de Billy Sheehan annonçant le solo de Paul Gilbert... du grand MR. BIG quoi ! "Nothing Bad (About Feeling Good)", toute en sensibilité, calme le jeu mais reste une belle composition. "Forever And Back" reste étonnamment dans le même registre et du coup l'avis se rapproche de la piste précédente. "She's All Coming Back To Me Now" maintient ce rythme et l'on reste dans le mid-tempo, bien sans plus, il est temps de passer au suivant. "1992" relançant heureusement la machine avec encore du MR. BIG pur jus... un autre excellent moment. Par contre "Nothing At All" est peut-être, avec "Open Your Eyes", un des moins bon passages de Defying Gravity. Néanmoins rien de médiocre. "Be Kind" termine sur une note plus satisfaisante, avec ses chœurs "rétros" bien sympathiques.
Une nouveauté dans l'ensemble bien plaisante, et même si tout n'est pas parfait, on opte aisément pour se contenter de ça. Defying Gravity restant d'un niveau tout à fait honorable parmi beaucoup d'autres sorties. Cette pochette avec cet éléphant qui défie la gravité ressortira à coup sur des étagères d'ici quelques temps, et c'est bien une preuve de réussite. De plus, on ne se privera pas non plus d'une nouvelle occasion de revoir MR. BIG sur scène.
UNCHAINED - Chasing Shadows Autoproduction Style : Melodeath Origine : France Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/metalunchained
01. City Of Lights / 02. No Lessons Learned / 03. Conspiracy For Fools / 04. The Great Disease / 05. This Is Hell / 06. My Favorite Nightmare / 07. Black As Your Soul / 08. Book Of The Dead / 09. Let It Kill You / 10. Room 237
Cinq ans après Oncoming Chaos, les Niçois de UNCHAINED nous reviennent avec leur second album, Chasing Shadows. Pour ceux qui ont écouté leur précédente réalisation, il n'y aura pas de grande surprise, on retrouve ce Melodeath parsemé de touches Heavy et Thrash qui font partie intégrante de l'identité du combo. Toutefois là où l'opus précédent, à l'exception de quelques titres, pouvait encore sonner assez « générique » et peu original, cette nouvelle offrande semble bien plus inspirée, proposant des compos fort bien ficelées et relativement efficaces au rang desquelles on pourra retenir parmi les plus mémorables "Conspiracy For Fools", "The Great Disease", "My Favorite Nightmare", "Black As Your Soul" ou "Room 237" qui, de l'humble avis de votre serviteur, résument parfaitement les capacités et le style d'UNCHAINED. Si le niveau technique des musiciens n'est plus à prouver, il ne prend jamais le pas sur l'aspect direct et l'efficacité des compos ("My Favorite Nightmare"), n’hésitant pas à s'aventurer sur un territoire parfois plus « extrême » comme ça peut être le cas avec "Book Of The Dead" par exemple. Pour le reste, tout est carré, que ce soit au niveau des riffs, puissants et percutants, de la section rythmique, qui bétonne le tout, ou des growls de Pierre Jourdan-Gassin, jamais pris à défaut, tout est parfaitement maitrisé, Chasing Shadows marque clairement une progression pour UNCHAINED qui semble désormais s'affirmer, nous offrant là un album bien plus mature que ne pouvait l'être Oncoming Chaos. Les Niçois sont sur les bons rails, souhaitons qu'ils gardent le cap, car à l'écoute de ce nouvel essai, on se dit que le troisième album pourrait vraiment faire très mal...
EVADNE - A Mother Named Death Solitude Productions Style : Melodic Doom/Death Metal Origine : Espagne Sortie : 2017 Site Web : www.evadne.es
01. Abode Of Distress / 02. Scars That Bleed Again / 03. Morningstar Song / 04. Heirs Of Sorrow / 05. Colossal / 06. 88.6 / 07. Black Womb Of Light / 08. The Mourn Of The Oceans
Si l'Espagne n'est pas le pays le plus répandu pour sa production de groupes de Melodic Doom Death Metal, il ne faut cependant pas l'occulter totalement car depuis 2003, EVADNE revient assez régulièrement avec des albums de fort belle tenue. The Shortest Way, le deuxième album du groupe, avait retenu l'oreille attentive de votre serviteur mais les nouvelles du groupe se faisant rare, j'avais fini par imaginer qu'il était mort dans l'anonymat. Et ce n'est pas la sortie du EP deux ans plus tard, en 2014, Dethroned Of Light, qui pouvait laisser présager une lumière plus intense en provenance de Valence, avec un nouveau titre ("Colossal" que l'on retrouve d'ailleurs sur ce nouvel album) et trois ré-enregistrements d'anciens titres extraits de la démo et des deux premiers albums, cela sentait les fonds de tiroir comme ultime au revoir.
