NIGHTWISH - Luxembourg - 21 Avril 2012
NIGHTWISH + BATTLE BEAST + EKLIPSE
Samedi 21 avril 2012 / Esch sur Alzette (Luxembourg) – Rockhal
NIGHTWISH se produisant désormais dans de (très) grandes salles, nous nous rendons pour la première fois au Rockhal, situé juste après la frontière luxembourgeoise. Le déroulement de la soirée nous démontrera à maintes reprises que nous avons bien fait de préférer cette étape à la date parisienne. Tout est ici bien plus fluide et moins cher que chez nous-autres. Bref, nous reviendrons à coup sûr dès que l’occasion se présentera !
Malheureusement, notre arrivée tardive nous empêchera de profiter du concert des allemandes d’EKLIPSE, ce que, il faut bien l’avouer, nous ne regrettons pas spécialement. En effet, la perspective de voir un quatuor à cordes reprendre quelques tubes Rock ou Metal est peu alléchante, même si la formation est constituée de donzelles vêtues de façon sexy (ce que nous constaterons en fin de soirée alors qu’EKLIPSE vient à la rencontre du public au coin merchandising).
Nous apprécions ensuite de loin le début du show de BATTLE BEAST. Il nous faut toutefois nous approcher un peu de la scène pour que le son devienne moins brouillon. L’énergie déployée sur scène est appréciable, mais ce heavy mélodique plutôt commercial ne nous séduit que moyennement. La chanteuse Nitte Valo possède un registre pour le moins étendu, mais ses vocalises les plus aigües et rocailleuses (façon ACCEPT) sont un poil agaçantes. Une bonne mise en bouche toutefois, et un groupe prometteur.
Après l’entracte de rigueur, les lumières s’éteignent à nouveau pour laisser place aux rois de la soirée. Derrière le rideau en lambeaux masquant la scène, on distingue la silhouette de Marco Hietala (basse, chant) assis sur un rocking chair le temps de l’introduction « Taikatalvi » (si nos oreilles ne nous font pas défaut, le grand blond interprète ce morceau en direct). Puis le grand gaillard se lève et envoie voler le fauteuil alors que retentit « Storytime », premier single extrait d’Imaginaerum (2011). Le rideau ne tombe qu’après le premier refrain, et le public accueille bruyamment NIGHTWISH. Le son est parfait, même si la basse est un poil trop présente en début de set. D’entrée de jeu, on comprend que le spectacle sera total, avec moult effets pyrotechniques, de superbes éclairages et un large écran géant situé en fond de scène. Dommage que ce dernier ne diffuse pas d’images du groupe en action, car la salle étant tout entière « de plain-pied », la visibilité du public aurait ainsi été améliorée. Nous avons donc droit à des images de synthèse reprenant les thèmes des morceaux, principalement des attractions de fête foraine, pour un joli rendu visuel. Même si quelques images sont un peu kitsch, on est loin de BLIND GUARDIAN et ses araignées géantes !
