01. O Come, O Come, Emmanuel / 02. Together / 03. We Three Kings / 04. Deck The Halls / 05. Pie Jesu / 06. Amazing Grace / 07. O Tannenbaum / 08. Have Yourself A Merry Little Christmas / 09. God Rest Ye / 10. Feliz Navidad / 11. What Child Is This / 12. We Wish You A Merry Christmas
From The Spirits And Ghosts est la dernière livraison en date de TARJA. Attention, point de Metal ici : pas l'ombre d'une corde électrique, ni de section rythmique torride. Juste des orchestrations qui font penser à la bande son d'un film (la référence à Tim Burton semble correcte pour définir l'ambiance un peu glauque et malsaine de l'opus). Et la voix de TARJA... qu'elle est belle ! Elle ne se fait pas trop lyrique, mais sait en revanche se faire inquiétante et mystérieuse. Les thèmes de Noël évoqués ici sont rendus en version film d'horreur plutôt que comédie naïve. Bon, les enfants peuvent rester, ils ne vont pas faire de cauchemars. Il n'est pas question d'horreurs sanglantes, mais plutôt d'atmosphères sombres et humides de froides nuits d'hiver (normal après tout, Noël n'est pas en été dans notre hémisphère).
Cet album pourra décevoir les plus métalliques d'entre vous, mais ne décevra pas les amateurs de la voix de la belle (mais si, elle est encore bien jolie notre finlandaise !). Le seul reproche qui peut être fait est que cet album pourra être ressenti comme trop linéaire (les moins critiques diront homogène) car on y retrouve les mêmes ambiances sur chaque titre. Il faut davantage considérer ce From Spirits And Ghosts comme une parenthèse (une expérimentation) dans la carrière de TARJA. Un peu comme The Life And Times Of Scrooge l'est pour son ancien complice Tuomas Holopainen. En tout cas, voici un album tout à fait digne d'intérêt pour ceux qui aiment vraiment la voix de TARJA.
Toute la scène Black Metal Suédoise semble tourner autour de deux entités, le groupe CURSED 13 dont les membres sont partie prenante dans bon nombre de groupes de qualité du pays nordique, et Magnus Devo Anderson qui produit un peu tout ce qui sort en ce moment, mais pour le cas de DOMGÅRD ça n'a pas grand chose à voir... DOMGÅRD c'est 4 mecs qui pratiquent un Black Metal des plus traditionnels, qui nait en 1997 mais qui a un premier coup d'arrêt de taille puisque 3 des 4 membres du groupe ont été condamnés à 5 années de prison suite à l'incendie d'une église. Aujourd'hui, seul Vidkall, le guitariste du groupe, a continué le combat à travers ce groupe de Black Metal dont l'esprit des 90's est plus que présent. Après de multiples changements de line-up, la carrière du groupe démarre réellement en 2009 jusqu'en 2013 où de nouveaux changements de line-up affectent l'avancée de DOMGÅRD pour 4 années de silence avant cet Ödelagt, nouvel album sur un nouveau label, le solide Carnal Records, qui abrite également tout ce que le Black Metal peut faire de meilleur en ce moment.
Les Suédois vont cependant avec ce nouvel album nous montrer une capacité à proposer une production plus solide, loin du son très petit et faiblard des débuts et qui était encore vrai sur le dernier album en date du groupe, Myrkviðr (2003), tout en restant dans un esprit très proche des 90's. Tout d'abord le groupe s'appuie sur plusieurs piliers du Black Metal, à savoir une voix cradingue où la réverb' règne sans partage, des claviers discrets mais porteur de l'ambiance caractéristique du style, des oscillations entre le Black Metal enraciné dans les tendances Thrash et le Black Metal Ambiant, voire même mélodique parfois.
Pour le premier pilier, la production et la mise en son, si la voix est assez standard, elle n'en est pas moins habitée. Si c'est la voix Black classique qui domine les débats, on se surprend à entendre des voix claires typées Pagan qui nous renvoient vers l'excellent Bloodhemn d'ENSLAVED, parfaitement utilisées, ni trop présentes, ni trop peu, ce type de chant ne glisse jamais non plus dans le grandiloquent, deux ou trois voix pas plus, cela reste à la taille du groupe, d'autant plus que le chant semble se partager entre plusieurs membres, et cela reste plutôt minimaliste dans l'approche. "Minimaliste", voilà un adjectif qui va bien à l'esprit de DOMGÅRD, mais attention, minimaliste ne signifie pas simpliste, et ça, les Suédois l'ont très bien intégré au regard de cette production parfaitement minimaliste où les claviers sont bien mieux intégrés, là où ils étaient très en avant sur les précédentes productions, ils ne sont pas systématiquement utilisés et sont contenus à un rôle de soutien aux mélodies de guitare qui peuvent paraître manquer de noir parfois, mais c'est là l'esprit de ce Black Metal du siècle dernier qui tirait plus sur le Pagan Black Metal que le Raw Black Metal.
