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CHANNEL ZERO - Interview Franky De Smet Van Damme
Entretien avec Franky De Smet Van Damme (chant) réalisé par mail le 12 juillet 2014.
Il y a des groupes qui doivent batailler bien plus fort que d’autres pour rester à flot, c’est le cas des Belges de CHANNEL ZERO dont le statut dans son pays lui vaut tous les ponts d’honneur alors qu’en dehors, le groupe peine à trouver des dates de concert. Le sort s’acharnant, c’est à la disparition de son batteur à laquelle le groupe a du faire face, récit d’un album enfanté dans la douleur mais surtout histoire d’un groupe qui ne renoncera pas si facilement, l’humilité de Franky est aussi grande que son talent vocal qui fait encore des merveilles sur Kill All Kings, un nouvel opus Power/Thrash très costaud sur lequel vous devez absolument jeter une oreille.
Au moment de la sortie de Feed’Em With A Brick, tu étais très confiant, remonté comme une pendule, aujourd’hui avec le décès de Phil, comment voyez-vous l’avenir de CHANNEL ZERO, avez-vous pensé à tout arrêter ?
Franky De Smet Van Damme : Oui on y a pensé… Phil était un frère et une personne si intense à côtoyer que personne ne pourra jamais le remplacer, ça restera toujours une place vide pour nous. L’aide de Roy MAYORGA a été un premier pas pour enregistrer cet album en hommage à Phil. Sa famille a beaucoup insisté pour que nous n’arrêtions pas, nous expliquant que Phil n’aurait pas voulu que ça se termine ainsi. Ca n’a pas été facile mais ce groupe est aussi notre vie donc après avoir enregistré nous avons décidé de continuer.
On n’imagine pas l’état dans lequel vous deviez être à l’annonce de cette nouvelle mais c’est une disparition qui a ému beaucoup de monde dans la sphère du Metal et autour, avez-vous été surpris par cet élan de soutien ?
La communauté Metal est toujours perçue comme agressive et non intéressante mais sous cette facette il y a beaucoup de bon cœur et tout le monde nous a fortement soutenu, on a réellement senti que le message de soutien venait de partout, on remercie tout le monde pour leurs condoléances.Mike DOLING a joué un rôle important dans la construction de Feed’Em With A Brick, mais sur ce nouvel album, Kill All Kings, j’ai le sentiment que sa patte est encore plus présente, non ? Il semble parfaitement intégré au groupe, comme s’il était là depuis toujours. Il n’agit pas comme un mercenaire, voilà qui doit te faciliter un peu la vie pour maintenir le groupe en vie ?
On se connait encore mieux qu’au début et ça a donné un album encore plus réussi que le précédent. Feed ‘Em With A Brick a été un moment d’explosion, on l’a réalisé dans un moment de vibe et de feeling alors que j’étais coincé à Los Angeles pendant l’éruption du volcan en Islande. Tous les vols ayant été suspendus, j'ai du rester un mois là-bas en attendant de pouvoir revenir et c’est à ce moment que nous avons réalisé cet album en version démo. Kill All Kings est un album qui a pris beaucoup plus de temps dans sa création et on a pris notre temps, je pense que le résultat est plus fort car nous nous connaissons mieux musicalement.
Feed’Em With A Brick comportait beaucoup de titre catchy et directs, Kill All Kings se révèle peut être plus au fil des écoutes, avez-vous pris plus de temps pour les arrangements sur cet album ou est-ce que les morceaux sont nés ainsi ?
Kill All Kings a été une session de 40 morceaux que l’on a réduit à une vingtaine et desquels nous avons ensuite sélectionné ceux qui tenaient le mieux la route, il y a des titres catchy et différents et j’aime lorsqu’un album est varié.
Quand avez-vous commencé à composer ce nouvel album ? Aviez-vous une idée de ce que vous vouliez obtenir ?
Il y a 2 ans, je voulais surtout sonner 2014, on a pris pas mal de temps à garder cet esprit, le son actuel était très important pour moi ainsi que des morceaux bien équilibrés aussi.
C’est Roy MAYORGA qui a enregistré les parties de batterie sur cet album, il semble que ce ne soit pas lui qui vous accompagnera sur scène, pourquoi Seven Antonopoulos ne joue-t-il pas sur Kill All Kings ?
En fait Roy a proposé de nous aider si nous voulions faire l’album en hommage à Phil. Mais Roy est le batteur attitré de STONE SOUR alors il était évident qu’il ne pourrait pas nous rejoindre sur le long terme. Avec Roy nous avons réfléchi sur qui pourrait jouer de la façon qui nous correspond le mieux en live et Seven est venu faire un test. Toutefois, j’insiste, on ne prendra pas de nouveau batteur fixe.
Avez-vous fait appel au même studio et à la même équipe pour l’enregistrement, le mastering et le mixage de cet album ?
