• FRACTAL CYPHER - Prelude To An Impending Outcome
    Autoproduction
    Style : Progressive Metal
    Origine : Canada
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/fractalcypher

    FRACTAL CYPHER - Prelude To An Impending Outcome



    01. Coming Back To Life (10:14) / 02. The Grandeur Of It All (6:53) / 03. From The Above And To The Stars (8:05) / 04. Red Lady (9:31)

    Ah ces Canadiens... des musiciens hors-normes d’un talent musical considérable dont la mine d’or artistique ne peut être dissociée du Hard Rock et du Metal, que ce soit dans les anciennes générations, toujours aussi glorieuses, tels que RUSH, TRIUMPH ou l'univers fou d’un VOIVOD, ou bien empruntant le génie encore plus déjanté distillé par DEVIN TOWNSEND, sans oublier plus récemment le Power mélodique de BOREALIS, ou encore tout ceux qu’il faudrait mentionner et dont on ne peux parler ici tant la liste serait longue...

    Alors l’accueil d’un tout jeune loup québécois nous fait déjà frémir l’oreille d’excitation. FRACTAL CYPHER, c'est son nom, fut fondé en 2014 à Montréal, là où la vie et la nature semblent encore garder tout son sens et son éternelle beauté. En 2016, FRACTAL CYPHER a sorti sa première œuvre, The Human Paradox, qui, bien qu'étant auto-produite, laissait transparaître un résultat bluffant, magnifique et explosif tant sur le plan technique qu'artistique, ou dans les vibrations que sa musique transmet, un Metal progressif aventureux qui mélange tout un tas d’influences, mais gardant toujours la base lourde et mélodique du froid canadien. Il nous tardait donc de nouveau goûter aux merveilles de cette jeune formation des plus prometteuse. C’est désormais chose faite avec ce Prelude To An Impending Outcome, un EP qui risque de beaucoup faire parler très prochainement, tant le génie déployé y est immense.

    Le line-up reste inchangé par rapport au premier album, avec Simon Lavoie (chant), Tommy Fradette (basse), Steven Cope (batterie), Vincent Bruneau (guitare) et Ludovick Daoust (claviers), des musiciens tous monstrueusement doués. Seulement quatre pistes certes, mais des titres longs, dépassant parfois les dix minutes ("Coming Back To Life"), pour presque trente cinq minutes de sons ahurissants.

    La production signée Chris Donaldson (CRYPTOPSY, BEYOND CREATION, THE AGONIST) est simplement parfaite, puissante et d’une clarté absolue, où chaque instrument profite d’un son optimal. Un Prog Metal dynamite à travers des chansons aux sonorités très différentes, avec des paroles intimes, inspirées d'expériences riches et personnelles. Les influences décelées sont très éclectiques, allant de la ballade, en passant par le Blues, le djent ou le Jazz, avec pour toile de fond la puissance rythmique du groupe et son Metal progressif hyper mélodique et supra touchant.

    Le magnifique clip de "From The Above And To The Stars" proposé en avant première, nous avait déjà mis en appétit, dévoilant un morceau, sans doute le plus lourd du disque, où de multiples riffs de guitare très denses développent une ambiance djent très marquée tout du long. Épique et grandiose, méchamment violent, et parfois proche de la démesure d’un THE FACELESS. On est pris dans un véritable tourment de sons, un ouragan, une déflagration du monde actuel, volant en éclat, parsemant ici et là les foudres hystériques des 70's comme sur l’intro de clavier de "The Grandeur Of It All", simplement sublime, accompagnant l’esprit très Hard Rock qui s'y niche. Énergie, simplicité apparente, groove nerveux se juxtaposant à des moments de pures émotions. Celles-là même que l’on retrouve à fleur de peau sur le superbe "Coming Back To Life" qui pourrait rappeler DREAM THEATER à son apogée. Piano, voix chaude et douce sur des notes volant au gré du vent. Mais des atmosphères démesurées sont aussi présentes, déconcertantes et totalement folles ("Red Lady", "From The Above And To The Stars"), consommant des changements de rythme, de ton, de structures, à profusion, d’une fluidité à couper le souffle au sein même d'un même morceau, comme l’omniprésence des guitares sur le jazzy "Red Lady".

    Difficile de se remettre d’un tel fracas sonore, FRACTAL CYPHER réalisant là ce que peu ont fait ou su faire. Une musique d’une technicité incroyable, d’une complexité peu commune, tout en la rendant très humaine, émotive, et donc très accessible. Les refrains y participant grandement, ceux-ci étant souvent proche du Power Metal. Rien ne semble avoir été laissé au hasard car même l’artwork, réalisé par Silent Q Design, illustre parfaitement le Prog Metal à la thématique morose et existentielle de FRACTAL CYPHER. Bien qu'encore jeune, ce groupe est déjà immense, et ce n’est qu’un début...

    Chronique : Papa Bordg

    FRACTAL CYPHER - Prelude To An Impending Outcome

     

     

     


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  • HEIR APPARENT - The View From Below
    No Remorse Records
    Style : Progressive Power Metal
    Origine : États-Unis
    Sortie : 2018
    Site Web : www.heirapparent.com

    HEIR APPARENT - The View From Below



    01. Man In The Sky / 02. The Door / 03. Here We Aren't / 04. Synthetic Lies / 05. Savior / 06. Further And Farther / 07. The Road To Palestine / 08. Insomnia

