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TANKRUST - Entretien avec Kootoh
Entretien avec Kootoh (Chant) réalisé par mail entre le 27/01 et le 07/02/2016
Armé de son premier album The Fast of Solace, TANKRUST écume actuellement les scènes du pays afin d’asséner son Metal brutal et mélodique à un public qui ne pourra rester de marbre, soufflé par l’énergie déployée sur scène par Kootoh (chant) et sa bande. Un entretien s’imposait alors pour faire connaissance, car lorsque TANKRUST posera ses flight cases près de chez vous, ce ne sera certainement pas pour faire la causette !
Peux-tu nous présenter TANKRUST et son parcours ? Il semble que tu ne faisais pas partie du groupe à ses débuts...
Kootoh : C'est tout le contraire ! Je suis le seul rescapé de la formation originelle ! (NDR : Oups !) Au départ c'est l'ancien batteur (Rudy) et moi-même qui avons fondé le groupe. Celui dans lequel on s'est rencontrés a été dissout et ne faisait pas la musique qu'on voulait vraiment faire. Après quelques annonces, on a recruté un gratteux et un bassiste et on a fait un genre de Thrash / Power entre SLAYER et PANTERA. C'est surtout à partir de 2010, avec le départ des deux cordeux et l'arrivée de William et Garth qu'on a commencé à construire des compos au carrefour de plein de styles de Metal. Jules (basse) s'est rallié à nous un an après, et enfin Schuff a pris la batterie, fin 2013. Avec ces modifications c'est autant d'influences qui ont pétri la musique du groupe et nous ont donné le chemin qu'on voulait suivre. L'EP a été une première étape pour concrétiser une identité et depuis on n’a cessé de faire mûrir la formation pour en arriver à l'étape d'aujourd'hui. Du coup, on est contents de mélanger les plaisirs et de redonner du neuf à nos racines souvent old-school, en leur apportant la touche de modernité de nos découvertes actuelles. Pour autant, une chose n'a jamais changé depuis l'origine : l'esprit de famille qu'on a mis en place et qu'on a toujours veillé à entretenir. TANKRUST, c'est avant tout des potes et c'est encore plus vrai aujourd'hui que nous sommes tous des amis datant d'avant le groupe. Je pense que c'est aussi ce qui donne l'âme de notre formation !
Justement, quelles sont vos influences, qu’elles soient musicales ou autres ?
Vaste sujet ! Il faut y répondre membre par membre puisque nous avons chacun des univers différents, qui parfois se croisent mais qui peuvent aussi être aux extrémités les uns des autres. Jules a beaucoup baigné dans l'univers Punk / Hardcore (THE EXPLOITED, RANCID ou encore HATEBREED, RAISED FIST…) mais il adore aussi tout ce qui est Thrash ou Heavy et rejoint l'univers de Garth sur ce point, qui lui est un fan de groupes 80’s comme MEGADETH, JUDAS PRIEST, ou MACHINE HEAD. Schuff, lui, est dans la sphère Death, voire brutal Death, de façon quasi exclusive. Il en connaît un éventail qui me fascine. Pour les plus parlants je citerais KRONOS, ORIGIN ou encore CATTLE DECAPITATION. William et moi sommes très éclectiques, tous styles musicaux confondus ! William a passé sa vie à écouter et brasser de la musique, il en a pratiqué dans tous les styles. Pour ma part c'est un peu pareil, une sorte de soif jamais éteinte. Du coup, impossible de citer toutes les influences. Pour William il y a un groupe culte : WALTARI et pour moi ce sera toujours ALICE IN CHAINS ! Sur les autres univers on se rejoint un peu plus, on est des gros fans de séries, notamment fantastiques à la Penny Dreadful ou Walking Dead, de films qui ont marqué notre adolescence comme Wayne's World, Star Wars évidemment. Pour ça, on est assez fidèles à notre génération mais ça ne se ressent pas forcément dans nos compos. On n’a pas voulu verser dans trop de cliché.