Pour le deuxième pilier, plus purement stylistique, on navigue donc entre Black ambiant où une certaine mélancolie grise règne et un Thrash Black Metal bien crasseux et direct qui amène forcément l'auditeur à secouer la tête ("Töckenhöljt"). C'est d'ailleurs une sorte de voyage que DOMGÅRD a construit musicalement, après un début assez épique, renfermant quelques bons passages directs ("Svartdjupets Lockelse", "I Geirröds Hall"), l'ambiance glisse doucement vers un Black Metal plus atmosphérique, comme vers la fin des 90's avec la mise sur le devant de la scène de BORKNAGAR, WATAIN, LORD BELIAL ou EMPEROR. D'ailleurs comment ne pas penser à ce dernier groupe à l'écoute de "I Geirröds Hall", les intentions et influences communes sont très révélatrices d'une époque que les groupes de Black Metal actuels ont un peu perdu de vue. L'esprit Pagan est introduit dans cet album par le titre "Aldar Røkkr", une sorte de transition qui nous éloigne des riffs et rythmiques épileptiques typiquement Black Metal pour privilégier une ambiance plus aérienne qui va se poursuivre sur la suite de l'album jusqu'à déboucher sur l'épique "Förgånget".
Mais avant ce bloc de 16 minutes impressionnantes clôturant l'album, l'esprit Pagan du Black Metal des Suédois va ressurgir le temps d'un "Kynjagaldr" qui rappelle ENSLAVED ou même LORD BELIAL par son côté mélodique, et la chanson titre renvoyant encore et toujours vers cette alternance d'ambiance et de Black Metal catchy et direct. On pourra simplement regretter la longueur de la dernière plage "Ødhe Vi" qui n'apporte pas grand chose de plus, de même la longueur générale de l'album, car si il est difficile de pointer du doigt un titre en particulier, c'est l'impression générale de longueur qui ressort, peut être qu'en proposant 9 ou 10 titres, cela aurait permis d'être plus concis et de proposer du matériel peu de temps après cet album. D'autant plus que ce fameux "Förgånget" permet déjà cette redescente et, pour le coup, l'ajout de "Ødhe Vi" derrière fait trainer en longueur inutilement ce moment de mélancolie proche du Depressive Black Metal. Ödelagt n'est encore pas parfait mais il peut avoir les défauts de ses qualités, c'est à dire que ce n'est pas forcément très original, mais c'est aussi ce qui peut séduire, l'amour d'un héritage Black Metal issu d'une période où le style musical était dépassé par sa conduite de vie, un passé sulfureux que les groupes ont cru bon de délaisser mais qui semble renaître avec force. La production de la batterie n'est également pas la plus puissante qui soit mais cela répond à un standard où la batterie sonne en fond de pièce et la basse est pratiquement absente du mix sauf lorsque ses fréquences doivent prendre le lead dans le son général. Cet album n'est pas parfait mais il est l'image d'un style qui a rejoint une certaine forme d'underground aujourd'hui pour mieux se recentrer sur ses fondamentaux, des ingrédients que DOMGÅRD a parfaitement digéré. Ce nouvel album est clairement le plus réussi de la discographie des Suédois, et c'est bien par celui-ci qu'il faut entrer dans le monde de ce groupe enfin à la hauteur de sa réputation et même de l'adoration que la vieille garde du Black Metal peut porter à ce quatuor.
MONOLITH CULT - Gospel Of Despair Transcending Records Style : Doom Metal Origine : Royaume-Uni Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/Monolith-Cult
01. Disconnection Syndrome / 02. The Gospel Of Despair / 03. Kings Of All That's Lost / 04. Chothia In Memorium / 05. Sympathy For The Living / 06. Complicit In Your Own Abuse / 07. Death Means Nothing
Si, comme moi, vous vous languissez en attendant le nouvel album des Anglais de SOLSTICE, voici un de ses disciples, MONOLITH CULT, au sein duquel œuvre Izak Gloom à la basse et l'ex-guitariste Lee Grind. Ce groupe publie avec Gospel Of Despair leur deuxième album, qui fait suite à Run From The Light publié en 2013. Entre temps, le groupe a du gérer plusieurs départs de batteur puisque après le départ de Damo Clarke, c'est David Allen qui prend la suite en 2015 et 2016 pour finalement laisser la place à Dan Mullins (ex-BAL SAGOTH, ex-MY DYING BRIDE) qui assure le rôle sur ce deuxième album avant un retour de l'enfant prodige, Damo Clarke, au sein de la famille. Bref, les années défilent vite et MONOLITH CULT redonne donc enfin des signes de vie.