    Presque trente ans d’abstinence, de néant, de doutes, certainement de résiliations, le monde vous oubliant, continuant à tourner, retourné sans cesse sur lui-même à la recherche perpétuelle du plaisir, de l’extase, s’enivrant de vins, d’orgies en tout genres, mais égoïstement aussi d’autres fonds sonores magnifiques faisant oublier qui vous étiez ou qui vous auriez pu être. HEIR APPARENT fait partie des oubliés, des négligés du Metal, ayant marqué sa terre, son territoire, son monde, mais hélas sur une trop courte période, provoquée ou non, malchance ou pas, seuls les protagonistes, de talentueux musiciens, pourraient le dire. Il fut cependant la relève exceptionnelle du Heavy Metal chiadé américain avec notamment le révolutionnaire QUEENSRŸCHE et le créatif CRIMSON GLORY. Mais beaucoup d’irréductibles, fans du grandiose, de l’inoubliable, n’avaient pu se résoudre à rayer définitivement de leurs mémoires un testament, certes mince, constitué de deux albums quasi parfaits : Graceful Inheritance (1986) et One Small Voice (1989) dont le souvenir reste encore aujourd'hui très vivace, surtout quand celui-ci emprunte le chemin magique d’un chef d’œuvre tel que le rayonnant et bouillonnant Graceful Inheritance. Alors ressurgir sans crier gare vingt neuf ans plus tard relève du vrai miracle, un pari fou presque inconcevable, et pourtant cette troisième onde de choc qu'est The View From Below risque bien de secouer la planète Metal avec folie, plaisir et nostalgie, mais sans doute une nostalgie qui perdurera pour les générations futures tant ce The View From Below est en tous points fabuleux.

    Huit voyages simplement incroyables, quarante cinq minutes de musique amenant émotion, larmes, dépendance, force, proposant à l’auditeur de tout plaquer, de partir sac à dos en main à la recherche du monde et de sa nature, écouteurs tournant en boucle ce son piégeant nos oreilles à l’âme de ce bijou. Un voyage aussi bien vécu matériellement que spirituellement, touchant alors astres et lumière céleste, comme un homme se réfugiant dans le ciel pour mieux se cacher du feu des armes humaines ! "Man In The Sky" dévore l’espace, doucement mais sûrement, sous la frappe sèche et vampirisante de Ray Schwartz soutenant les guitares spatiales, vivaces et gorgées d’émotions de Terry Gorle, une voix incroyable, à peine imaginable, même dans les rêves les plus fous, venant se poser sur un refrain inusable. On a d’ores et déjà compris qu’il se passait quelque chose d’important, de grand, d’immense... un moment fort qui marquera l’année 2018, mais aussi les générations qui suivront tant l’œuvre est forte en tous points. Will Shaw poussant la porte du génie sur un phénoménal "The Door", son timbre étant totalement indescriptible, comment un être humain peut-il chanté ainsi ? Est-ce possible? Il semblerait que les desseins de Dieu soient impénétrables... The View From Below se pose désormais sur une magnifique ballade "Here We Aren’t" où HEIR APPARENT nous apprend ce qu’est d’aimer. Le voyage se poursuivant au bord d’une plage, le vent dans les cheveux, le regard lointain vers l’horizon, les souvenirs nous tiraillant de toute part à l’écoute d’un tel frisson. Une fois de plus nous sortons terrassés par tant de beaux et vibrants sentiments. L’atmosphère se veut ensuite bien plus glauque, étrange et surprenante avec "Synthetic Lies" qui se veut être un savant mélange de noirceur, de sensualité et de violence, HEIR APPARENT fusionnant ici toutes ses différentes facettes pour en faire un instant unique et mémorable. Ce qui se ressent encore plus sur le très court et énergique "Savior", avec un riff très proche de la période du monumental Operation Mindcrime de QUEENSRŸCHE. Puis on se retrouve soudainement projeté dans l’espace, perdu dans son immensité, l’écho de la guitare de Terry Gorle nous enveloppant comme dans une sorte de bulle hermétique circulant au gré d’une caresse se nommant "Further And Farther", d’en haut la terre parait si bleue, si belle, on ne fait que sourire tant on est bien, bercé par la magnifique basse de Derek Peace. De petits moments magiques qui font que notre vie ne sera jamais celle des autres. Après le silence de l’au-delà, notre bulle nous ramène sur la terre ferme, au proche-orient, sur le chemin de la terre promise avec "The Road To Palestine", un titre d’une grande richesse musicale, mais aussi un appel poignant à la paix et à la réconciliation. Beaucoup de mid tempi composent ce formidable The View From Below, HEIR APPARENT prenant le temps de développer ses atmosphères et d’y glisser une poudre magique, habitant totalement son auditoire. "Insomnia" se clôt, la messe est dite. Qui peut se targuer, trois décennies plus tard, d’avoir enfanté une œuvre aussi parfaite ? On en connait peu ! Un exploit que HEIR APPARENT vient pourtant de réaliser sous nos yeux ébahis, avec une production limpide, fluide et puissante de l'attitré Tom Hall (QUEENSRŸCHE). Des musiciens tous à leur apogée, sans oublier de mentionner le clavier discret mais très efficace de Op Sakiya, déterminant pour les couleurs portées à ce The View From Below, un chanteur hors-norme et des compositions qui allient technique et émotions diverses et sidérantes. Aucun faux pas, que du grandiose, de l'envoûtant ! Un retour miraculeux pour HEIR APPARENT dont certains grands groupes mythiques des années 80 feraient bien de s’inspirer.