OK ! Comment décrirais-tu votre musique à quelqu'un qui ne connaît pas TANKRUST ?
Je la décrirais comme Metal ! Étant donné nos horizons divers et le mélange qu'on met dans les morceaux, voilà des années qu'on tente de répondre à la question de comment décrire notre musique. Eh bien on ne peut pas y répondre en parlant de style. Les puristes du Thrash, du Death ou d'autres influences, ne s'y retrouveront pas assez pour y accoler une étiquette. Ça tombe bien, on n’aime pas trop les étiquettes... Certes, les racines old-school s'y retrouvent et chacun y verra une facette de ses références. Mais je décrirais plus notre musique par d'autres aspects : énergique, compacte, positive, visuelle... Voilà !Peux-tu nous parler de la création de The Fast of Solace ? Que retiens-tu principalement de ce processus ?
Pour ce qui est des titres, c'est un mélange de morceaux anciens qui ont été retravaillés et de titres nouveaux qui doivent préfigurer du futur esprit du groupe. Le processus a donc ressemblé à une espèce de phase de chrysalide. A l'intérieur de ce cercle humain on a fait travailler toutes les créativités en restant ouverts aux compromis. La production a suivi ce credo humain qui a toujours été le nôtre : on a cherché le gars à la fois compétent et humain. Par chance on l'a trouvé ! Olivier t'Servrancx, à l'Electrik Box, a été le prolongement du groupe. On a bossé en toute proximité, dans un petit espace, avec beaucoup d'échanges et de sympathie. Je retiens que je m'attendais à quelque chose de pénible et très déshumanisé, comme l'ont été certaines expériences passées. Et finalement, du moment où on a commencé à bosser l'album jusqu'à sa sortie (hors les délais inévitables), on a eu (presque) que des supers surprises humaines et techniques ! Pour une formation qui aime le live avant tout, ça nous motive pour un deuxième album !
J'allais y venir : vous semblez vous considérer avant tout comme un groupe de scène, et d'après ce que j'ai pu voir sur le net, vos prestations sont plutôt énergiques. Considères-tu la scène comme un défouloir qui permet d'évacuer les aspects négatifs de la vie, ou bien vois-tu au contraire le live comme une célébration ?
Les deux ! Pour nous, ce n'est pas incompatible. On voit effectivement le live comme un exutoire. C'est le meilleur moment, tous ensemble pour expulser toute cette rage et ces frustrations du quotidien. Et chacun sait et comprend ce que son voisin a besoin d'évacuer. C'est en faisant comme ça qu'on célèbre le moment présent, la vie, le fait d'être là, d'être entourés, de partager un moment intense. On vide donc les ondes négatives pour se remplir de celles qui sont positives et nous permettre de repartir gonflés à bloc ! C'est ce qui rend toute la dimension d'un concert aussi forte. Et on a vraiment envie d'apporter toute notre énergie et de la transmettre. C'est notre façon d'être entièrement sincères dans ce qu'on fait.
Pour en revenir à l'album, peux-tu nous en dire plus sur les sujets abordés dans les textes ? Es-tu l'auteur des paroles ?
C'est moi qui les rédige, effectivement. C'est ma part du job et les autres me font confiance comme je leur fait confiance pour la musique. Après, ça ne nous empêche pas de nous concerter : je leur explique ce que j'ai écrit, je leur montre et, la plupart du temps, ils sont ravis. Ce sont des textes qui poussent à la réflexion plus qu'à la révolte. Souvent, je pars d'un évènement de mon quotidien ou d'un sujet qui m'a interpellé et je partage ça dans la chanson, pour que les gens s'interrogent. Par exemple, dans « DMZ », je remets en question cette façon qu'on a de catégoriser les gens en clichés : "T'es vieux donc tu es ennuyeux, t'es jeune donc tu te drogues, t'es religieux donc tu es fanatique...". Dans « Draw the Line », je m'insurge contre le phénomène de bien-pensance et les moralisateurs médiatiques. Dans « Apollo is dead », c'est la façon dont l'histoire et la mythologie sont complètement détournés à travers les films qui me fait bondir, parce que c'est ce que nos enfants vont prendre pour vrai, et un pan de notre culture qui est menacé. Voilà, ce sont des bouts de réflexion qui émergent en fonction de ce que je vis.
