KAUSE4KONFLIKT
KAUSE 4 KONFLIKT est un régiment né de la rencontre entre des membres de feu-PSORIASIS, OTARGOS, NO RETURN et SUPERTANKER. L’appellation « Ofensive WarCore » ayant titillé notre curiosité de bleusaille, nous avions décidé, avant même de voir le show du groupe au Delirium Fest, de lui poser quelques questions. Ayant entretemps eu tout loisir d’apprécier l’impact scénique de ce contingent, l’entretien s’est rapidement transformé en échange d’informations top-secrètes sur le plan d’attaque de ces forces spéciales…
Commençons par le commencement : pouvez-vous présenter le groupe ?
ARX (basse) : C’est très simple, K4K est né il y a un an et demi suite au split de PSORIASIS. Je travaillais donc déjà avec RDK (chant, guitare) et JDZ (guitare). Nous avons voulu remonter un projet différent tout en conservant la dynamique de PSORIASIS et en intégrant des touches hardcore plus « dansant ». Nous voulions à tout prix garder la mise en scène. Le projet a mis du temps à voir le jour car on ne savait pas comment procéder pour la batterie. Finalement, par connaissance, on a travaillé avec Boban, le batteur de NO RETURN. Je pense que ça a pris six ou sept bons mois à se mettre en place…
JDZ (guitare) : Le temps de poser les idées, bosser les compositions, pouvoir présenter quelque-chose.
ARX : Ca fait donc un peu plus d’un an que ça tourne. Nous sommes maintenant en pleine période de composition. Tous les membres du groupe aiment jouer et, si l’album n’est pas encore sorti, c’est parce que nous sommes « parasités » par les concerts. On espère enregistrer d’ici la fin de l’année / début d’année prochaine. Le projet est tout nouveau, on a joué sur le fait qu’il y avait des membres de NO RETURN, de PSORIASIS, d’OTARGOS, de SUPERTANKER et ça s’est fait tout doucement. Maintenant les choses s’accélèrent, le studio commence à apparaître et il nous reste encore deux titres à mettre en place.
JDZ : Oui, on est encore en phase de composition, il reste deux titres à torcher.
Pour l’instant, vous avez choisi de ne présenter qu’un titre sur Internet. Est-ce pour ne pas trop dévoiler ?
JDZ : Non, pas vraiment. Lorsque tu fais partie d’un groupe, il faut bien présenter ta musique. Est-ce un choix ? Oui et non. Nous voulons enregistrer directement l’album. Donc, nous avons fait une petite production home-studio histoire de présenter quelque-chose au public. On voulait jouer et on fera l’album plus tard…
ARX : Tu as dû remarquer qu’on essaie d’être hyper-impactant. C’est pour ça qu’il y a toute la mise en scène, beaucoup de merchandising et on aimerait bien que, quand le produit sortira, ce soit un grand coup dans la gueule avec tout le package. On a donc pris le parti de ne mettre qu’un morceau et tu n’es pas le premier à nous en demander d’autres. Justement, on incite les gens à venir nous voir. Je pense que K4K est un groupe à voir en concert.
JDZ : Oui, ça prend toute son ampleur en live.
ARX : Pour le moment c’est donc volontaire de ne mettre qu’un titre. C’est une production « maison », ce qui ne mettrait pas vraiment la musique en valeur.
JDZ : Ce qu’on voulait surtout, c’était faire du live tout de suite. Pour présenter K4K, il fallait un peu de son et on l’a fait dans cette optique-là : un titre qui montre qui nous sommes et ce qu’on fait, travailler le visu, montrer le concept. C’est l’objectif.
ARX : On présente K4K comme de l’ « Offensive WarCore » et on a fait un peu exprès d’inventer ce terme dans lequel on retrouve nos bases : hardcore, thrash, death, mise en scène…
JDZ : Il fallait définir un style qui colle avec l’esprit KAUSE 4 KONFLIKT.
ARX : Il y a un gros travail en amont à ce niveau-là.