    Chronique : Papa Bordg

    HEIR APPARENT - The View From Below

     

     

     

     


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  • CHROME DIVISION - One Last Ride
    Nuclear Blast
    Style : Doomsday Rock'n'Roll
    Origine : Norvège
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/chromedivision

    CHROME DIVISION - One Last Ride



    01. Return From The Wastelands / 02. So Fragile / 03. Walk Away In Shame / 04. Back In Town / 05. You Are Dead To Me / 06. The Call / 07. I’m On Fire Tonight / 08. Staying Until The End / 09. This One Is Wild / 10. One Last Ride / 11. We Drink / 12. Towards The Unkown / 13. Esta Noche A Quemar (Bonus Track)

    CHROME DIVISION tire sa révérence avec cette nouvelle secousse sismique qu'est One Last Ride, bien tristes que nous sommes de l’apprendre tant Shagrath (DIMMU BORGIR) et ses frères d’arme nous avaient botté le fion à chaque nouvelle livraison de leur son fait d’un alliage de Heavy, de Hard-Rock et de Punk, aux inspirations certes marquées mais ayant une personnalité très forte et affirmée. Frais et solide, à la fois neuf et revival, la fusion parfaite entre l’énergie folle et dévastatrice du premier GUNS N’ ROSES et l’éternel MOTÖRHEAD. Fait important pour ce cinquième et dernier biberon alcoolisé, Eddie Guz (THE CARBURETORS), le chanteur des deux premiers albums, réintègre sa voix rocailleuse et rock n’ roll à la potion dynamitée des Norvégiens. Il avait été remercié en 2009 par manque d’investissement au sein du groupe, remplacé par Shady Blue pour les deux skeuds suivants. On notera également sur trois titres ("So Fragile", "This One Is Wild" et "Walk Away In Shame") la présence de la voix féminine de Miss Selia, apportant une plus value notable à un One Last Ride déjà monumental. CHROME DIVISION est puissant, sacrément secoué et burné, mais n’a de cesse de développer des mélodies totalement géniales, en grande partie dû à un travail monstrueux de la paire Shagrath/Karlsen, mettant leurs grattes inspirées en avant, que ce soit par des riffs lourds, rapides et incisifs ("Back In Town", "You Are Dead To Me", "One Last Ride") qu’avec des leads ou harmonies de haute voltige ("The Call", "One Last Ride"). Nous parlions précédemment de MOTÖRHEAD, le terrible refrain de "We Drink" nous rappelle furieusement la tête de moteur, déployant une nostalgie certaine faite d’une grande tristesse. Quelques notes Blues Rock introduites sur "Walk Away In Shame" au duo sensuel avec Miss Selia, nous montre aussi que CHROME DIVISION sait faire respirer son art avec feeling, par de courts breaks atmosphériques du meilleur effet, et ce dès qu’il le peut. Une des nombreuses forces de ce vibrant One Last Ride exerçant une réelle possession à qui s’y frotte. Même si la trame de beaucoup des titres de ce cinquième album reste assez identique, elle fait, malgré tout, mouche à chaque fois. De plus CHROME DIVISION sait soigner ses entrées et sorties d’albums, "Return From The Wasterlands", et sa narration et son acoustique qui claque, fait corps avec le grandiloquent "Towards To The Unknown" qui s’achève telle une folle équipée sur une Harley rutilante. On notera un dernier tremblement sonore avec un "Esta Noche va a Quemar" entierement chanté en espagnol. Au final, nous tenons là un fucking ultime opus, heavy, puissant, crasseux, mélodique mais surtout très inspiré. CHROME DIVISION peut être fier de cette dernière œuvre !

    Chronique : Papa Bordg

    CHROME DIVISION - One Last Ride

     

     

     

     


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  • SARGEIST - Unbound
    World Terror Committee Productions
    Style : Black Metal
    Origine : Finlande
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/thetruesargeist

    SARGEIST - Unbound



    01. Psychosis Incarnate / 02. To Wander The Night's Eternal Path / 03. The Bosom Of Wisdom And Madness / 04. Death's Empath / 05. Hunting Eyes / 06. Her Mouth Is An Open Grave / 07. Unbound / 08. Blessing Of The Fire-Bearer / 09. Wake Of The Compassionate / 10. Grail Of The Pilgrim

    La bête sombre sommeillait au delà des sentiers, nul ne l'avait vu récemment. D'abord seule, elle se bâtit une petite meute qui enfanta notamment Feeding The Crawling Shadows, mais cela était en 2014 Monsieur, autant dire une éternité, et puis la bête se retrouva de nouveau seule. Pourtant, HORNA nous permettait de garder un contact avec Shatraug, le guitariste qui, dans l'ombre, à l’abri des regards, redonnait des forces à son monstre créé il y a 20 ans déjà. Et puis c'est là un rythme finalement assez normal pour le groupe qui n'a jamais enchainé les albums dans un laps de temps assez court. C'est donc avec VJS (NIGHTBRINGER, ADAESTUO) à la guitare, Abysmal (ex-IC REX, SATURNIAN MIST) à la basse, Gruft (DESOLATE SHRINE, PERDITION WINDS) et Profundis (DESOLATE SHRINE, ex-SACRILEGIOUS IMPALEMENT) au chant, qu'Unbound, le cinquième album de SARGEIST est enregistré en Finlande entre Tampere et Helsinki.

    Longtemps le groupe finlandais a trouvé un certain écho auprès d'une scène Black Metal assez confidentielle, à l'image d'un FUNERAL MIST par exemple, connu et reconnu mais pas encore une notoriété rassembleuse. Vous l'aurez compris cet Unbound est taillé pour changer la donne, et cela débute avec "Psychosis Incarnate", un lead efficace sert de fil rouge à ce morceau d'ouverture où la voix se fait déchirante, cet aspect cradingue n'est d'ailleurs pas sans rappeler leurs homologues Suédois cités plus haut ou de GRAFVITNIR dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler ici même. La voix suit une rythmique que seul Profundis entend, donnant une dynamique unique à ce Black Metal qui prend aussi une voix moins criarde sur certains passages ("To Wander The Night's Eternal Path") pour un aspect plus rentre dedans assez brutal.