On a travaillé ensemble avec Logan MADER et de nouveau au même studio avec la même équipe technique. Le mastering a été réalisé par Maor APPELBAUM cette fois-ci.J’aimerais que tu nous expliques un peu de quoi parle "Brothers Keeper" qui est un titre à part sur cet album ? Comment est né ce titre aux différents visages mais très fluide ?
Faire une sorte de slow est toujours risqué mais ce morceau tenait très bien la route avec l’ensemble des autres morceaux. Je suis très satisfait qu’il apparaisse sur l’album, j’aime toujours les morceaux un peu risqué comme celui-ci.
Un autre titre m’a agréablement surpris, il s’agit de "Crimson Collider", il possède une facette Heavy sombre qui m’a rappelé WOLFSBANE, ce n’est certainement pas une de vos influences mais partages-tu cette impression de Heavy Metal assez sombre ?
L’ambiance d’un morceau est toujours très importante, je ne dirais pas que c’est notre direction principale mais naturellement c’est un son et un sentiment qui nous va bien. Ca parle d’une sorte d’Einstein qui aurait prévu que la découverte au CERN (ndlr l’organisation Européenne de recherche nucléaire) serait faite par lui-même, la 6ème dimension en réel.
"Army Of Bugs" est également un titre assez sombre, on y retrouve l’ambiance générale d’un Black Fuel, avez-vous sciemment cherché à varier le propos sur cet album, plus que sur le précédent ?
"Army Of Bugs" est un morceau qui parle de la recherche des Américains pour utiliser des animaux pour faire une sorte de guerre ou pour collecter des informations sur l’ennemi. Ca sonne un peu Star Trek mais c’est un programme qu’ils mènent déjà depuis les années 50 alors ne soyez pas surpris qu’un jour on soit observer par des bêtes vivantes, il y a de quoi devenir sombre, non ?D’ailleurs, l’artwork est également très sombre, on y voit une sorte de couvre-chef que l’on pourrait prendre pour une couronne, est-ce ça ? Que se cache-t-il derrière ce titre assez répandu dans le Metal ?
L’artwork est l'oeuvre d’un artiste Belge originaire de Bruges, il fait des robots qui marchent en métal, tous ces humains en robot sont très lourds car ils sont réalisés avec du métal de récupération. Cela fonctionnait vraiment bien avec le titre Kill All Kings, le devant de la pochette est une tête de tigre qu’il a réalisé. (www.kezanti.com)
Sur un titre comme "Electronic Cocaine", un titre pas immédiat qui demande pas mal d’attention, vous avez laissé parler votre fibre moderne, pourquoi avoir choisi de le mettre en avant alors que d’autres titres auraient peut être pu rassurer les fans avant la sortie de l’album ?
En Belgique, on vit une situation un peu exceptionnelle, on est devenu un groupe plus mainstream avec les festivals généralistes, et pour les radios nous avons choisi "Electronic Cocaine" et ça a bien marché. Pour les autres pays, nous allons utiliser "Dark Passenger" comme premier extrait.
"Mind Over Mechanics" pour sa part nous renvoie vers la facette très directe et presque Punk, ou old-school Thrash Metal, de CHANNEL ZERO, est-ce une énergie de violence et de colère ou une énergie positive qui vous guide dans l’écriture de ce genre de titre ?
C’est vrai, ce morceau m’a plu dès le début et ta remarque est exacte, ça fait un peu penser au CHANNEL ZERO des années 90 avec le son actuel.
Encore une fois ta prestation vocale est remarquable, on y sent parfois une diction à la Tom ARAYA ("Kill All Kings" ou "Duisternis") mais ta voix est de suite reconnaissable, quel est le chanteur qui t’a donné envie de te mettre derrière le micro ?
Et bien tu tapes dans le mille, Tom ARAYA a joué un rôle très important dans mon chant, Reign In Blood a été un guide pour moi sans que je ne m’en rende compte car avant CHANNEL ZERO, je n’avais jamais chanté dans un groupe. Je n’avais pas non plus ce grand rêve de devenir chanteur quand j’étais petit mais James HETFIELD et Bon SCOTT avec Tom m’ont fortement décidé à chanter.Qu’avez-vous de prévu prochainement en termes de concert ? Quelques festivals d’après votre site ?
On joue sur les festivals en Belgique cet été et ensuite on espère faire une tournée en première partie en Europe.
Il semblerait que la sortie de cet album en dehors de la Belgique soit encore compliquée, non ?
Et bien on vient de signer un deal mondial avec Metal Blade qui distribue l’album depuis deux semaines. Nous sommes très contents de cela, un peu de vent dans le dos ne fait pas de mal, faire vivre tous les membres du groupe est toujours un job un peu fou.
Pour finir, si le public ne devait retenir qu’une image de votre ami disparu, laquelle ce serait ?
Un homme qui vivait intensément et très aimable avec ceux qu’il aimait. Il était formidable, avec un sourire irremplaçable.
Propos recueillis par Aymerick Painless
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