Vous parliez donc d’un enregistrement pour la fin d’année…
ARX : On aimerait bien. Tout dépendra du travail des uns et des autres. Nous avons des idées de studios mais nous ne nous sommes pas encore arrêtés, et des idées de labels. Nous avons des connections via nos autres groupes. Après nous sommes conscients que c’est un style assez particulier et on ne sait pas si les labels seront intéressés. Quoiqu’il arrive, l’album sera enregistré en fin d’année ou en début d’année prochaine.
JDZ : On espère pour 2013 quoiqu’il arrive…
Avez-vous effectué un nombre important de concerts jusqu’ici ?
ARX : Oui, quand même…
JDZ : De tête, je dirais pas loin d’une vingtaine sur une période d’un an.
ARX : Sans « nom », donc tu vois…
JDZ : Sans nom et avec un seul titre !
Et vous trouvez facilement des dates ?
JDZ : Oui et non. L’avantage est qu’on est tous issus de groupes qui ont déjà tourné, ça aide.
ARX : Nous avons un réseau de promoteurs qui nous connaissent et on joue là-dessus. Nous avons partagé quelques dates avec OTARGOS, ce qui nous permet de « vendre » un peu plus facilement le plateau. Maintenant, nous sommes conscients que nous avons beau avoir une démarche assez pro, nous n’avons pas de CD à l’appui. Mais voilà, pour le moment, nous n’avions pas assez de titres…
JDZ : Comme quoi ce n’est pas incompatible. Tu peux faire de la musique sans avoir de CD si tu es motivé. Nous avons travaillé tous les à-côtés, fait des photos etc., quelque-chose de pro dès le départ. Et on voit que ça fonctionne.
ARX : C’est pour ça que les promoteurs ont été attirés. Tu peux faire un album avec ta promotion et puis les promoteurs te contactent. Nous avons au contraire pris le parti de commencer à faire des concerts, quitte à parasiter la composition, et de se faire connaître du public. Quand l’album sortira, les gens seront intéressés car ils nous auront déjà vus. Après, nous sommes conscients de la crise du disque mais bon…
JDZ : L’autre avantage des concerts, c’est qu’il y a une mise en scène importante, nous avons beaucoup misé là-dessus. Et les gens en parlent, on le voit dans les live reports.
Justement, quelle est la réaction aux concerts ?
JDZ : Elle est généralement positive.
ARX : Nous sommes une petite équipe. Nous n’avons pas encore d’ingé-son, de lighteux. Parfois il y a de la confusion dans le son, mais la mise en scène sauve tout et les gens sont à fond, parfois même avant même que l’on commence à jouer. On a beaucoup travaillé l’ambiance pour qu’il se passe quelque-chose d’entrée, qu’on marque les esprits.
A ce petit jeu, votre chanteur est très fort…
JDZ : Oui il est très fort. Après, ça découle des années d’expérience, PSORIASIS…
ARX : Il y avait aussi une mise en scène.
JDZ : Tout ce travail et ces années d’expériences font qu’avec K4K, on sait ce qu’on a à faire. Grâce à l’expérience, c’est beaucoup plus pro.
ARX : Tu parlais de notre frontman, dont nous sommes très contents, mais nous avons travaillé toute cette façon d’haranguer le public. En plus, nous avons un concept qui n’est pas pro-armée, ni hyper-evil. C’est du genre : « le contingent est là !». C’est notre armée et les gens rentrent obligatoirement dedans.
Vous jouez sur le côté fédérateur…
Ensemble : Exactement.
JDZ : Ce n’est pas du tout pro-guerre. C’est plutôt la peur aux tripes, ce qu’il se passe sur le terrain.