Au niveau du style, un groupe comme WORLD BELOW peut très largement être cité pour situer le propos, même si les inévitables CANDLEMASS ("The Gospel Of Despair" et "Kings Of All That's Lost") et BLACK SABBATH, période Dio, ne sont jamais bien loin. Bry Outlaw, au chant, assure des parties très typées Heavy Metal, sans envolées lyriques, mais très mélodiques, avec ce grain de puissance en arrière plan. Côté musical, c'est donc une volonté de sonner Heavy, gros et lourd, qui domine, le grain de guitare est chargé en gras, l'accordage est bas sans atteindre les profondeurs obscures non plus, un bon compromis entre lourdeur et mélodicité Heavy tant recherchée. La batterie est plutôt classique, pas vraiment de coup d'éclat de la part de l'expérimenté Dan Mullins, même si on peut reconnaitre le jeu sur les toms inhérent à MY DYING BRIDE, groupe au sein duquel il a joué sur For Lies I Sire en 2009.
Pour autant, MONOLITH CULT n'en oublie pas d'être efficace, et dans ce domaine l'approche de nos Anglais peut rappeler les excellents ARGUS également, au niveau du chant aussi d'ailleurs. Oscillant entre 6 et 8 minutes, le groupe n'étire pas inutilement les morceaux, n'hésitant pas à titiller les oreilles des Doomsters les plus prudes avec quelques moments de cavalcade, à l'instar d'un "Sympathy For The Living" qui renferme également quelques parties de guitare subtilement doublées (tout comme sur la fin de l'excellent "Death Means Nothing") où l'apport de la basse est assez impressionnant, tout autant qu'il est important à la dynamique et à la qualité du morceau. Si, comme bien souvent dans le style, l'impression de déjà entendu peut dominer au premier abord, la qualité d'écriture des morceaux prend très vite le dessus. Pour ceux qui ont lâchés CANDLEMASS et la qualité médiocre des dernières sorties, voici un groupe qui pourrait se révéler bien plus qu'une simple substitution, il y a une personnalité forte qui amène MONOLITH CULT à explorer d'autres terres que ces longs riffs lancinants typiquement écrits par Leif Edling même si le parallèle avec les débuts des Suédois de CANDLEMASS (période Nightfall par exemple) est clairement une inspiration majeure de ces Anglais.
IXION - Return Finisterian Dead End Style : Atmospheric Doom Metal Origine : France Sortie : 2017 Site Web : www.ixiondoom.com
01. Out Of The Dark / 02. Into Her Light / 03. Hanging In The sky / 04. Back Home / 05. The Ocean / 06. Contact / 07. World Of Silence / 08. Stranger / 09. The Dive (Fade To Blue part 2)
Groupe à l'univers bien particulier, IXION pratique un Doom atmosphérique capable de transporter l'auditeur dans une dimension quasi stellaire, et ce Return, troisième album du combo breton, ne déroge pas à la règle. Dès "Out Of The Dark", c'est à un véritable voyage musical auquel nous sommes conviés. Lancinant, mélancolique et planant, ce Return, aux atmosphères que l'on peut qualifier d'hypnotiques et relaxantes, nous entraine peu à peu vers la lumière ("Hanging In The Sky"). Enrichissant sa musique de nouvelles sonorités empruntées au Post-Rock ou à la Cold Folk, IXION nous délivre un album tout en finesse et subtilité qui pourra, de par sa richesse, nécessiter quelques écoutes répétées pour en capter la substantifique moelle, mais une fois apprivoisée cette œuvre, belle et envoutante ("The Ocean"), se révèlera enfin à vous pour un bonheur d'écoute sans cesse renouvelé ("Into Her Light", "Stranger") vous emmenant à chaque fois un peu plus loin, et ce sera encore plus vrai si vous vous placez dans des conditions adéquates, à savoir au calme et une écoute au casque, révélant encore un peu plus tout le soin et la délicatesse qui ont été apporté à ce Doom lumineux absolument majestueux... Du grand art de la part d'un groupe au top de l'inspiration !