    "The Bosom Of Wisdom And Madness" se fait plus ambiancé que les deux titres précédents, indiquant une volonté de faire voyager l'auditeur dans des abîmes bien sombres, là encore la voix plus clamée de Profundis fait mouche, sans pour autant faire retomber la pression qui règne sur cet album et qui reprend une couleur bien plus brutale sur "Death's Empath", d'une efficacité très directe. Alors bien entendu, on comprend très vite où SARGEIST veut nous emmener, et il y parvient sans mal, avec des titres très bien construits, une production massive mais encore organique et naturelle qui n'omet pas les mediums pour mettre en valeur les leads continus qui jonchent cette galette et une reverb' sur la voix qui donne une profondeur à l'ensemble qui vous saisit et vous maintient sous pression. Toutefois, on peut penser que "Hunting Eyes" est peut-être un peu trop proche de son cousin "The Bosom Of Wisdom And Madness" même si l'aspect plus mélodique de l'un permet de ne pas en faire une pale copie, mais le groupe semble avoir choisi l'option un titre rapide à base de blasts en continu enchainé à un titre plus mid-tempo faisant ressortir la facette la plus Heavy des Finlandais. Alors si le groupe parvient à garder une unité et une intensité grâce à la qualité des morceaux, la ficelle est un peu grosse et l'effet de surprise ne vient jamais réellement.

    Ceux qui suivent la discographie des Finlandais depuis un moment seront frappés par le pas en avant réalisé au niveau de la production, le chant de Profundis est certes un peu plus répandu mais l'impact est plus violent et crade, les guitares sont bien mieux équilibrées avec le reste, de même que cette batterie qui bénéficie là d'une véritable production, une nouvelle fois plus standard mais plus audible également, ce qui laisse transparaître quelques hésitations bienvenues comme sur "Wake Of The Compassionate" au rythme à base de caisse claire dynamique. C'est une orientation qui peut permettre à SARGEIST de toucher un public un peu plus large en espérant que ça ne le coupe pas de sa base, ce serait vraiment dommage tant cet album s'inscrit, musicalement, dans la continuité de son prédécesseur, comme quoi l'habit peut parfois faire le moine !

    Par contre, sorti de là, c'est bien le seul véritable "reproche" que l'on pourrait faire à cet album qui replace clairement SARGEIST sur la scène Black Metal scandinave, même si l'abondance de groupes dans cette veine pourrait jouer en sa défaveur, n'oublions pas que si ces derniers sont là, c'est bien parce que les Finlandais ont, il y a 20 ans, donné de la noirceur à une scène Black Metal qui s'orientait vers le Symphonique. La version vinyle devrait prochainement arriver, les plus impatients pourront patienter avec la version CD ou digitale.

    Chronique : Aymerick Painless

    SARGEIST - Unbound

     

     


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  • NORDIC UNION - Second Coming
    Frontiers Music Srl
    Style : Melodic Hard Rock
    Origine : Suède/Danemark
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/NordicUnionMusic

    NORDIC UNION - Second Coming



    01. My Fear & My Faith / 02. Because Of Us / 03. It Burns / 04. Walk Me Through The Fire / 05. New Life Begins / 06. The Final War / 07. Breathtaking / 08. Rock's Still Rolling / 09. Die Together / 10. The Best Thing I Never Had / 11. Outrun You

    NORDIC UNION est le fait de la collaboration entre deux grands talents issus de la scène scandinave, l’un danois, à l’expérience folle, Ronnie Atkins, vieux sage, chanteur du grand PRETTY MAIDS, et l’autre suédois, jeune loup aux dents longues, affûtées comme la lame d’un perse, d’une grande polyvalence, compositeur, producteur et multi-instrumentiste, Erik Mårtensson (ECLIPSE, W.E.T., AMMUNITION), roi actuel du Hard Rock classieux, mélodieux et racé, remontant jusqu’aux sources du FM. Cette idée lumineuse est due à Serafino Perugino, président du label italien Frontiers Music, connu pour réunir depuis quelques années de grands noms du Hard Rock et du Metal mélodique pour développer de nouveaux projets musicaux souvent très excitants.

    En 2016 naquit donc le premier album de NORDIC UNION, sobrement intitulé Nordic Union. L’alchimie, la magie étant immédiatement présente entre nos deux protagonistes (accompagné du batteur d'ECLIPSE, Magnus Ulfstedt) propose alors un magnifique petit bijou de pures mélodies aux tubes houleux et fracassants. Une grande réussite dont nous avions hâte de découvrir la suite. Notre patience est désormais récompensée en ce début de mois de novembre, voyant la sortie de cette deuxième galette tant attendue se nommant Second Coming. Onze morceaux toujours estampillés d’un Hard Rock hyper mélodique à l’accroche musicale quasi parfaite, assez « doux » mais sans jamais être dénué d’énergie et de puissance, avec des guitares rugissantes et techniques telles les grandes épopées d'un WHITESNAKE ("My Fear & My Faith") avec cette patte et ce son tout droit venu du grand nord. Impossible de résister aux chœurs d’enfants de l’entrainant et tubesque "Because Of Us", Erik Mårtensson y ajoutant un solo d’une finesse faite d’or et d’argent. On brûle d’envie aussi sur le refrain magistral du sublime "It Burns" aux bribes atmosphériques épatantes, finissant sur quelques notes de piano. Celles-ci de nouveau mises à contribution sur le feu qu’est "Walk Me Through The Fire", Mårtensson y répandant toute la verve de sa fine gâchette (quel solo sur "The Best Thing I Never Had"). On reste toutefois un peu moins enthousiaste concernant les ballades, un peu trop présentes (l'album en compte tout de même trois), plutôt conventionnelles dans l’ensemble, peinant quelque peu à toucher l'auditeur, sauf peut-être "Breathtaking", secouant quand même un peu le cocotier. On peut également reprocher à NORDIC UNION de ne pas assez varier les plaisirs auditifs, et de ne pas assez développer les quelques passages atmosphériques présents, qui sont pourtant très beaux et très intéressants, mais hélas souvent placés en fin de morceau, donc mourant très rapidement.

