CALDERA - Centralia
Ancient Battle Records
Style : Instrumental Doom Metal
Origine : France
Sortie : 2015
Site Web : https://caldera666.bandcamp.com/
01. Centralia / 02. Garden Of Love (AMBER ASYLUM cover)
Si les sorties du quatuor Nancéen CALDERA sont rares, elles sont également précieuses car le groupe est extrêmement attentif à la qualité de ce qu’il propose (il suffit de voir ce dégradé sur la pochette !), c’est une des raisons qui expliquent ces délais entre chaque sorties. Pour cet EP Centralia, le groupe a battu des records mais a tenu bon pour proposer le vinyle qu’il désirait. En effet, ce deux titres n’est disponible qu’en vinyle tiré à 100 copies (ou en digital via Bandcamp mais propose une vraie évolution musicale par rapport aux deux premiers albums qui avaient déjà fait suffisamment de bruit à leur sortie pour que les observateurs de la scène placent de grands espoirs en ces Nancéens. Concentrons nous d’abord sur le visuel pour un résultat très sobre dans ses couleurs mais assez extraordinaire de par les détails, l’artwork en lui-même (ndlr. réalisé par Christophe Lacroix et Christin Georgel) tranche nettement avec ce que le groupe avait pour habitude de proposer, un dessin (déjà, c’est une belle évolution) où le blanc domine et qui retranscrit assez bien ce qu’est la ville de Centralia en Pennsylvanie aux Etats-Unis, évacuée dans les années 80 suite à un incendie déclenché en 1962 dans les mines de charbon qui se trouvent sous la ville et qui brule toujours aujourd’hui. On y trouve aujourd’hui une église qui semble toujours debout et qui est représentée sur la pochette de cet EP sur lequel un corbeau jette un œil, un dessin très fort en total corrélation avec la musique qui, elle aussi, est plus lumineuse que les albums précédents. Par la production déjà, les guitares sont mieux déterminées et surtout le tout sonne incroyablement organique et chaud, un comble lorsque l’on est envahit par la mélancolie qui s’en dégage. Cette face A qui porte la chanson titre se forge au sied d’une influence Progressive très nettement mise en valeur, il ne s’agit plus là uniquement de Doom mais bien d’autre chose, CALDERA a affiné son style pour en faire quelque chose de bien plus malsain sous ces traits plus lumineux et cela passe par les guitares dont les lignes mises en avant sont mélodiques, mélancoliques et posées mais bien supportées par des rythmiques grasses et lourdes comme le groupe avait l’habitude de nous en proposer (le travail sur le matériel et le son utilisé est assez incroyable). Tous les éléments se mettent lentement en place mais le titre reste d’une incroyable fluidité par de petits arrangements qui s’imbriquent au fur et à mesure et qui donne cette structure mouvante progressant comme l’incendie de Centralia, lentement mais surement. Sur la face B, on retrouve une réinterprétation du titre "Garden Of Love", un titre original d’AMBER ASYLUM paru sur Still Point (2007), un groupe de Folk Post-Rock Américain. CALDERA l’a assez librement réinterprété en gardant les mélodies de base et en enlevant le chant bien entendu et si on est également saisi par la mélancolie qui s’en dégage, l’original vous prend encore plus aux tripes, c’est peut-être là le seul petit bémol à cet EP, le chemin emprunté pour reprendre ce titre tout de même assez obscur et que beaucoup découvriront par cet intermédiaire, mais ce n’est là qu’un sentiment tout à fait personnel et pas du tout objectif, il aurait été intéressant de voir CALDERA évoluer dans une sphère moins saturée pour voir ce qu’il pouvait en ressortir, un autre jour peut-être et c’est là un chipotage car ce "Garden Of Love" reste d’excellente facture. Ces deux titres permettront au public de renouer avec ce groupe si particulier qui a monté sa propre structure, Ancient Battle Records, pour l’occasion, signe d’une réelle volonté du groupe de contrôler tous les aspects qui touchent au groupe. CALDERA pratique un art là où d’autres se contentent de faire de la musique, c’est la raison pour laquelle l’acquisition du vinyle n’est sans commune mesure comparable à son pendant digital. Et bien d’autres surprises se sont glissées à l’intérieur de cette pochette pour le plus curieux, un EP immanquable pour ceux qui aiment le Doom Metal mais pas uniquement puisque l’histoire de Centralia a également donné naissance au jeu Silent Hill, si vous cherchez une bande son, cet EP est tout indiqué ! Voici LE retour que l’on attendait plus.
Chronique : Aymerick Painless