En parlant de « DMZ », vous avez réalisé un clip très soigné pour ce morceau. Cela me donne l'impression que votre souhait est de proposer une expérience complète autour de TANKRUST, et en extrapolant, de ne surtout pas voir ce nouvel album comme une fin en soi. Qu'en penses-tu ?
Merci, si le résultat semble soigné, c'est déjà un premier objectif que nous avons atteint. Nous avons bossé avec Olivier Jacques, qui est également un ami, et nous avions tous ensemble à cœur de faire quelque chose de bien réalisé. J'aime beaucoup ton point de vue et c'est certainement un peu inconsciemment que nous démontrons que l'album n'est qu'une pierre à l'édifice et que nous comptons en ajouter d'autres. Mais avant tout, TANKRUST est un groupe live, et sur scène nous aimons avoir quelque chose de vivant. Le clip était naturellement l'animation d'un des morceaux. Pour nous c'est indispensable de rendre les morceaux visuels, de faire vivre les textes, de proposer une expérience complète comme tu le dis. Et puis, il faut avouer que c'était vraiment marrant de vivre cette expérience !Pas mal de concerts ont déjà eu lieu depuis la sortie du disque. Et maintenant ? Quels sont les projets, voire les souhaits de TANKRUST dans un futur plus ou moins proche ?
Dans l'absolu, notre projet principal est de faire du live. Le concert est vraiment essentiel pour nous. Partager, fêter, faire vivre la musique… Donc, les projets à court et moyen terme vont être de continuer à faire autant de concerts que possible. Rencontrer des gens, d'autres groupes, défendre notre album, découvrir de nouveaux lieux, voilà le pied ! On apprécie sincèrement de jouer partout, dans toutes les configurations, mais on a évidemment ces envies d'accrocher des scènes plus grandes, des fests... du Hellfest ? Il faut toujours se laisser des espoirs, des projets. Et en parlant de projet, on planchera bien sûr à l'élaboration d'un deuxième album !
Vous êtes également pas mal impliqués dans la scène via d'autres projets (autres groupes, association etc.). Y en a-t-il certains que tu souhaiterais mettre en lumière ici ?
C'est cool d'avoir l'occasion de parler de ça. C'est une des facettes qui peut aussi expliquer notre musique. Par exemple, les influences de Schuff (le batteur) s'illustrent dans le groupe de brutal Death qu'il a fondé, AÄZYLIUM. L'éclectisme de William se retrouve dans son projet de Rock français SATURE . Pour ma part, j'ai démarré un projet Doom / psyché, CLEGANE , pour explorer d'autres pistes qui me plaisent. On essaie de rester cohérents dans notre esprit. Soutenir activement les scènes locales implique pour nous de faire encore un pas en avant en étant actifs dans le milieu. En plus d'être bénévoles sur un certain nombre de fests (Hellfest, Fall of Summer, Motocultor, Delirium...) on a créé notre asso ALMOST FAMOUS qui sert à la fois de label / producteur pour nos groupes, mais on monte également des plateaux pour faire découvrir des groupes émergents. C'est certes très chronophage, mais tout aussi passionnant. On aimerait avoir plus de temps parfois, on en arrive même à culpabiliser de ne pas en faire assez !
Cette interview touche à sa fin. Je te remercie d'avoir consacré du temps à Heavy Sound ! Les derniers mots sont pour toi...
Merci à Heavy Sound de s'être intéressé à TANKRUST et de soutenir les scènes locales. Vous constituez une pièce indispensable à la vie du metal, comme le public ! Notre dernier mot est toujours le même : RESTE TRANQUILLE, C'EST PAS FINI !
Propos recueillis par Morbid S.Chronique : The Fast Of Solace
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