Mais voilà, le genre pratiqué par les Espagnols demande du temps à mettre en place, à structurer, à composer, avec un degré de finesse suffisant pour pouvoir sortir la tête de la masse. Alors, si au final on se dit que cet A Mother Named Death aurait très bien pu être un album d'OCTOBER TIDE, on reconnait surtout le goût de Solitude Productions, un Death Metal rampant très mélodique qui renvoie vers DRACONIAN, NOVEMBERS DOOM, DAYLIGHT DIES, SATURNUS et bien d'autres. Toutefois, des petits détails attirent l'oreille comme cette partie de basse sur "Scars That Bleed Again" et son ambiance qui renvoie aussi vers MY DYING BRIDE, ou ce chant clair sur "Adobe Of Distress" dont la ligne est immédiate mais finalement très addictive.
Il est évident que tout ici rappellera un autre groupe, un autre album, tant tout est codifié et bien balisé, mais on ne peut pas retirer à ce groupe ses capacités à faire bien ce dont on attend de lui, tout cela manque un peu de dynamisme, tout juste "Black Womb Of Light" en fin d'album et son blast tirant vers le Black Metal met un peu de peps dans tout cela, un riff un peu plus noir sur "Morningstar Song" qui contraste avec le chant clair plutôt réussi même si pas très original, mais pour le reste, c'est plutôt paisible, rampant dans une grisaille ambiante. A l'écoute de cet album, je ne peux m'empêcher de penser à MY LAMENT, un groupe Belge qui a récemment refait surface. C'est peut-être cette approche progressive et cette classe dans les parties de guitares leads qui m'évoquent cela car s'il y a bien un moment où la musique laisse une trace d'espoir c'est bien sur les leads de guitare qui rythment cet album.
A Mother Named Death retiendra donc l'attention des amateurs de douceurs sombres, celles qui rampent lentement dans le fond de votre crâne et qui vous accrochent sans que vous ne compreniez réellement pourquoi. EVADNE ne bouge pas d'un iota mais réussit toutefois à rester constant dans la qualité des compositions et d'enregistrement. Car si, en 2012, c'est Dan Swanö qui s'était chargé du mix et du mastering, là c'est à Madrid que cela a été fait pour un résultat tout à fait adéquat à l'univers du groupe. Tout juste, regrettera-t-on le traitement un peu trop clean de la batterie qui manque d'attaque dans les frappes de caisse, par contre, le traitement des voix est plutôt réussi, de même que les guitares. Si cet album n'est pas une surprise, ce n'est surtout pas une déception.
NARGAROTH - Era Of Threnody Inter Arma Productions Style : Black Metal Origine : Allemagne Sortie : 2017 Site Web : www.nargaroth.de
01. Dawn Of Epiphany / 02. Whither Goest Thou / 03. Conjunction Underneath The Alpha Weel / 04. ...As Orphans Drifting In A Desert Night / 05. The Agony Of A Dying Phoenix / 06. Epicedium To A Broken Dream / 07. Love Is A Dog From Hell / 08. Era Of Threnody / 09. TXFO / 10. My Eternal Grief, Anguish Neverending
Cela fait déjà huit ans que NARGAROTH n’a pas sorti d'album. Le dernier datant de 2009 (Jahreszeiten). Era Of Threnody nous arrive donc avec une cover soignée et propre, très sombre, représentant Laocoon, le fils du roi Priam et prêtre de Poséidon, et les deux serpents, présents dans le mythe antique. Voici donc une belle apologie de notre bonne vieille mythologie européenne.
Musicalement, cet album est noir, énergique et propre, les arrangements sont impeccables (un peu trop ?). Les mélodies pleuvent et les plans sont bien construits, avec les formules qui vont bien. Tout est clean... ce qui est plutôt embêtant pour du Black Metal. Finalement, c’est trop propre, la musique manque de magie, d’accroche et de décadence. On est très loin d’un Black Metal ist Krieg, même si le niveau technique a franchement évolué. "Dawn Of Epiphany", le premier titre de l’album, donne le ton : mélancolie profonde, voix féminine triste et sensuelle, arpège désespéré et assez prenant, même si on se croit un peu dans un resto italien avec un musicien qui nous joue la sérénade. Le titre est bien réussi et très appréciable. "Whither Goest Thou" est aussi accrocheur, avec des riffs bien trouvés. "The Agony Of A Dying Phoenix" est également magnifique. Ce morceau vous emporte réellement, la guitare est bien construite et mélodique, on retrouve des plans typiques du Black Metal, avec des blasts et des parties « mid-tempo », quelques soli un peu périmés nous prouvent que les nouveaux membres du groupe savent jouer. L’album se termine comme il a commencé : une froide mélancolie, un riff décharné et un tempo lent : "My Eternal Grief, Anguish Neverending" conclue dignement cet album ! Pas de doute, le riff final reste en tête !