    Restant tout de même d'un très bon niveau ce Second Coming, dans son ensemble, n’arrive toutefois pas à atteindre la qualité exceptionnelle de son prédécesseur. Ayant adoré l’éponyme, je reste donc plus nuancé et quelque peu sur ma fin dans la globalité de cette nouvelle offrande. Quel dommage...

    Chronique : Papa Bordg

    NORDIC UNION - Second Coming

     

     

     

     


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  • DC4 - Atomic Highway
    HighVolMusic
    Style : Hard Rock
    Origine : États-Unis
    Sortie : 2018
    Site Web : http://artistecard.com/DC4

    DC4 - Atomic Highway



    01. Progeny / 02. Queen Of Angels / 03. Atomic Highway / 04. Something In My Head / 05. Dominique / 06. Castaway / 07. One And Only / 08. Baba O'Riley (The Who Cover) / 09. 21st Century Love / 10. Seize The Day

    Fondé en 1995 à l'initiative de Jeff Duncan afin de palier au manque d'activité d'un ARMORED SAINT alors en stand by suite au recrutement de John Bush par ANTHRAX, DC4 est avant tout une affaire de famille puisque outre Jeff Duncan, en charge de la guitare et du chant, on retrouve à ses côtés ses deux frangins, Matt (Basse) et Shawn (Batterie), auxquels est venu se greffer un certain Rowan Robertson (ex-DIO). Déjà auteur de trois réalisations : Volume One (1998), Explode (2007) et Electric Ministry (2011), DC4 est jusqu'à maintenant resté assez confidentiel, ne parvenant pas vraiment à s'imposer de façon marquante au niveau international. Souhaitons que cet Atomic Highway permette enfin au groupe d'atteindre une reconnaissance qui lui serait toute méritée. Sans véritablement changer son fusil d'épaule, DC4 nous livre ici un album peut-être un peu plus élaboré que ses prédécesseurs, cet Atomic Highway nous laisse découvrir des compos un peu plus longues qu'à l'accoutumée ("Castaway", "One And Only", "21st Century Love") qui, sans jamais perdre en efficacité, laissent parfois transparaître un petit côté progressif pas désagréable ("21st Century Love"). On retiendra également une fort sympathique reprise de "Baba O'Riley" de THE WHO qui voit DC4 nous offrir une ré-interprétation empreint d'une certaine personnalité. Les titres s'enchaînent sans temps mort, les guitares sont tranchantes et les soli inspirés, mais pouvait il décemment en être autrement avec deux gratteux du calibre de Jeff Duncan et Rowan Robertson... Au final, avec toutes ces qualités, Atomic Highway se révèle être une belle réussite qui mérite toute l'attention des amateurs d'un Hard Rock métallisé solide et efficace. Acquisition recommandée !

    Chronique : Nono666

    DC4 - Atomic Highway

     

     

     


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  • HAKEN - Vector
    InsideOut Music
    Style : Progressive Metal
    Origine : Royaume-Uni
    Sortie : 2018
    Site Web : www.hakenmusic.com

    HAKEN - Vector



    01. Clear / 02. The Good Doctor / 03. Puzzle Box / 04. Veil / 05. Nil By Mouth / 06. Host / 07. A Cell Divides

    Le Metal progressif a vu naître ces dernières années quelques énormes pointures arrivant à chatouiller, voire à égaler les maîtres du genre que sont les Américains de DREAM THEATER ou les Suédois de PAIN OF SALVATION. Parmi ces nouveaux talents, on peut aisément citer, dans le trio de tête, les Norvégiens de LEPROUS (se rapprochant de l’originalité et de la grande émotion véhiculée par PAIN OF SALVATION), d’une rare originalité et doté d’un grand sens de la vibration, les Australiens de VOYAGER, à la violence plus marquée, et enfin les Anglais de HAKEN au Metal progressif farfelu, excentrique et très technique, dont certains sons empruntent la droite lignée des années 80. Certainement le plus proche des trois de DREAM THEATER. Découvert un peu par hasard lors d’écoutes intempestives de playlists Metal sur une plateforme bien connue, HAKEN et son premier album Aquarius (2010) m’avait déjà bien envoûté. Affinity sorti en 2016 finit de me convertir à la musique des Londoniens, positionnant ce quatrième album parmi les meilleures sorties du genre, sans aucune hésitation possible.

    Place aujourd'hui à la sortie du redoutable Vector, cinquième merveille des Anglais. Sept titres (dont un instrumental) basés sur le concept de la relation patient/malade, bien plus tranchant et agressif que son prédécesseur, sans pour autant y délaisser la complexité et l’excentricité du groupe. Les compositions de Vector sont beaucoup plus courtes (seul le morceau "Veil" est très long, dépassant allègrement les 12 minutes), sans longues introductions, rentrant très vite dans le vif du sujet sans y oublier néanmoins de somptueux passages progressifs. Vector sonne plus moderne qu'Affinity, la production n’étant pas totalement étrangère à ce ressenti. Vector est intronisé avec "Clear", comme un film futuriste aux passages effrayants donnant des sueurs froides, bientôt suivi par le tubesque et super entraînant "The Good Doctor", une basse qui danse, qui groove, profitant de passages de cuivres étonnants, mais qui n’oublie pas, à mi-chemin, de sacrément s’énerver, d’être presque méchant, pour laisser cette férocité s’éteindre sur un pont atmosphérique de toute beauté. HAKEN continue sur sa lancée avec un "Puzzle Box" qui démarre en trombe, sous les coups de boutoir du phénoménal Ray Hearne, crédité d’une partition éléphantesque sur ce Vector. Un morceau extraordinairement riche, tour à tour nerveux, pesant, doux, entrecoupé d’un long passage progressif sublimissime, électro-ambient aux effluves trip-hop pour de nouveau partir dans un déferlement d’attaques sonores. L'album se prolonge sur cette longue fresque qu’est "Veil", symbolisant le HAKEN d’avant, un titre très long aux rebondissements multiples. Un début piano/voix magnifique, poignant comme à la grande époque de QUEEN, une multitude de plans complexes et de transitions alléchantes, avec toujours cette agressivité permanente dominant Vector. On restera sans voix sur cette intervention jazzy de la section basse/batterie sous fond de piano désarticulé. Un souffle nouveau s’installe ensuite avec une guitare caressant les oreilles, nous amenant langoureusement vers des sonorités Pop progressives portées par les roulements incessants du monstrueux Ray Hearne, le ton montant doucement, faisant place à un duel entre guitariste et claviériste. On peut aussi admirer l’aisance technique de Richard Henshall et son grand feeling. Après l’instrumental de haute facture qu’est "Nil By Mouth", HAKEN se pose sur des sonorités beaucoup plus calmes à l’atmosphère étrange et sombre empreint des 70's, avec un saxophone nous accueillant sur un "Host" de toute beauté dont les claviers de Diego Tejeida nous envoûtent totalement, l’impression d’être noyé sous un flot de sentiments sans pouvoir remonter à la surface, ou plutôt sans vouloir y remonter. Ce colossal et incroyable Vector nous transporte une dernière fois avec un grandiose "A Cell Devides" qui n’est pas sans rappeler les Norvégiens de LEPROUS.

