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SACRO SANCTUS - Interview Albert Bell
Entretien avec Albert BELL (basse, guitares, chant) réalisé par mail le 26 mai 2015.
Deus Volt, le premier album sous le nom de SACRO SANCTUS dévoile une autre facette de son géniteur, Albert BELL, que celui-ci ne peut pas utiliser pleinement dans FORSAKEN ou NOMAD SON, une facette plus épique du Doom Metal dont le Maltais a bien voulu nous parler. L’homme est comme son album, plein de bonnes qualités.
Comment est né le projet SACRO SANCTUS ?
Albert BELL : Je ressassais depuis un moment l’idée de démarrer SACRO SANCTUS, bien avant que je ne commence travailler dessus mais mes engagements studios et lives avec FORSAKEN et NOMAD SON m’ont amené à retarder cela. Puis, après la sortie du deuxime album de NOMAD SON, The Eternal Return, j’ai décidé de franchir le pas et ai commencé l’écriture de démos, "The Tears Of Ishtar" et "Ordo Templaris" en l’occurrence, ces deux titres apparaissent sur le premier album de SACRO SANCTUS, Deus Volt, mais sont passées par différentes versions avant que je n’en sois content et que je sois convaincu que je pouvais et voulais vraiment le faire. Après que ces 2 titres aient été totalement mixés et masterisés, j’ai continué à travailler sur les autres titres qui figurent sur ce premier album.
Est-ce que l’écriture a été étalée sur 3 ans ou a-t-il été composé d’un bloc ?
On peut dire que l’écriture s’est réellement étalée sur trois ans. Avec la première phase impliquant l'écriture des démos, la pré-production et l'enregistrement, le mixage et le mastering de "The Tears Of Ishtar" et "Ordo Templaris", et la seconde phase impliquant le même processus pour le reste des chansons qui apparaissent sur l'album, à savoir "Arcana Imperii", "Beatification of the Dead", "Defender of the Holy Cross", "At the Horns of Hattin " et "Deus Volt: The Siege of Ascalon", bien que la structure et les idées pour toutes ces chansons étaient faites depuis longtemps. Mais la pré-production, etc., pour ces cinq chansons a été faite en peu de temps réellement avec le mix final et le mastering achevés en Juin / Juillet 2014. Bien sûr, puisque je suis également fortement impliqué dans mes deux autres groupes et organise aussi le Malta Doom Festival, j’ai du jongler et prioriser en conséquence. Mais je suis toujours en train d'écrire de nouvelles chansons dès que j’ai du temps libre tant pour les deux groupes que pour SACRO SANCTUS… j’ai des pulsions d’écriture… c’est un moyen pour moi d’exorciser mes démons pour ainsi dire! Haha!!!
Quelle était la vision que tu avais de l’album avant de commencer son écriture, quelle était la ligne directrice ?
Le but principal de SACRO SANCTUS était de fournir une autre débouchée à mon écriture, une autoroute pour exposer ma passion pour le Metal, sans aucun compromis et où je pouvais libérer ma vision de la façon dont doit sonner le Metal sans raffinements, changements, suggestions, que les membres des autres groupes peuvent souvent apporter sur les chansons, les riffs. Soyons clairs, je jouis à fond de la vie au sein de FORSAKEN et NOMAD SON, et dans un environnement de groupe, il est crucial pour tous les membres d’apporter ses idées, mais pour SACRO SANCTUS, je voulais avoir un contrôle total sur tout et avoir l’espace pour faire les choses à ma façon, à 100%. Ainsi, Deus Volt rend hommage à tous les groupes de Metal des années 80 avec lesquels j’ai grandi et que j’écoute toujours aujourd’hui mais dont les influences ne pourraient pas s’intégrer parfaitement dans FORSAKEN ou NOMAD SON, même si celles-ci apparaissent ici et là dans les deux groupes. Mais sur Deus Volt, elles sont bien plus mises en avant avec l’album proposant un aperçu de mes goûts qui vont du Thrash à la NWOBHM, au Doom ou au Metal Epique. C’est vraiment un mix de tous les styles que j’adore, donc c’est vraiment la vision que j’avais de l’album, juste laisser aller ma créativité et libérer un peu de Metal mystrieux que les gars old-school peuvent apprécier et profiter.
As-tu pris des avis extérieurs sur ces morceaux, notamment auprès des membres de NOMAD SON par exemple, ou as-tu travaillé dans ton coin avant d’en dévoiler la teneur ?