ARX : Il faut savoir que lorsque nous avons monté K4K, nous n’avions pas de concept. Je commençais alors à lire des bouquins. Tout le côté martial, militaire, « Kill, kill, kill ! Die, die, die ! », on ne voulait pas faire ce genre de trucs. Des films comme Jarhead montrent des soldats plus jeunes que nous, qui partent au Golfe où il ne passe rien… On a lu beaucoup de trucs et j’ai proposé aux autres de parler de la dévotion du soldat. Pas forcément le mec en train de mourir ou qui a envie de tuer, mais plutôt le type qui est là sans savoir pourquoi. Nous essayons de défendre ça comme nous le pouvons car c’est quand-même un peu compliqué : il y a tout de même une notion martiale sur scène. Les gens ne comprennent pas encore le message exact de K4K. D’ailleurs nous ne sommes pas là pour diffuser un message mais pour raconter une histoire. Les gens ne connaissent pas trop ce qu’il se passe sur le front. Moi non-plus, et j’ai dû faire beaucoup de recherches pour m’apercevoir que la guerre, ce n’est plus du tout ce qu’on imagine. Ce sont des jeunes comme nous, qui s’emmerdent, qui n’attendent qu’une chose : tirer avec leur fusil, mais ils ne tirent jamais. Je t’invite à voir Jarhead (j’ai d’abord lu le bouquin, puis vu le film), qui a été une grosse inspiration pour K4K. J’insiste sur le fait que, même s’il y a une notion martiale dans la mise en scène, nous ne faisons pas un truc pro-militaire. Nous ne sommes pas là pour tuer, mais pour parler de la confrérie militaire, du brotherhood. Tu es dans l’armée, tu pars bosser dans le Golfe. Quand tu pars, ta copine te trompe, tu te retrouves tout seul. Tu n’as rien à faire donc tu te branles vingt fois par jour et la guerre n’arrive jamais…
Quelque-part il s’agit de retirer le côté glam que les gens ont en tête par rapport à la guerre…
ARX : Complètement. Et c’est difficile. Maintenant, lors d’une guerre, il ne se passe rien. C’est une guerre chimique, technologique, et les soldats qui sont là-bas s’emmerdent. Nous pensons à ces jeunes qui, surtout chez les américains, sont fiers de rejoindre les marines. Ils arrivent et on leur dit : « Aujourd’hui, il ne se passe rien. ». Cent jours après, il ne s’est toujours rien passé et le cent-unième jour on leur dit que la guerre est finie.
JDZ : Comme dans Jarhead justement…
ARX : Ce bouquin m’a complètement ouvert les yeux sur le nouveau sens de l’armée. C’est notre chanteur qui parle, mais grâce aux interviews, on peut expliquer que K4K défend le côté fraternel de l’armée – bon, pas sous les douches hein (rires généraux) ! Mais le côté fraternel et la dure vie du soldat, pas forcément à se faire tirer dessus, mais à ne rien faire.
Est-ce qu’on peut faire un parallèle avec la vie du musicien ? Beaucoup de temps à voyager et à attendre…
JDZ : Attendre beaucoup ouais !
ARX : Pas mal ! C’est un peu ça oui…
JDZ : Mais il y a quand-même un aboutissement car on a plaisir à jouer.
ARX : Après, il faut savoir que le musicien joue généralement pour lui et pour son auditoire, alors que le soldat est obligé : il s’engage et il travaille pour son pays. Parfois, c’est peine perdue.
ARX, comme tu le disais, vous partagez parfois l’affiche avec OTARGOS. N’est-ce pas trop éprouvant physiquement ?
ARX : Si, c’est un peu difficile parce que les deux groupes demandent une mise en scène particulière et nous sommes un peu speed. C’est pour cela que lorsque je fais un double-plateau, je demande à ce qu’on autre groupe joue entre les deux. Après, je suis content de jouer avec mes potes d’OTARGOS et mes potes de K4K et ça s’est toujours bien passé.
Quel est votre avis sur l’affiche d’aujourd’hui ?
ARX : Je suis arrivé en mode fantôme, de Nantes, et je n’ai pas vu les premiers groupes. Le batteur de SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION est un copain et on soutient le groupe. SEPTIC FLESH est resté un peu isolé. Ils travaillent avec leur propre crew.
JDZ : On n’a pas eu vraiment l’occasion de les rencontrer. Ils ne savent pas qui nous sommes et il y a peut-être aussi la barrière de la langue.