    HAKEN réalise là un chef d’œuvre d’une grande complexité, tout en retenant à chaque fois très vite l’attention de son auditeur, rendant ce concentré d’énergie brute, finalement de plus en plus accessible le temps passant et les écoutes se succédant. Un exploit pour ce type de Metal que peu ont eu le talent d’imposer. Un tour de force mettant à l’honneur le Metal progressif dans toute sa splendeur. N'y trouvant aucune faille, la note maximale s'impose !

    Chronique : Papa Bordg

    HAKEN - Vector

     

     

     

     


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  • LUX IN TENEBRIS - ...To A New Eternity
    Autoproduction
    Style : Operatic Metal
    Origine : France
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/LIT.metalband

    LUX IN TENEBRIS - ...To A New Eternity



    01. Divine Mankind / 02. Chaos In Beauty / 03. Mystic Euphonia / 04. Temple Of The Soul (Interlude I) / 05. Triangle Of Light / 06. The Imperator's Arrival (Interlude II) / 07. The Grand Design (feat. Liv Kristine)

    Il est vrai que j’apprécie un peu moins le Metal à chant féminin uniquement lyrique, le préférant incorporé à d’autres voix, soit plus brutales, soit en chant plus clair, ou bien en apport symphonique pour parfaire les ambiances ou les concepts albums délivrés par tant de groupes aussi talentueux que géniaux (AYREON pour n'en citer qu'un), ce qui se marie à merveille aussi avec le Metal dit plus extrême (CRADLE OF FILTH en est un bel exemple). Le reste me paraît parfois trop mielleux et commercial (AMARANTHE) ne procurant que peu d’émoi pour le vibrato sensible de votre serviteur. Mais il existe des exceptions certaines comme la complexité du Metal distillé par THERION par exemple, qui, lui, utilise en plus d’autres voix d’Opéra à la tonalité différente (même si le génial Christofer Johnsson fait quelques apparitions aussi courtes que brillantes parfois), le mythique THE GATHERING, ou bien dernièrement les sorties récentes de TARJA, totalement subjuguantes et envoûtantes, sans oublier le superbe album de VUUR (avec Anneke Van Giersbergen) au concept original. A t-on ce genre de talent en France, assez ingénieux, sensible, émouvant et prenant, sans mourir d’ennui. La réponse me semble oui. Avec une chanteuse comme Marion-Lamita Peubey, soprano dramatique qui réussit la performance de fonder à elle seule, en 2016, LUX IN TENEBRIS. La tête pensante, aussi à l’aise dans la création des compositions, lyriques et voix. Tout reposant sur ce joli minois, jeune, avenant et sympathique. Évidemment pour mettre en musique ses fantasmes musicaux faits d’Opéra, de musique classique et de scènes cinématographiques, la belle a du s’entourer de musiciens de sessions (Alexandre Warot, Alexandre Broise, Jean-Philippe Ouamer et Matthieu Vermorel) aboutissant à une première œuvre déjà fort goûteuse, le EP ...To A New Eternity (titre évoquant le thème abordé de l’être humain, fait d’ombre et lumière). Sept morceaux procurant une sensation de vertigineux voyage à travers les déserts arides de pays d’orient ("The Temple Of The Soul (Interlude I)", "The Imperator’s Arrival (Interlude II)"), mais aussi certaines de ses immenses plaines ("Triangle Of Light"), ses œuvres architecturales démesurées et de ses habitants accueillant et chaleureux (notamment l’Égypte). Marion-Lamita Peubey voit son travail de composition être étoffé par deux morceaux supplémentaires : "Chaos In Beauty", et "The Grand Design", titre qui voit la participation d'une invitée de marque en la personne de Liv Kristive (MIDNATTSOL, ex-LEAVES' EYES, ex-THEATRE OF TRAGEDY). De plus ...To A New Eternity embrasse le concept fort intéressant mais très controversé de l’ordre mystique de la rose croix dont les origines remontent à l’Égypte antique. La force principale de ce premier EP se situe dans ses ambiances dépaysantes magnifiques, permettant à l’auditeur un bond intemporel à travers l’histoire du monde et d’y entrevoir une lueur d’espoir dans un monde de plus en plus chaotique et ténébreux ("Divine Mankind" et son grunt lugubre comme la mort). Marion domine les débats de sa voix incroyable, très proche de la grande TARJA par instant, notamment sur l’exceptionnel morceau de fin qu’est "The Grand Design". Les orchestrations sont époustouflantes tout du long pour trouver sa quintessence absolue sur l’immense "Triangle Of Light", moment épique qui aurait pu figurer au menu musical d’un monument comme Lawrence d’Arabie. Le travail des guitares est conséquent, bien nuancé, formant un tout bien compact et puissant ("Mystic Euphonia") au service de la reine et de ses mélodies vocales bluffantes et attachantes. La production est plutôt bonne, vu les faibles moyens qu’entraine une première fois. Au fil des écoutes ...To A New Eternity séduit, subjugue toujours plus, procurant de belles sensations, proche du peuple et de sa terre, comme un bon cru que l’on garde en bouche longtemps, finissant par nous parler de ses origines et terroir. En fait, un sublime voyage à travers le temps et ses âges tourmentés. Il nous tarde donc d’y voir une suite, certainement plus longue, et qui, évidemment, gagnera en expérience et en maturité, qui, espérons le, passera le cap du simple cadre français.