OPPOSING MOTION - Inertia Lion Music Style : Progressive Metal Origine : Royaume-Uni/France Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/opposingmotion
01. Endless Ripples / 02. Inertia / 03. The Ghost Tapestry / 04. New Heaven / 05. Machines Of War / 06. Southern Lights / 07. Windows To The Past / 08. Optical Illision / 09. Mirror Image / 10. Nothing Stays The Same / 11. Across The Oceans Of Sand
Il est facile de tomber dans le piège : lorsque l’on découvre une formation française dotée d’un grand potentiel, l’envie nous prend forcément de déclarer, parfois un peu à la hâte, qu’elle « n’a rien à envier aux pointures internationales »... Cela tombe bien : OPPOSING MOTION est plutôt franco-britannique, et nous avions suivi avec grand intérêt sa progression avec le EP The Illustration (2010), puis un Laws Of Motion (2013) prometteur mais marqué par une production modeste. Ne prenons pas de détours : Inertia surpasse son prédécesseur, et de loin. C’est particulièrement frappant en ce qui concerne la production, beaucoup plus claire et ample. Nous regrettions le manque d’accroche du disque précédent, eh bien soit ! OPPOSING MOTION a également entendu nos doléances à ce niveau en offrant beaucoup plus de repères mélodiques à l’auditeur, embarquant ce dernier avec panache dès "Endless Ripples" et lui offrant par la suite un voyage contrasté et prenant (la semi-ballade "Nothing Stays The Same", le plus direct "Southern Lights"). Voilà qui aide à « digérer » la longueur conséquente de cet opus, qui affiche tout de même 20 minutes de plus que son grand frère ! Mais revenons à son contenu, dont le point d’orgue est atteint lors d’un épique "Machines Of War" qui évoque à votre serviteur le ANGRA de Rebirth (un compliment à mes yeux, si si !). La deuxième moitié du disque dévoile quelques morceaux légèrement moins marquants (question de goûts…) mais non moins soignés, avant un final grandiose sur "Across The Oceans Of Sands", qui offre un gros travail sur les atmosphères. Cependant, un peu comme l’avait montré "The Fallen Opera" sur l’album précédent, les formats plus compacts me semblent mettre davantage en valeur le potentiel d’OPPOSING MOTION, d’autant que la fin du morceau est encore une fois un peu soudaine. Dans un tel contexte, on vous épargnera l’affront de développer à propos des qualités techniques des musiciens, mais on remarque une grosse performance de la part de Ludo Desa, dont le chant se montre plus varié, offrant même une intervention plus théâtrale sur le morceau-fleuve précité. Bien sûr, il serait injuste à l’égard de ses comparses de dire que le vocaliste est celui qui tire son épingle du jeu. Écoutez, pour vous en convaincre, les parties guitare hallucinantes de Joe McGurk ! Bien sûr, la tendance dans le progressif est au dépouillement et certains râleurs trouveront la folie instrumentale déployée sur Inertia un brin datée mais, pour le profane que je suis, cela reste en totale adéquation avec une certaine vision du style qu’il n’y a aucune raison valable de voir disparaitre. Réjouissons-nous plutôt de voir OPPOSING MOTION conserver un rythme de progression aussi soutenu et affirmer encore plus son style. Si justice il y a, Inertia fera parler du groupe, mais peu importe finalement, nous savons déjà l’essentiel : en toute objectivité, OPPOSING MOTION n’a rien à envier aux pointures internationales !
REVOLUTION SAINTS - Light In The Dark Frontiers Music Srl Style : Hard Rock/FM Origine : États-Unis Sortie : 2017 Site Web : www.revolutionsaints.com
01. Light In The Dark / 02. Freedom / 03. Ride On / 04. I Wouldn’t Change A Thing / 05. Don’t Surrender / 06. Take You Down / 07. The Storm Inside / 08. Can’t Run Away From Love / 09. Running On The Edge / 10. Another Chance / 11. Falling Apart
Deuxième album pour REVOLUTION SAINTS, cet énième supergroupe orchestré par la maison Frontiers. Et ma foi, si l'on ne peut pas dire la même chose de tous les projets du même genre, celui-là passe plutôt bien la rampe. Ce trio composé de Jack Blades, Doug Aldrich et Deen Castronovo pour la batterie et les vocaux faisant bien sûr penser à JOURNEY.
Light In The Dark est un album énergique et mélodique comme on aimerait en entendre bien plus souvent. L'inspiration est d'ailleurs certainement un cran au dessus par rapport à l'album éponyme, avec des compositions un brin moins marquantes. Pas de titres réellement dispensables ici, à commencer par le premier extrait qui démarre l'album et lui donne aussi son nom...