Chris GRECH, guitariste de NOMAD SON, a été un point de référence important pour moi durant tout le processus qui a conduit SACRO SANCTUS à voir le jour, il a été une importante source d’encouragement pour moi. Toute la pré-production (y compris le laborieux processus de création des midis de batterie pour les pistes témoins de l’album) ainsi qu’une importante partie des enregistrements (basse, guitare, chant) ont été réalisés au studio chez Chris Mellieha. Donc il a joué un rôle énorme dans la supervision de la production de l’album et a donné son avis précieux sur cela. Même chose pour David VELLA (des Temple Studios) qui a trempé dans la production de tous les albums de NOMAD SON et de FORSAKEN à ce jour. Son avis était critique et trés précieux également. Une fois les deux premières chansons, "The Tears Of Ishtar" et "Ordo Templaris", terminées, j’ai sollicité des avis dans mon entourage y compris auprès des autres gars de FORSAKEN et NOMAD SON. Jowita et Simone de Metal On Metal Records et les membres de ma famille… et ils m’ont tous encouragé à continuer et à achever la bête. Ces retours positifs ont été cruciaux pour faire avancer les choses, d’autant plus que c’est mon premier effort solo et que je me mets à nu en quelque sorte. Cependant, à la fin de la journée, ce qui était le plus crucial, c’était ma conviction que SACRO SANCTUS était un effort louable et à poursuivre. Et le plaisir que j’ai eu à le faire m’a vraiment rendu addictif, j’ai hâte de pouvoir proposer d’autres disques de SACRO SANCTUS.SACRO SANCTUS est-il un projet qui pourrait avoir une vie sur scène ou n’est-ce qu’un projet studio ?
A ce stade, SACRO SANCTUS est principalement un projet studio. La priorité pour moi, pour le moment, est de finaliser la suite de Deus Volt, qui, si les choses continuent ainsi, devrait voir le jour au début de l’année prochaine. Je n’exclue pas que cela puisse se transformer en un groupe live ou même un groupe à part entière mais pas à ce stade.
On sent beaucoup d’influences diverses, surtout vers le Metal old-school des années 80, mais je trouve qu’un titre comme "Beatification Of The Dead" aurait pu être un titre de CATHEDRAL, es-tu d’accord avec ça ?
"Beatification of the Dead" fait vraiment écho à ma fascination pour les débuts de CELTIC FROST à mon avis. J’aime beaucoup CATHEDRAL, surtout les premiers albums, mais ce n’est pas un point de référence si important pour moi. Cependant, j’ai entendu d’autres personnes nommer CATHEDRAL dans les principales influences de cet album. Je suppose que tout cela est trés subjectif et d’ailleurs, si on devait aller aux racines de CATHEDRAL, je pense que CELTIC FROST serait une évidence, ces premiers CELTIC FROST ont capté la fascination de musiciens et de fans et ont eu un impact retentissant sur le Doom et les autres sous-genres de Metal. Donc leur influence est inévitable et plus que bienvenue pour moi.
Bien entendu, l’influence de BATHORY est très présente, sur "Deus Volt" surtout, mais plus dans l’ambiance que dans la musique en elle-même, tu sembles avoir une vision du Doom qui va au-delà des barrières traditionnelles du style ?
Un bon point. "Deus Volt: The Siege of Ascalon" a une belle ambiance à la BATHORY, bien que, pour être honnête, je ne cherchais pas spécialement à suivre la route de BATHORY lorsque j’ai commencé l’écriture de ce morceau. Je voulais juste un morceau de Metal Epique pour conclure l’album et la référence BATHORY est peut être obligatoire lorsque l’on aime le Metal Epique. BATHORY, comme CELTIC FROST ou VENOM, sont des groupes dont je reste fasciné depuis que je les ai entendus, de telle sorte que leur influence s’immisce forcément dans mon écriture. Dans tous les projets où je suis impliqué, j’ai toujours cherché à ajouter d’autres ingrédients à l’idiome qui est normalement associé au genre Doom Metal. Certaines personnes semblent interpréter cela comme seulement jouer lentement des riffs boueux qui vont forcément ennuyer l’auditeur après quelques minutes. Je me nourris d’une source d’inspiration où on trouve TROUBLE, CANDLEMASS, PENTAGRAM, SAINT VITUS, REVELATION, COUNT RAVEN, WITCHFINDER GENERAL etc. C’est le Doom Metal pour moi, et non pas un Post-Metal nausabond, des maniaques suicidaires pleurnichant sur la cruauté de la vie ou je ne sais quoi… oui, la tristesse et la dépression font partie de la vie malheureusement, et il y a une place pour eux dans l’expression musicale bien sûr, mais comme la vie, le Metal (Doom ou autre) devrait exprimer l’ensemble de la palette d’émotions – la colère, l’agressivité, l’amertume, la tristesse, le courage, la gloire, la joie etc. Voilà ce que j’espère apporter à la table avec ma musique.
Les refrains sont assez facilement mémorisable, comment as-tu travaillé le chant ? Savais-tu déjà que tu serais capable de cette performance ou as-tu exprimenté au fur et à mesure ?