Dès la première écoute, j’ai adoré cet album : mélodie, mélancolie, musique bien composée, propre... et pourtant ! Il m’a très vite lassé, malgré la beauté des morceaux. Je vous invite à vous faire votre propre opinion. Pour moi, cet album est tiré à quatre épingles, mais manque de relief, je n’ai pas franchement adhéré à ce qu’on me proposait, sans pouvoir réellement expliquer pourquoi. Je pense que les ficelles sont là, trop là ! C’est du Black Metal, parfois lent et déprimé, mais sans âme. D’autres diront certainement qu’ils ne sont pas d’accord... et que c’est un pur chef d’œuvre, ce que je pourrais comprendre. A écouter donc, pour se faire une idée.
WARFIST - Metal To The Bone Godz ov War Productions Style : Thrash/Black Metal Origine : Pologne Sortie : 2016 Site Web : www.facebook.com/warfisthorde
01. Pestilent Plague / 02. Written With Blood / 03. Covent Of Sin / 04. Tribe Of Lebus / 05. Breed Of War / 06. Metal To The Bone / 07. NecroVenom / 08. Playing God / 09. Reclaim The Crown
Tu as un T-Shirt BATHORY, une veste à patch, deux potes et plein de canettes de bière à liquider, et bien monte un groupe de Thrash Black Metal, tu bourrines une demie heure et c'est bon, à condition que tu utilises des pseudonymes improbable ! En effet, les groupes qui se disent nostalgiques d'une période des 80's sont légion et poussent comme des champignons et disparaissent aussitôt, seuls les vrais, les purs et durs survivent alors lorsque l'on voit WARFIST, originaire de Pologne, qui nous offre avec Metal To The Bone, leur deuxième album en treize années de se(r)vice, on se dit que là on n'est pas tombé sur des imposteurs.
Musicalement, il n'y a pas tromperie sur la marchandise, rythmiques en béton armé avec riffs de guitare frénétique, un chant craché comme dans le Thrash Metal mais le tout est bien mélangé à la crasse du Black Metal, un côté Punk et immédiat est également bien présent chez ces Polonais ("Covent Of Sin"). D'ailleurs le son de guitare est rempli d'aigu comme dans le Thrash des 80's et la basse est clairement mise en retrait pour un traitement à la DARKTHRONE, tout rentre bien dans les codes du style jusqu'à l'imagerie religieuse popularisée aux débuts de SLAYER qui est également là une référence indéniable, notamment par l'amour des leads de guitare bien marqués.
La première surprise de cet album arrive avec "Breed Of War" et ses chœurs lointains alors que le morceau se révèle être un petit condensé de Thrash où Pavulon, le batteur sur cette galette, s'en donne à cœur joie sur ses fûts. Pour le reste, pas de surprise à attendre, juste 9 titres de VENOM rencontrant DARKTHRONE, BATHORY, MOTORHEAD, SODOM et SLAYER joués par des passionnés qui ne sont pas là pour attendre une quelconque once de gloire, le genre d'album qui remet vos neurones en place sans prise de tête.
Si vous rentrez de vacances et que belle-maman, que vous avez déjà eu la gentillesse d'emmener (dans le coffre mais emmenée quand même la vieille !) vous a gavé avec sa musique qui lui rappelle sa jeunesse, genre ABBA, Claude François et autres en hurlant que ça c'était des artistes, racontant ses premiers émois ressentis en dansant avec de beaux jeunes hommes, qu'à l'époque elle séduisait bien des garçons, si si belle-maman a peut-être été attirante à un moment donné. Elle hurle donc, pensant que vous ne saisissez pas la subtile allusion à votre penchant metallique, glissez donc cet album de WARFIST dans la platine pour nettoyer le matériel, vos esgourdes et votre tête sans oublier d'imaginer que chaque coup sur les fûts symbolise un coup de presse hydraulique sur le crâne de belle-maman ! Vous voilà détendu et prêt à reprendre une activité normale, Metal To The Bone, c'est pas moi qui le dit !
En clair, WARFIST se pose en anti-stress naturel, un échappatoire un poil brutal mais c'est pas nous qui allons les en blâmer tout de même. Un album agréable et défoulant à défaut d'être totalement indispensable.
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