    Chronique : Papa Bordg

    LUX IN TENEBRIS - ...To A New Eternity

     

     


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  • SEYMINHOL - Ophelian Fields
    Lion Music
    Style : Melodic Progressive Power Metal
    Origine : France
    Sortie : 2018
    Site Web : www.seyminhol.net

    SEYMINHOL - Ophelian Fields



    01. Intro: Appetite / 02. Act II, Scene 2: My Soul’s Idol / 03. Interlude : Nymph / 04. Act III, Scene 1: Hidden Desire / 05. Act III, Scene 2: Behind The Mask / 06. Act IV, Scene V: Her Majesty Of Flowers / 07. Act IV, Scene 7 / Act V, Scene 1: The Bramble’s Litany / 08. Part 1: The Devil Takes Thy Soul / 09. Part 2: Crown Of Thorns / 10. Part 3: After / 11. Outro: The River Lamentations

    Je n’ai jamais compris pourquoi tant d’ignorance, et parfois même de mépris envers le Metal hexagonal tant il semble être d’un niveau exceptionnel, et ce dans tous les domaines et genres. Aucun style n’échappant au doigté ingénieux et délicat des petits doigts magiques de musiciens supers aguerris techniquement, mais disposant aussi d’un grand savoir intellectuel ne faisant qu’un avec leur art musical, celui que je considère comme suprême. Une musique sans cesse en mouvement, évoluant en permanence, s’enrichissant au fil du temps, privilégiant pour presque tous la matière première de grandes chansons aboutissant à une œuvre de maître: l’émotion. Ce que nous recherchons tous dans le cœur des vrais amateurs de sons, la jubilation, l’excitation, un événement marquant, une histoire qui touche, et nos français de SEYMINHOL me semble être tout cela à la fois.

    Pour ceux qui n’auraient pas entendu parler du groupe auparavant, il me semble primordial d’en raconter un peu son cheminement. Créé en 1990 à Algrange, en Moselle, SEYMINHOL pratique un Metal progressif très mélodique, riche, et chiadé, sur des lignes vocales chantées en anglais, leur nom vient d’une petite tribu indienne du nord de la Floride se nommant Seminole, nos Frenchies revoyant l’orthographe pour y laisser un logo plus harmonieux. Leurs disques étant résolument tournés vers le concept album, ayant pour thème une période de l’histoire, celle passionnante des grands combats, de la psychologie humaine ou bien encore celle des grands auteurs issue de la dramaturgie anglaise ayant pondu des œuvres intemporelles que nous connaissons tous, ne serais-ce que de renom.

    SEYMINHOL a à son actif cinq albums : Northern Recital (2002), Septentrion's Walk (2005), Ov Asylum (2009), The Wayward Son (2015) et cet Ophelian Fields qui nous intéresse aujourd'hui, sorti en Février dernier, celui-ci s’inspirant du personnage d’Ophélie, présentant la tragédie de Shakespeare sous un angle plus féminin et métaphysique. Ophelian Fields s’articule autour de Kevin Kazek (chant), Nicolas Pelissier (claviers, guitares), Thomas Das Neves (batterie) et Vianney Habert (basse), accompagnés des chanteuses invitées Audrey Adornato, Marion-Lamita Peubey et Melissa Bonny, le line-up ayant évolué en Juin dernier avec la réintégration de Christophe Billon-Laroute à la basse, et l'arrivée de Pierre Roellinger à la batterie.

    Nous sommes ici en présence d'une œuvre déclinée en quatre actes, comme une pièce de théâtre musicale, s’ouvrant sur une brise légère par de magnifiques cordes acoustiques de "Intro: Appetite" nous plongeant étrangement à une autre époque, un temps jadis où les chœurs prennent naissance au milieu de remparts moyenâgeux. La nostalgie des sentiments s’installant pas à pas, revenant à la fin nous caresser la nuque sur "Outro: The River Lamentation", comme une suite aussi prenante et belle, mais plus réjouissante musicalement. SEYMINHOL prend aux tripes, y arrachant le cœur comme peut le faire le grand OPETH, mais la suite se veut plus violente et énergique sur "Act II, scene II: My Soul's Idol". Le lyrisme des mosellans est étonnant, fantastique sur des chœurs royaux plaçant un Kevin Kazek au milieu de mythiques chanteurs comme Geoff Tate (QUEENSRŸCHE) ou Daniel Gildenlöw (PAIN OF SALVATION) et de leur spectre musical.