"Light In The Dark", à l'intro de Doug Aldrich façon WHITESNAKE, est un hit FM en puissance, certes sans grande originalité mais efficace. "Freedom", dans un style plus atmosphérique, est assez surprenant à cette position, mais demeure une bien belle surprise tant il tient vraiment la comparaison avec les plus grands morceaux de JOURNEY. "Ride On" repart sur un rythme des plus soutenu avec encore un Doug Aldrich se rappelant bien de son passage au sein du groupe à David Coverdale. La ballade arrive, en fait il y en aura deux, et "I Wouldn't Change A Thing" est sûrement la plus réussie ... plus JOURNEY que ça, difficile. "Don't Surrender" déboule et nous remet bien sur les rails pour ce qui est sans doute une des meilleures compositions de l'album. "Take You Down", très riche en riff aussi, reste un poil en dessous, faute à un refrain plus convenu, en étant loin d'être inécoutable cependant. "The Storm Inside" est encore une belle réussite mélodique, imparable avec ses couplets impeccables. La deuxième ballade "Can't Run Away From Love" est peut-être un brin en dessous de la première mais reste inspirée... beaucoup de groupes la voudrait à leur répertoire, c'est sûr ! "Running On The Edge" rameute les troupes, encore une réussite... quant à "Another Chance", on jurerait entendre par endroits l'excellent TRIUMPH. On termine par le plus ambiancé "Falling Apart" et ses claviers purement années 80 mais rappelant de bons souvenirs.
Encore une fois, en guise de conclusion, pas grand chose à jeter sur ce deuxième essai qui mérite vraiment une écoute plus qu'attentive. REVOLUTION SAINTS pouvant se targuer d'avoir réalisé un album de très bonne facture.
VIRGIL - Initium M&O Music Style : Deathcore Origine : France Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/virgil.metal
01. Initium / 02. Plague / 03. Fall From Grace / 04. Sanctuary
« Pour les fans de Thy Art Is Murder / Behemoth et The Black Dahlia Murder », voilà une phrase d'accroche qui ne me donne pas du tout envie de me pencher sur le destin des nordistes de VIRGIL, et pourtant j'insère tout de même la galette 4 titres ici proposée, à savoir le premier EP du groupe, Initium, qui signifie « prémices », un titre fort à propos ! Allez savoir pourquoi, quelque chose m'attire avec cet artwork n'en dévoilant pas trop sur les intentions du groupe, et d'ailleurs sans cette phrase de présentation, difficile de dire au premier coup d’œil que ce groupe pratique un Deathcore bien teinté d'un esprit Black à la... BEHEMOTH.
Car oui, les gars ne se sont pas trompés sur les influences qui marquent ces 4 premiers titres, la voix rappelle beaucoup celle de Nergal (BEHEMOTH), les guitares, elles, sonnent clairement Deathcore, et puis il y a ce brin de mélodie sous-jacent qui n'est pas sans rappeler THE BLACK DAHLIA MURDER et toute cette vague qui navigue entre les eaux de la brutalité et de la mélodie. Et là où ces groupes manquent, pour mes goûts, de puissance noire comme le Death et le Black en véhicule habituellement, VIRGIL risque de surprendre par cette atmosphère assez pesante, une rythmique plombée ("Sanctuary") avec des leads de guitare plus lumineux, quelques nappes de claviers ambiantes viennent même les appuyer. Par contre, là où on reconnait l'esprit Deathcore, c'est par le côté propre de la production, c'est clair et net, rien ne dépasse (ce "Fall From Grace" est parlant dans ce domaine) à tel point que la batterie peut manquer de présence sur les blasts ("Plague"), ça manque un peu de vie et toute la dynamique vient de la guitare et ses changements de tempo et d'ambiance.
Toutefois, on reconnait à ce groupe une vraie qualité, loin des classiques parties de rythmique sans âme, VIRGIL nous envoie une version bandante du Deathcore, j'ose à peine imaginer le bordel en live, un titre comme "Sanctuary" avec cette mélodie dans le lead également suggérée par le chant toujours aussi écorché et comme une confirmation, c'est sur ce titre que la batterie se fait la plus directe et percutante, dans le jeu d'Aurélien également.
Le groupe s'est formé en 2016, la collaboration est encore jeune mais à l'écoute de cet Initium, elle est prometteuse et surtout déjà très en place et fluide. Alors, on ne va pas crier au génie, mais VIRGIL est un groupe à surveiller car sachant éveiller l'envie même dans l'esprit d'un gars peu enclin à secouer la tête sur du Death moderne comme je le suis.
