A PALE HORSE NAMED DEATH - When The World Becomes Undone
A PALE HORSE NAMED DEATH - When The World Becomes Undone
Long Branch Records
Style : Alternative Doom/Gothic Metal
Origine : États-Unis
Sortie : 2019
Site Web : www.apalehorsenameddeath.com
01. As It Begins / 02. When The World Becomes Undone / 03. Love The Ones You Hate / 04. Fell In My Hole / 05. Succumbing To The Event Horizon / 06. Vultures / 07. End Of Days / 08. The Woods / 09. We All Break Down / 10. Lay With The Wicked / 11. Splinters / 12. Dreams Of The End / 13. Closure
Avec les albums de A PALE HORSE NAMED DEATH, il y a toujours eu un temps d'assimilation assez long chez moi car derrière le côté « Pop » assumé, se cachent des choses bien plus vicieuses qui fait que ces albums gardent une cohérence dans le temps, d'où cette chronique un peu sur le tard...
On ne va pas revenir sur la composition de ce groupe si ce n'est pour préciser que c'est Joe William Taylor (ex-DORO, CYCLE OF PAIN) qui tient la deuxième guitare sur cet album, aux côtés des indéboulonnables Johnny Kelly à la batterie (ex-TYPE O NEGATIVE) et Sal Abruscato (ex-LIFE OF AGONY, ex-TYPE O NEGATIVE), groupe sur lequel les fans de TYPE O NEGATIVE gardent un œil attentif, et pour cause. Mais attention car les américains existent bien au-delà de l'ombre de Peter Steele, et ce troisième opus, When The World Becomes Undone, le confirme très largement sans pour autant marquer de rupture nette. Cela commence en douceur avec une plage d'introduction très calme "As It Begins" avant le morceau-titre et sa ligne vocale qui renvoie clairement vers le côté Folk mélancolique US d'un David Galas (tout comme le chant de l'excellent "We All Break Down"), déjà perceptible auparavant mais qui ressort là nettement par le phrasé imputé au chant tout en feeling. Le premier clin d’œil à TYPE O NEGATIVE ne tarde pas à pointer le bout de son nez avec cette ligne de basse introduisant "Love The Ones You Hate" rappelant étrangement le bassiste disparu, mais autour de cela, A PALE HORSE NAMED DEATH garde cet équilibre entre douceur dans le chant, avec une couleur mélancolique très forte et lourdeur, même si, sur cet album, elle est bien plus suggérée qu'auparavant.
Après une nouvelle pause ambiancée avec "Succumbing To The Event Horizon", déboule le très ALICE IN CHAINS, "Vultures", guitares sonnant comme des alarmes alors que le chant sature peu à peu, la mise en son est ultra soignée et colle parfaitement avec les paroles car oui c'est aussi pour ça qu'un album de ce groupe ne peut pas être jugé en une écoute, tous les détails ont leur importance avec ces gars là. L'imagerie du cheval décharné colle parfaitement à l'ambiance de ce groupe, c'est poisseux mais esthétiquement beau par moment. Mais ce "Vultures" renferme un autre clin d’œil appuyé à TYPE O NEGATIVE avec ce break typique qui précède un autre moment d'Alternative Metal tout en lourdeur, le son de ce groupe a beau renvoyer vers d'illustres influences, étant donné que Sal et Johnny ont participé aux deux plus grandes, à savoir TYPE O NEGATIVE et LIFE OF AGONY, difficile d'en être autrement de toute façon, on reconnaît immédiatement le son de cette mort lancinante, presque belle à voir. Car A PALE HORSE NAMED DEATH c'est ça, une belle femme très sexy marchant vers vous sous une lumière verte (autre ultime clin d’œil) hypnotisante mais qui se révèle être bien décharnée et poisseuse lorsqu'elle vous a dépassé et continue son chemin, ne laissant derrière elle que cette odeur de mort et de putréfaction nauséabonde. Les deux souvenirs opposés provoquent alors cette sensation de mal-être dans votre fort intérieur, un mal parfaitement retranscrit dans les paroles, celles de "We All Break Down" ajoutent un petit côté second degré que l'on reconnaît bien là : « See the children play - on a sunny day - they all look so beautiful. I can't say the same... See the old man pray - for a better day. He looks sad and lonely, I can say the same. »
Cette musique a un côté addictif qui résulte notamment des mélodies aux apparences Pop mais d'une noirceur infinie qui renvoie donc, comme expliqué plus haut, à la Dark Folk US, il y a du Neil Young, celui-là même qui a donné les titres les plus sombres à PEARL JAM par exemple, avec un faux côté bluesy également, bref une musique profondément ancrée dans la culture américaine si riche. Ce côté addictif tient également dans le fait que cet album, comme les deux précédents d'ailleurs, ne renferme aucun moment faible ! Intelligemment construit, cet album alterne les moments calmes avec les passages lourds et heavy, toujours avec ce chant mélancolique mais également mélodique, un équilibre parfaitement trouvé qui me fait dire que le groupe n'arrivera jamais à renouveler cela la prochaine fois, et cela fait déjà deux fois que les Américains me donnent tort, et j'en suis très heureux, je n'ose me prononcer pour la suite. Mais il semble que Sal Abruscato soit un être noir incapable de sortir un titre d'une mièvrerie qui ferait tourner la mayonnaise, car même lorsque l'on a la sensation qu'un titre penche un peu plus d'un côté, un élément, même parfois très bien caché mais essentiel, ramène l'équilibre à vos oreilles et cette fin d'album joue parfaitement avec ces codes. Guitares lourdes avec chant lancinant à la mélodie bien entrainante mais avec cet esprit psychédélique de part la répétition du chant (la fin de "Lay With The Wicked", de même que ce placement de mots en léger décalage avec le temps qui, sans, en ferait une ligne de chant pop) ou musique plus aérée avec une noirceur se dégageant de l'ambiance générale et en cela l'ultime "Dreams Of The End" file des frissons.
Si l'effet de surprise n'est plus présent, A PALE HORSE NAMED DEATH réussit à nous surprendre par sa capacité à proposer une recette renouvelée mais à la saveur au moins aussi bonne, et dire que le groupe sera en tournée européenne sans mettre les pieds en France et que les circonstances font que je ne peux me rendre à une date à l'étranger... Mais que faut-il donc pour que ce groupe foule notre sol, que faut-il donc ?
Chronique : Aymerick Painless