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SEYMINHOL - Ophelian Fields
SEYMINHOL - Ophelian Fields
Lion Music
Style : Melodic Progressive Power Metal
Origine : France
Sortie : 2018
Site Web : www.seyminhol.net
01. Intro: Appetite / 02. Act II, Scene 2: My Soul’s Idol / 03. Interlude : Nymph / 04. Act III, Scene 1: Hidden Desire / 05. Act III, Scene 2: Behind The Mask / 06. Act IV, Scene V: Her Majesty Of Flowers / 07. Act IV, Scene 7 / Act V, Scene 1: The Bramble’s Litany / 08. Part 1: The Devil Takes Thy Soul / 09. Part 2: Crown Of Thorns / 10. Part 3: After / 11. Outro: The River Lamentations
Je n’ai jamais compris pourquoi tant d’ignorance, et parfois même de mépris envers le Metal hexagonal tant il semble être d’un niveau exceptionnel, et ce dans tous les domaines et genres. Aucun style n’échappant au doigté ingénieux et délicat des petits doigts magiques de musiciens supers aguerris techniquement, mais disposant aussi d’un grand savoir intellectuel ne faisant qu’un avec leur art musical, celui que je considère comme suprême. Une musique sans cesse en mouvement, évoluant en permanence, s’enrichissant au fil du temps, privilégiant pour presque tous la matière première de grandes chansons aboutissant à une œuvre de maître: l’émotion. Ce que nous recherchons tous dans le cœur des vrais amateurs de sons, la jubilation, l’excitation, un événement marquant, une histoire qui touche, et nos français de SEYMINHOL me semble être tout cela à la fois.
Pour ceux qui n’auraient pas entendu parler du groupe auparavant, il me semble primordial d’en raconter un peu son cheminement. Créé en 1990 à Algrange, en Moselle, SEYMINHOL pratique un Metal progressif très mélodique, riche, et chiadé, sur des lignes vocales chantées en anglais, leur nom vient d’une petite tribu indienne du nord de la Floride se nommant Seminole, nos Frenchies revoyant l’orthographe pour y laisser un logo plus harmonieux. Leurs disques étant résolument tournés vers le concept album, ayant pour thème une période de l’histoire, celle passionnante des grands combats, de la psychologie humaine ou bien encore celle des grands auteurs issue de la dramaturgie anglaise ayant pondu des œuvres intemporelles que nous connaissons tous, ne serais-ce que de renom.
SEYMINHOL a à son actif cinq albums : Northern Recital (2002), Septentrion's Walk (2005), Ov Asylum (2009), The Wayward Son (2015) et cet Ophelian Fields qui nous intéresse aujourd'hui, sorti en Février dernier, celui-ci s’inspirant du personnage d’Ophélie, présentant la tragédie de Shakespeare sous un angle plus féminin et métaphysique. Ophelian Fields s’articule autour de Kevin Kazek (chant), Nicolas Pelissier (claviers, guitares), Thomas Das Neves (batterie) et Vianney Habert (basse), accompagnés des chanteuses invitées Audrey Adornato, Marion-Lamita Peubey et Melissa Bonny, le line-up ayant évolué en Juin dernier avec la réintégration de Christophe Billon-Laroute à la basse, et l'arrivée de Pierre Roellinger à la batterie.
Nous sommes ici en présence d'une œuvre déclinée en quatre actes, comme une pièce de théâtre musicale, s’ouvrant sur une brise légère par de magnifiques cordes acoustiques de "Intro: Appetite" nous plongeant étrangement à une autre époque, un temps jadis où les chœurs prennent naissance au milieu de remparts moyenâgeux. La nostalgie des sentiments s’installant pas à pas, revenant à la fin nous caresser la nuque sur "Outro: The River Lamentation", comme une suite aussi prenante et belle, mais plus réjouissante musicalement. SEYMINHOL prend aux tripes, y arrachant le cœur comme peut le faire le grand OPETH, mais la suite se veut plus violente et énergique sur "Act II, scene II: My Soul's Idol". Le lyrisme des mosellans est étonnant, fantastique sur des chœurs royaux plaçant un Kevin Kazek au milieu de mythiques chanteurs comme Geoff Tate (QUEENSRŸCHE) ou Daniel Gildenlöw (PAIN OF SALVATION) et de leur spectre musical.
SEYMINHOL nous a déjà mis sur le flanc, sachant que l’on a à faire à une œuvre pas comme les autres, unique en son genre, approuvée par les nymphes se penchant sur le berceau d'"Interlude: Nymph" avec contemplation, dans une orgie de sons enivrants, tournoyant dans une symphonie d’une rare intensité, débouchant sur un passage technique non sans rappeler Finn Zierler et son BEYOND TWILIGHT. La fin se veut plus lugubre, tel le loup hurlant sa faim et son désespoir. SEYMINHOL se balade dans tous les univers métalliques avec une justesse et une facilité déconcertante (le tendu "Act III, Scene I : Hidden Desire" au riff matraqueur pouvant évoquer Michael Romeo de SYMPHONY X), Nicolas Pelissier nous gratifiant également d’un super solo, seule trace marquante de sa lead sur Ophelian Fields, celle-ci bouillonnant tout le long de ce « désire caché ». Après l’éruption vient le temps de l’accalmie avec "Act III, Scene II: Behind The Mask", transpirant lui aussi d’un torrent d'émotion, la voix féminine s’emparant d’un refrain magistral dont on ne ressort pas totalement indemne. SEYMINHOL se perd dans les méandres de la mélancolie sur un pont atmosphérique inattaquable, où guitare et voix sont là haut, tout là haut perché sur un nuage difficile à atteindre, sauf pour eux. Ce morceau est proche du génie de PAIN OF SALVATION dans la sensibilité et l’organe vocal monstrueusement vibrant d’un Kevin Kazek en fusion. Ce qu’il ne faudrait pas non plus oublier, ce sont toutes ses notes de piano, mélodie de touches noires et blanches qui posent les contours du concept, le définit, instrument essentiel aux palpitations du groupe, "Act IV" et "Act V Scene 1" ne faisant qu’étayer mes propos avec des moments totalement bluffants, l’un à la SEPTIC FLESH, et l’autre, baroque, comme la reine des groupes anglais qu'est QUEEN, avec cette excentricité que l’on retrouve sur "Part II: Crown Of Thorns". Un début résolument Folk Rock très agréable, surprenant, et dynamique, toujours arrosé d’un Metal épique et grandiloquent, pour finir sur une folie à la rythmique presque jazzy. Le moment lent, planant, est comme une comète parsemée d’étoiles explosant ensuite sur un feu de colère intense (de nouveau très PAIN OF SALVATION, influence majeure du groupe pour ce cinquième opus), terrible moment s’interrompant sur une nouvelle apparition de la diva du groupe.
Avec cet Ophelian Fields, SEYMINHOL nous sort des entrailles du monde un magnifique témoignage, mais dont on regrette un peu une production pas assez claquante pour le poumon qu’est la section basse/batterie, un peu trop étouffée, pas assez étoffée aussi, sans oublier un Nicolas Pelissier dont les guitares restent bien trop discrètes et pas assez marquées et puissantes. Cependant, à part ces petits détails, SEYMINHOL nous livre de l’art en pagaille, de la richesse à profusion, mais surtout des sentiments en abondance. Rien que pour ça Ophelian Fields est une étape importante dans la carrière du groupe, et sans doute de cette année 2018 qui risque bien de consacrer les Français à tout bout de champs. Il ne vous reste qu’une chose à faire, acheter cet album à tout prix !
Chronique : Papa Bordg
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