NEPHREN-KA - La Grande Guerre De L'Epice Dolorem Records Style : Brutal Death Metal Origine : France Sortie : 2017 Site Web : www.facebook.com/nephrenkaband
01. Watch And Learn / 02. Plan To Master The Universe / 03. The Demise Of Ix / 04. Proditoris Gloriosa Finis / 05. Idar Fen Adijica / 06. New Melange For The Real God / 07. The Great Spice War / 08. Fenring's Test / 09. From High Hopes To The Failure Complete / 10. Mirror Mirror (Candlemass cover)
Après deux premiers albums plutôt remarqués, les français de NEPHREN-KA continuent de s'attaquer à un monument de la littérature de science-fiction avec l'univers de Dune de l'américain Franck Herbert, un challenge qui mène le groupe à s'exprimer sur La Grande Guerre de L'Epice, bataille issue de cette œuvre, pour la conquête de l'Epice, un stimulant très puissant, très rare.
Voilà pour le décor, et si cela se passe dans plus de 8000 ans, le parallèle avec ce que nous vivons en ce moment est tout trouvé, que ce soit au niveau mondial ou personnel, la culture de la gagne et l'esprit guerrier qui anime l'humanité nous amène à avoir des comportements et faire des choses assez troublantes ! Musicalement, avec NEPHREN-KA, ce qui est troublant, c'est plutôt la production petite et assez brouillonne étant donné le style, mais ceci n'a rien d'irrévocable. Certes, la batterie est sèche et ne prend que peu d'ampleur, le chant est typé Brutal Death Metal, le tout est bien chargé de basse, enfin l'héritage de HATE ETERNAL ou ORIGIN est bien respecté mais le son de guitare, beaucoup moins sec et tirant plus sur un IMMOLATION, pourra surprendre pour finalement y trouver un charme certain, c'est cet esprit qui tire vers le Black Metal que les français ont voulu conserver et sur ce point, on pourrait les rapprocher de NILE par exemple.
Une fois que l'on a dit ça, pas grand chose ne devrait surprendre les amateurs du style mais de très bons moments comme ce "New Melange For The Real God" qui fait preuve d'une noirceur assez brutale, une ambiance particulière se dégage de ces leads de guitare moins rythmique que ce que le début d'album pouvait nous proposer jusque là. Même le chant y est particulier sur sa partie centrale, on se rapproche là d'un MORBID ANGEL, une façon de rappeler que NEPHREN-KA ce n'est pas seulement un fervent défenseur de la deuxième vague du Death Metal, mais aussi de la première avec DEICIDE ou IMMOLATION. Autre titre marquant, ce "The Great Spice War" d'une brutalité maitrisée qui fait preuve d'une structure moins typée Brutal Death Metal et qui, comme tous les autres titres d'ailleurs, mélange l'expression en français et en anglais, une nouveauté dans la musique du groupe pour un résultat plus que convaincant. Tout comme pour le Black Metal, l'identité du français semble tenir à cœur de plus en plus de nos artistes Metalleux de l'extrême, on sait que ce n'est plus une barrière pour s'exporter, alors les groupes n'hésitent plus et lorsque c'est bien fait comme pour NEPHREN-KA, on ne peut qu'encourager l'initiative.
Après huit titres d'une intensité sans faille, "From High Hopes To The Failure Complete" offre la seule plage de repos avec cette introduction ambiante qui va très vite laisser place à une structure Brutal Death Metal bien classique, comme pour finir en brutalité basique avant ce qui constitue la surprise, cette reprise du "Mirror Mirror" de CANDLEMASS. On n'imagine pas forcément que les Suédois fassent partie de l'univers de NEPHREN-KA mais la transformation du titre par le quatuor va leur donner raison si ce n'est la partie centrale avec les solos qui sont là exempt de l'âme qui habite le reste du morceau, dommage !
Ce troisième album de NEPHREN-KA permet au groupe de passer un palier, une progression nette avec le deuxième album, une affirmation de l'identité du groupe pour un Brutal Death Metal qui s'appuie sur un concept et une musicalité solide, le groupe ne fait pas que dans la rythmique et cela donne à La Grande Guerre De L'Epice une noirceur qui colle parfaitement à l'artwork de cet album.