ARX : Mais nos amis communs de SVART CROWN ont fait une tournée avec eux et m’ont dit que ça s’était très bien passé. En plus ils sont dans la même écurie qu’OTARGOS… Mais j’étais content de revoir mes potes et je n’ai pas vraiment cherché non-plus à aller vers SEPTIC FLESH.
JDZ : Je suis sûr qu’ils sont sympas, c’est juste qu’on n’a pas eu l’occasion…
K4K a-t-il d’autres concerts en prévision ?
ARX : Il y a une option sur le Motocultor. Je suis en pourparlers avec l’un des régisseurs.
JDZ : Il y a quelques dates qui se dessinent, dont une à Rouen, mais on va peut-être faire un break car on doit terminer la composition et on est pressés d’aller en studio.
ARX : Je ne sais pas encore si cela se fera, mais, en parallèle, on travaille avec DEMENTED (brutal death – Bordeaux) sur une petite tournée européenne d’une dizaine de dates, dont trois concerts en France.
JDZ : Voilà pour les projets du moment.
ARX : Grâce à notre expérience, nous savons comment fonctionnent les aides, les subventions… Nous essayons de monter un projet complet et de gagner la confiance des prestataires et chopper des subventions pour pouvoir, à la sortie du disque, créer un buzz avec de la promo et une tournée déjà mises en place. Ça demande beaucoup de temps, d’énergie, d’argent… Lorsqu’un album sort, il y a toute une campagne de promotion derrière, car la toile est tellement polluée de groupes que le seul moyen de te démarquer est d’être partout, sur tous les supports, d’avoir beaucoup de contacts et nous sommes en train de travailler tout ça en amont. Par exemple, il faut que les gens qui ont entendu parler de KAUSE 4 KONFLIKT ou qui ont vu nos stickers A4 collés dans le métro s’interrogent. On espère que cet « effet boule de neige » va fonctionner, mais en tout cas on y travaille.
L’année dernière, nous avions pu parler longuement d’OTARGOS. ARX, as-tu quelques infos à nous donner ?
ARX : L’enregistrement est lui-aussi prévu en fin d’année aux Concrete Studios, là où nous avions enregistré Ten-eyed Nemesis et Kinetic Zero. Ce sera une plus grosse production que sur le précédent. A la base, nous devions enregistrer en février mais nous avons décidé de prendre plus de temps pour créer la demande, avoir du recul et ne pas faire n’importe-quoi. Ce sera beaucoup moins ambient et plus catchy que No God, No Satan. On en a terminé avec la religion. Ce sera un peu un mélange entre Fuck God Disease Process et Kinetic Zero, ou un Kinetic Zero très noir. Nous sommes très confiants. En plus, nous avions Void (guitare)… Aujourd’hui c’est le dernier concert d’OTARGOS et ensuite on se met en stand-by. Cet été, on a booké quelques semaines ensemble à la campagne pour pouvoir travailler. Beaucoup de monde nous attend au tournant, nous ne voulons donc pas précipiter les choses.
Pas de membres WATAIN en guests (rires) ?
ARX : Non je ne pense pas (sourire crispé alors que DAGOTH, à proximité, se marre) ! Mais on aimerait bien que Julien Truchan (BENIGHTED) fasse une apparition, et aussi Xavier de JENX que j’aimerais bien contacter. Après il faut voir, ce ne sont que des idées. Ce sont des personnalités et des timbres qui me plaisent beaucoup mais il faudrait que cela corresponde à l’album. DAGOTH qui est le compositeur principal, va généralement donner des directives en fonction de ce qu’il a écrit, alors qu’à l’inverse, si j’ai une idée nouvelle, je vais vouloir l’intégrer dans la composition. C’est pour ça qu’on se met souvent sur la gueule, gentiment (rires) !
Merci. Je vous laisse conclure…
ARX : Eh bien je dirais simplement « chacun d’entre vous, dans le trou ! ». On se retrouve sur les prochaines dates. On invite les gens à venir découvrir KAUSE 4 KONFLIKT pour passer un bon moment et en prendre plein la gueule !
JDZ : Semper Fi !
ARX : Semper Fidelis !
Propos recueillis par Morbid S.