BELPHEGOR - Conjuring The Dead
Nuclear Blast
Style : Death Black Metal
Origine : Autriche
Sortie : 2014
Site Web : www.belphegor.at

01. Gasmack Terror / 02. Conjuring The Dead / 03. In Death / 04. Rex Tremendae Majestatis / 05. Black Winged Torment / 06. The Eyes / 07. Legions Of Destruction (feat. Glen Benton) / 08. Flesh Bones And Blood / 09. Lucifer Take Her / 10. Pactum In Aeternum
L’avantage d’écrire des chroniques est que cela vous oblige souvent à revoir vos préjugés, comme c’est le cas avec ce dixième album du duo autrichien maléfique BELPHEGOR. J’avais toujours vu en ce groupe un rouleau-compresseur musical, ultraviolent de la première à la dernière seconde de chaque réalisation. Oh, non pas que je fusse loin du compte, mais cette vision s’avère carrément réductrice, et à plus forte raison à l’écoute de Conjuring The Dead ! Cet album est sans conteste le plus nuancé et abouti du groupe à ce jour. Pourtant, la brutalité reste prégnante, les guitares demeurent tantôt lyriques (celles de "Gasmask Terror" n’auraient pas dépareillé sur The Gallery de DARK TRANQUILLITY !), tantôt impitoyables, et la batterie – parfois irritante – est bloquée sur la fonction « blast-beat » sur beaucoup de morceaux. De même, BELPHEGOR affectionne toujours les passages écrasants façon MORBID ANGEL, et abuse de growls bourrins entrecoupés d’un chant Black un peu kitsch. Mais l’ajout de différents éléments tels que des interventions vocales « externes » ("Legions Of Destruction" sur lequel vous reconnaîtrez sans doute quelques invités prestigieux), l’utilisation assez massive de samples, bruitages, claviers et guitares acoustiques apportent davantage de relief. Non pas que ces éléments soient totalement nouveaux chez BELPHEGOR, mais ils sont ici associés à d’importants efforts de diversification de forme (Le début mid-tempo martial de "Flesh, Bones and Blood", la structure et l’instrumentation de "Rex Tremendae Majestatis"…). Tout cela rend ce disque plus accessible, émotionnel et cinématographique (l’instrumental "The Eyes" et le « diptyque » final "Lucifer, Take Her!" / "Pactum in Aeternum"), mais donne aussi une impression de surproduction, et il est évident que quelques fans vont plier bagage à cette occasion. Pour ma part, je me contenterai de saluer une réelle volonté d’évolution, un souci du détail flagrant, et d’apprécier certaines pièces fiévreuses comme "Gasmask Terror" et "Black Winged Torment". Mais ce trop-plein d’informations pour à peine 37 minutes de musique, ainsi que l’imagerie puérile (malgré un clip plutôt réussi pour le morceau "Conjuring The Dead") continueront malheureusement de desservir BELPHEGOR. Du coup, les autrichiens ne se hisseront pas encore cette fois-ci au niveau des leaders de ce genre hybride, BEHEMOTH en tête, porteurs d’une approche moins « grand-guignolesque ».
Chronique : Morbid S.