ANNIHILATOR - For The Demented Neverland Music / Silver Lining Music Style : Thrash Metal Origine : Canada Sortie : 2017 Site Web : www.annihilatormetal.com
01. Twisted Lobotomy / 02. One To Kill / 03. For The Demented / 04. Pieces Of You / 05. The Demon You Know / 06. Phantom Asylum / 07. Altering The Altar / 08. The Way / 09. Dark / 10. Not All There
Acteur aussi réputé que maudit de la scène Thrash Metal, Jeff Waters avait cru avoir mis sur les bons rails son ANNIHILATOR avec Joe Comeau au chant au début des années 2000 et un certain Randy Black à la batterie, redonnant à son groupe le sens du mot Thrash, puis, la malédiction étant toujours active sur les Canadiens, le gratteux et chanteur occasionnel recrute Dave Padden, un guitariste-chanteur au talent incroyable qui permet à la tête pensante qu'est Jeff de laisser divaguer son esprit créatif sur All For You et Schizo Deluxe notamment. Une nouvelle fois, Jeff Waters est obligé de remonter un line-up complet autour de lui en 2015 et il finit par s'acoquiner avec un guitariste de 30 ans, un bassiste de 28 et un batteur de 24 ans, inutile de retenir les noms, à la vitesse où ça va(lse). Avec ce nouveau groupe, Jeff Waters sort cette année For The Demented, le seizième album d'une carrière bien remplie avec les succès que l'on connait et les années de vache maigre dont l'homme se souvient que trop bien pour refaire les mêmes erreurs (Remains - 1997).
La qualité de guitariste de Jeff Waters n'est plus à démontrer, ses qualités de chanteur elles, se sont développées avec les années et c'est bien lui qui opère sur ce nouvel opus qui enquille après un Suicide Society (2015) plutôt bien accueilli. D'ailleurs, le début d'album est fait pour rassurer les fans, "Twisted Lobotomy" et "One To Kill" sont du ANNIHILATOR pur jus et si le deuxième titre est d'une efficacité aussi équivalente à son classicisme, le premier montre déjà un léger défaut dans son break central un peu long et qui finit par montrer quelques signes de faiblesse, bref ! On passe facilement cela à Jeff Waters. Avec "For The Demented", le Canadien opte pour un chant mélodique qui n'est pas forcément son point fort, on obtient là un titre sympathique mais qui ne tire pas l'album vers le haut... du coup pourquoi donner ce titre à l'album ?
Mais ce n'est pas la dernière surprise du groupe sur ce For The Demented, car derrière voici "Pieces Of You", une sorte de Power Ballad où l'esprit de "The Unforgiven" vient trainer en arrière plan, et c'est un petit peu ce que l'on peut reprocher à ANNIHILATOR, sa tendance à trop se rapprocher de San Francisco, car si le clin d’œil aux Four Horsemen est plutôt sympathique, avec "The Demon You Know", on a carrément l'impression d'entendre MEGADETH, chant à la Dave Mustaine, c'est à dire grogné sur fond de basse / batterie avec un refrain parfaitement Mustainien, une tendance que l'on pouvait aussi percevoir sur "Twisted Lobotomy", c'est rapide mais il manque ce supplément d'âme comme le MEGADETH récent. Et c'est avec "Phantom Asylum" que la surprise, la bonne, va arriver, Jeff Waters y ajoute d'autres effets à sa guitare qui colore un peu ce titre à l'ambiance particulière, on a parfois l'impression d'une bande son d'un western avant d'être propulsé dans quelque chose de plus récent, comme si les saloons ré-ouvraient en 2017, voyez le tableau ! Et ça ne se calme pas avec "Altering The Altar", heureusement les solos de Jeff Waters sont reconnaissables entre mille et nous rappellent que c'est bien ANNIHILATOR qui nous prend à contre-pieds.
Normalement, vous me l'accorderez, là-dessus, Jeff Waters aurait du revenir à quelque chose de plus traditionnel, de plus habituel, de plus attendu, mais c'est "The Way" qui déboule, un titre direct à l'esprit presque Punk, à tel point que l'on croirait entendre une reprise... soit, tant qu'à surprendre autant y aller à fond ! Mais ce n'est franchement pas une mauvaise chose, le reste est tellement propre qu'un peu de saleté soulage presque, on connait le goût du guitariste pour les solos bien propres avec des fins bien brutes alors là ça bave, ça suinte, ça change ! Et comme pour bien marquer la cassure, "Dark", un interlude comme ANNIHILATOR sait en produire, assure la jonction avec un "Not All There" revenant à des bases plus Thrash Metal et plus conventionnelles pour le groupe, mais avec un chant plus posé, là aussi comme celui vers lequel Dave Mustaine a pu s'orienter, un refrain avec beaucoup de réverb', une cassure Funk, des refrains bien Heavy Thrash, le melting-pot final débouche sur un passage aérien où la voix de Jeff Waters est noyée dans les effets comme pour la rendre plus douce, une chose est sure, l'homme n'a pas joué la carte de la facilité.