    SEYMINHOL nous a déjà mis sur le flanc, sachant que l’on a à faire à une œuvre pas comme les autres, unique en son genre, approuvée par les nymphes se penchant sur le berceau d'"Interlude: Nymph" avec contemplation, dans une orgie de sons enivrants, tournoyant dans une symphonie d’une rare intensité, débouchant sur un passage technique non sans rappeler Finn Zierler et son BEYOND TWILIGHT. La fin se veut plus lugubre, tel le loup hurlant sa faim et son désespoir. SEYMINHOL se balade dans tous les univers métalliques avec une justesse et une facilité déconcertante (le tendu "Act III, Scene I : Hidden Desire" au riff matraqueur pouvant évoquer Michael Romeo de SYMPHONY X), Nicolas Pelissier nous gratifiant également d’un super solo, seule trace marquante de sa lead sur Ophelian Fields, celle-ci bouillonnant tout le long de ce « désire caché ». Après l’éruption vient le temps de l’accalmie avec "Act III, Scene II: Behind The Mask", transpirant lui aussi d’un torrent d'émotion, la voix féminine s’emparant d’un refrain magistral dont on ne ressort pas totalement indemne. SEYMINHOL se perd dans les méandres de la mélancolie sur un pont atmosphérique inattaquable, où guitare et voix sont là haut, tout là haut perché sur un nuage difficile à atteindre, sauf pour eux. Ce morceau est proche du génie de PAIN OF SALVATION dans la sensibilité et l’organe vocal monstrueusement vibrant d’un Kevin Kazek en fusion. Ce qu’il ne faudrait pas non plus oublier, ce sont toutes ses notes de piano, mélodie de touches noires et blanches qui posent les contours du concept, le définit, instrument essentiel aux palpitations du groupe, "Act IV" et "Act V Scene 1" ne faisant qu’étayer mes propos avec des moments totalement bluffants, l’un à la SEPTIC FLESH, et l’autre, baroque, comme la reine des groupes anglais qu'est QUEEN, avec cette excentricité que l’on retrouve sur "Part II: Crown Of Thorns". Un début résolument Folk Rock très agréable, surprenant, et dynamique, toujours arrosé d’un Metal épique et grandiloquent, pour finir sur une folie à la rythmique presque jazzy. Le moment lent, planant, est comme une comète parsemée d’étoiles explosant ensuite sur un feu de colère intense (de nouveau très PAIN OF SALVATION, influence majeure du groupe pour ce cinquième opus), terrible moment s’interrompant sur une nouvelle apparition de la diva du groupe.

    Avec cet Ophelian Fields, SEYMINHOL nous sort des entrailles du monde un magnifique témoignage, mais dont on regrette un peu une production pas assez claquante pour le poumon qu’est la section basse/batterie, un peu trop étouffée, pas assez étoffée aussi, sans oublier un Nicolas Pelissier dont les guitares restent bien trop discrètes et pas assez marquées et puissantes. Cependant, à part ces petits détails, SEYMINHOL nous livre de l’art en pagaille, de la richesse à profusion, mais surtout des sentiments en abondance. Rien que pour ça Ophelian Fields est une étape importante dans la carrière du groupe, et sans doute de cette année 2018 qui risque bien de consacrer les Français à tout bout de champs. Il ne vous reste qu’une chose à faire, acheter cet album à tout prix !

    Chronique : Papa Bordg

    SEYMINHOL - Ophelian Fields

     

     

     


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  • Kåabalh - Kåabalh
    Dolorem Records
    Style : Putrid Doom/Death Metal
    Origine : France
    Sortie : 2018
    Site Web : www.facebook.com/kaabalh76

    Kåabalh - Kåabalh



    01. Cabal / 02. Acheron / 03. Dark Wrath Of A New God / 04. The Complete Darkness / 05. Heavy Boredom Death / 06. Death's Ovation

    Le corps putréfié mais pourtant encore un peu chaud, TORTURE THRONE est étendu au sol lorsque deux de ses membres, Fab Dodsmetal, à la batterie, et Damned, à la guitare lead, ont l'idée de former un nouveau groupe qui prend vite forme avec Marco à la basse et Pierre à la guitare et au chant courant 2017. Dans la foulée le groupe travaille sur un premier album qui doit suinter le Death Metal old-school aux gros relents de Doom Death à la ASPHYX et les débuts d'INCANTATION. D'ailleurs, la production étouffante ne trompera personne, l'ombre d'INCANTATION et même de DRAWN AND QUARTERED, dont le dernier album a été chroniqué ici il y a peu, sont clairement en tête lorsque déboule "Cabal", un instrumental qui fait office de longue introduction rampante tel un corps agonisant au sol essayant vainement de s'échapper. Mais "Acheron" prend la suite et le ciel sombre devient bien noir, opaque, irrespirable, les growls de Pierre plantent très vite le décor, on est en terrain balisé c'est certain mais les leads transperçant de Damned agissent comme des flèches pour atteindre les proies laisser là à leur merci. Si une vague impression de monobloc peut se faire sentir, l'auditeur pouvant ne reprendre conscience qu'à la fin de "Death's Ovation" qui est une des rares accélérations de cet album illuminé par un lead bien chaotique comme SLAYER les a popularisé en son temps, c'est parce que l'album éponyme présenté là regorge d'endroits moites et puants qu'il faut prendre le temps d’apprivoiser. Le groupe ayant misé sur l'effet de masse plutôt que d'essayer de tirer le maximum de lumière des ténèbres qu'il venait de créer. Car après "Acheron" et son lead entêtant, son break basse batterie, la plongée dans les abîmes du style est brute. Car lorsque "The Complete Darkness" vous assomme la tête en moins de cinq minutes, on y retrouve un Death Metal plus dynamique mais toujours aussi crade et terriblement emprunt d'esprit Doom Death à la RUNEMAGIK ou ASPHYX pour mieux replonger dans un "Heavy Boredom Death" dans la droite lignée d'un "Dark Wrath Of A New God". Il ne faut donc pas attendre de ce Kåabalh, une quelconque once d'innovation et c'est bien ainsi tant le Death Metal putride de ce quatuor ravira les amateurs du genre, excédés ou non par le retour par vague du style, ce groupe tire clairement son épingle du jeu en mettant ses tripes dans ces six titres, un premier album à ne pas rater.

    Chronique : Aymerick Painless

    Kåabalh - Kåabalh

     

     

     


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