Merci pour le compliment et ces gentillesses. Je pense que les refrains sont fondamentaux pour n’importe quelle chanson et tout compositeur devrait s’assurer que le refrain contribue à relever une chanson et qu’il est quelque chose de mémorable pour l’auditeur. Avec plusieurs années d’écoute de Metal et quelques grands groupes, je suppose que j’ai développé une capacité d’appréciation de ce qu’est un bon riff chorus et un bon arrangement. C’est ce que j’ai fait dans les enregistrements si vous écoutez bien les chansons, c’est de souligner les refrains par divers embellissements (souvent une mélodie de guitare ou un riff accrocheur fait l’affaire). Quoiqu’en écriture, je tends à passer par diffrentes versions des chansons jusqu’à ce que je sois content de sa structure en essayant d’assurer un bon flow entre l’intro, les couplets, le refrain, l’outro et les mi-sections si nécessaire. Ce dernier permet d’assurer l’énergie dans une chanson et j’utilise souvent cette formule sur Deus Volt. J’ai souvent contribué à l’écriture des chansons tant pour FORSAKEN que pour NOMAD SON qui se sont transformées en étendard pour les deux groupes. Donc pour être honnête je ne doutais pas de ma capacité d’écriture. Quant à la musique cependant, je me suis occupé des guitares leads et rythmiques et du chant pour la première fois sur cet album. La basse a toujours été mon instrument principal, donc une phase d’apprentissage a été nécessaire et elle a eu lieu sur les trois années de travail sur SACRO SANCTUS, dès sa naissance. Heureusement, plus d’arrangements, notamment sur le chant seront perceptibles sur le deuxième album. Ceci dit, je pense que le style narratif était nécessaire sur certaines pistes et correspondait plus à l’ambiance des titres. Et je ne suis pas fan du chant crié de toute façon !
En latin la phrase est Deus Veult, Deus Volt vient du Languedoc, en France est semblait être utilisé comme cris avant les combats des Chrétiens contre les Musulmans lors des premières croisades. Pourquoi avoir choisi la phrase en langue d’oc plutôt qu’en latin ?
Simplement, je pense que cela sonne mieux, plus culte, obscure et authentique.Actuellement, on constate malheureusement que les guerres de religion sont toujours d’actualité, toutefois ton inspiration ne vient pas des évènements récents, qu’est-ce qui t’a conduit à écrire sur ce sujet ?
J’ai toujours été fasciné par les croisades et leurs histoires de sang, de courage et de gloire. Deus Volt m’a permis de me plonger un peu plus dans le sujet tout en permettant à mon imagination de divaguer avec des éléments de fiction que j’ai ajouté au concept particulièrement sur la première partie de l’album où le califat Fatimide s’appuie sur les anciennes et très sombres forces Assyriennes / Sumriennes pour prendre l’ascendant sur les califats rivaux. Cette partie de l’album a demandé beaucoup de recherche sur la mythologie Babylonienne et sur le panthéon Babylonien que j’ai vraiment apprécié.
Peut-on voir un parallèle entre ce que tu écris et ce que l’on vit aujourd’hui ou te contentes-tu de retranscrire des faits historiques ?
Si l’album offre un commentaire politico-social qui peut être appliqué à ce qui se passe aujourd'hui, ce n’est pas quelque chose d’intentionnel. J’injecte souvent ce genre de choses dans mes paroles pour NOMAD SON et FOSAKEN. SACRO SANCTUS est une autre paire de manches et prend une direction plus historique / fictif – c’est comme lire un roman avec sa propre bande son en fait... ça pourrait être facilement adapté en nouvelle ou un scénario de film... des offres de ce genre sont les bienvenues! Haha !!!
Peux-tu nous donner quelques nouvelles de NOMAD SON et de FORSAKEN ?
NOMAD SON a programmé une résurrection cet été après une ou deux années de hiatus avec des concerts locaux et l’écriture de morceaux pour le nouvel album en top priorité. Pour FORSAKEN, nous avons été très occupés avec des concerts l’étranger ces derniers mois, avec notamment la visite de l’Italie et des Pays-Bas ainsi que d’autres à venir. En attendant, nous allons terminer le nouvel album qui s’intitulera Pentateuch et que nous espérons voir sortir au cours de cette année ou au début de l’année prochaine.
Peux-tu nous dire quelques mots sur Robert SPITERI, le batteur qui t’accompagne sur l’album ? Qui est-il ?
Robert Spiteri est l'un des batteurs les plus prometteurs de l'le. Il officie régulièrement pour un groupe de Hard Rock / Heavy Metal Maltais appelé FIRE. Il m'a été suggéré par David Vella, même si je gardais un œil sur lui depuis un certain temps et je n'ai pas hésité à l’amener à bord. Il est également engagé sur le deuxième SACRO SANCTUS et j’espère entrer en studio avec lui en Juillet prochain. Vraiment hâte d'y être, car c’est un batteur génial et trés créatif. Un gars exceptionnel sur tous les fronts !
Propos recueillis par Aymerick Painlesswww.facebook.com/AlbertBellsSacroSanctus
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