Car, oui, si Jeff Waters n'a pas oublié les années difficiles et a bien retenu les erreurs (d'un point de vue commercial bien entendu), il n'a surtout pas oublié que c'est lorsqu'il a été le plus sincère qu'ANNIHILATOR a été le plus remis sur les rails du succès (somme tout assez relatif, ce n'est pas MEGADETH, c'est sur!) donc ce For The Demented applique la règle du donnant/donnant, il donne à ses fans, amateurs de Thrash Metal ce qu'ils attendent avec "Twisted Lobotomy", "One To Kill", "The Demon You Know" ou "For The Demented" et il attend que ces mêmes fans acceptent des titres comme "Pieces Of You", "The Way" ou même cet excellent "Phantom Asylum" qui pourrait presque justifier à lui seul que vous vous penchiez sur cet opus qui n'est pas parfait, c'est certain, mais qui rappelle que Jeff Waters est un homme libre, un compositeur Thrash imparable, un guitariste très affuté, un chanteur en nette progression et qui s'est encore entouré d'un trio parfaitement à la hauteur.
Reste à savoir combien de temps ce line-up va tenir, une question qui n'a que peu d'importance tant Jeff est un loup solitaire aimant être bien entouré, et des jeunes loups voulant faire leurs armes avec ce mec là, il en existera toujours, possible que le groupe vive là sa période la plus longue qualitativement parlant, et la personnalité attachante qu'est ce mentor me fait dire que c'est plutôt mérité, pourvu que le public suive !
01. Thank You For The Song / 02. Camouflage / 03. Let It Bleed / 04. My Rock'n'Roll Died / 05. The Minute / 06. Come To The River / 07. Martyr With A Plan / 08. California S/ Marne / 09. Fandango / 10. End Title : Film Noir
Fondé en 2011, THE TEXAS CHAINSAW DUST LOVERS (TCDL) travaille son univers qui va du Rockabilly au Stoner et au Sludge avec deux EPs et un premier album, Me And The Devil, sorti en 2016. Le quatuor ne se pose pas vraiment de limites et le résultat pourra être rafraîchissant ou déstabilisant selon votre humeur du moment. Car même si le groupe a décidé de durcir un peu le ton en mettant en avant une facette directe plus prononcée, des titres comme "Let It Bleed" et son ambiance Rockabilly sur le début du morceau donne une saveur particulière aux propos du groupe.
Mais revenons un peu en arrière, car pour en arriver à cette troisième plage du disque, THE TEXAS CHAINSAW DUST LOVERS ouvre les hostilités avec un titre des plus calmes, très intimiste, une ambiance un peu bluesy qui fleure bon le saloon perdu sur une route oubliée des États-Unis avant de balancer un "Camouflage" sur lequel l'aspect Stoner est bien plus marqué. Et puis, le groupe ne s'arrête pas là, l'esprit Post-Punk de "My Rock'n'Roll Died" renferme également un appel du pied vers le public de PEARL JAM, grands admirateurs de Sir Neil Young, et qui avait réussi à insuffler cet esprit Rock US à son Grunge Rock, nos chers français ont capté cette attitude sur ce morceau avant de revenir vers un Rock US à la Lenny Kravitz sur "The Minute" où TCDL ajoute cette atmosphère Desert Rock où le Fuzz des guitares secoue les sacs de sable comme pour faire diversion avant la deuxième partie du morceau qui nous rappelle les QUEENS OF THE STONE AGE.
Alors, toutefois, THE TEXAS CHAINSAW DUST LOVERS n'est pas qu'une suite d'influences habilement assemblées, c'est cet esprit US et plus particulièrement le Mississippi et ce Rock communicatif teinté de Blues et de Folk Country US. Le groupe utilise un second degré dans ses titres de chansons qui tranche un peu avec la cover et le titre de l'album qui pourrait laisser penser qu'il s'agit là d'un album de Post-Rock mais qui annonce des "Come To The River" aux allures de jam sessions, le titre "California Sur Marne" où le groupe énumère des villes françaises lors du pont de ce morceau ou "Fandango" qui tourne au Flamenco de bûcheron comme on pouvait s'y attendre, les lignes de chant immédiates en font un morceau qui rentre vite dans le crâne.
Véritablement, TCDL semble avoir trouvé une recette qui mêle LAST BARÖNS (ou 9MW), QUEENS OF THE STONE AGE, l'esprit que Tarantino a insufflé à la bande originale de Pulp Fiction ("End Title : Film Noir"), ce Surf Rock noir, tout en gardant une personnalité suffisament forte pour ne pas se faire dévorer par ces influences.
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