L’interprétation de NIGHTWISH est toujours de haut vol et, même si certains regretteront éternellement le chant soprano de Tarja Turunen, Anette Olzon apporte incontestablement une nouvelle dimension au groupe finlandais grâce à sa voix puissante et fragile à la fois, son côté femme-enfant, et ses qualité d’actrice, notamment lors d’un « Scaretale » (très Tim Burton dans l’esprit) qui la voit se transformer en véritable sorcière. Marco n’est d’ailleurs pas en reste dans ce registre lors du même morceau. Le maître à penser Tuomas Holopainen (claviers), bien qu’étant posté en devant de scène, est plus discret, signe de la confiance accordée à ses deux vocalistes. Malheureusement les interactions entre les musiciens et les speeches manquent de spontanéité par rapport au dernier concert auquel nous avions assisté, au Graspop Metal Meeting 2009, mais il faut dire que le contexte est complètement différent. Même l’anniversaire de Jukka Nevalainen (batterie) est fêté de façon un peu téléphonée (« Qui a apporté un cadeau à Jukka ? » demande une Anette sachant pertinemment que quelques jeunes filles se sont forcément munies de présents à l’attention de leurs idoles). Mais revenons-en à la musique. A partir d’ « I want my Tears back », NIGHTWISH va bénéficier d’un sérieux apport grâce à la présence du multi-instrumentiste Troy Donockley. Sa cornemuse irlandaise, mais aussi sa flûte et ses chœurs constituent un apport indéniable. Le bonhomme va participer à une bonne partie des morceaux suivants, notamment une version joliment réarrangée de « Come cover me ». Jukka s’empare ensuite d’un cajon (Marco le chambre, prétendant que le batteur est assis sur une boîte !) pour une série de morceaux plus calmes qui, bien qu’agréable, nous a semblé un peu longuette. On peut éventuellement voir cette accalmie comme une occasion pour le maestro Tuomas de se faire plaisir, lui qui avait à l’origine pensé NIGHTWISH comme un projet acoustique. Cet aparté se conclut par une version unplugged de « Nemo » qui nous laisse une impression mitigée, car le refrain assez haut-perché de ce classique ne sied que moyennement à la voix d’Annette et semble un peu forcé. Les acclamations du public ne faiblissent pourtant pas, signe que nous sommes peut-être un peu sévères. Retour à la puissance avec l’instrumental folk « Last of the Wilds », suivi par le viril « Planet Hell » lors duquel Tuomas glisse quelques notes de morceaux très anciens au moment du solo. D’ailleurs, vu l’ampleur qu’a pris le style de NIGHTWISH aujourd’hui, on se dit que le groupe aurait bien du mal à réintroduire dans sa setlist des titres issus de ses deux premiers albums, et pas seulement en raison du changement de vocaliste ! En parlant d’anciens morceaux, il faut aussi souligner que le répertoire de « l’ère Tarja », outre « Nemo », est particulièrement bien choisi et adapté à la voix d’Anette. La fin « officielle » du show a lieu sur la traditionnelle reprise de Gary Moore « Over the Hills and far away ». Une surprise intervient au début des rappels puisque le sextet joue « Finlandia », un air traditionnel finnois composé par Jean Sibelius (merci Google !) dont l’ambiance, soutenue par Donockley, évoque la bande originale de Braveheart : joli moment d’émotion. Puis vient un « Song of myself » amputé de sa quatrième partie, constituée sur la version studio de spoken words enregistrés par les proches des membres de NIGHTWISH. Les paroles de ce passage apparaissent néanmoins sur l’écran géant pendant l’interprétation du reste du titre. Le set se referme sur un « Last Ride of the Day » accrocheur et particulièrement propice, lors duquel une pluie de confettis s’abat sur l’assistance, et que quelques feux d’artifice viennent conclure. NIGHTWISH salue ensuite fièrement ce public qui lui fait un triomphe mérité au son de l’outro « Imaginaerum ».
Au final, que retirer de ce superbe concert ? Une grande satisfaction : celle de voir NIGHTWISH évoluer parmi les plus grands. Le groupe assume pleinement son dernier né (neuf titres joués !), un disque aux choix artistiques risqués, et réussit parfaitement à lui donner vie sur scène. Cela ne l’empêche pas de continuer à expérimenter avec classe : quel que soit le style abordé, le résultat est toujours à la hauteur et les mélodies de Tuomas Holopainen reconnaissables entre mille. Mais ce qui place vraiment NIGHTWISH au-dessus de la mêlée, c’est cette capacité qu’a le groupe à nous faire voyager, une qualité que l’on devinait déjà à l’époque de son premier DVD très prometteur From Wishes to Eternity (2001). Puisse cet état de grâce durer encore très longtemps…
Setlist: Taikatalvi / Storytime / Wish I had an Angel / Amaranth / Scaretale / Slow, Love, Slow / I want my Tears back* / Come cover me* / The Crow, The Owl and the Dove* / The Islander* / Nemo* / Last of the Wilds* / Planet Hell / Ghost River / Dead to the World / Over the Hills and far away* / Rappels: Finlandia* / Song of Myself / Last Ride of the Day / Imaginaerum (outro). * titres joués avec Troy Donockley
Par Aymerick Painless et Morbid S.