TAGADA JONES / AVERYSADSTORY
26 avril 2014 – Pagney Derrière Barine - Chez Paulette
Lorsque vous arrivez à la salle et que la personne à l’entrée vous demande si vous avez un billet c’est que la salle est pas loin d’afficher complet, voilà un bon présage pour le groupe d’ouverture de ce soir (pour être tout à fait franc, celui qui explique la présence de votre serviteur en ces lieux). Pourtant, aucun problème pour se garer à proximité de la salle, aucune bousculade à l’intérieur pour accéder au bar et lorsque AVERYSADSTORY prend possession de la scène, la salle s’est remplie tout doucement. Première bonne surprise, l’organisation qui est en tout point parfaite, en tout cas vu de notre fenêtre !
AVERYSADSTORY monte sur scène et ce n’est pas pour amuser la galerie, du gras, du gras, du gras et du rock’n’roll, voilà le cocktail servi ce soir par ce groupe qui est en cours d’enregistrement de son deuxième album. Devant un public particulièrement Punk, les Lorrains vont pourtant réussir à générer une très bonne réaction de la part de la fosse qui headbangue en cadence. Les titres largement rôdés du premier album, Deep Black Thoughts, qui date déjà de 2010, comme "Misery Inside" ou un "Chainsaw Love Talking" qui clôture le set intense du quatuor et sur lequel on peut vérifier que AVERYSADSTORY joue maintenant devant un public qui connait ses titres. Avec une prestation alternant les moments de Rock’n’roll et les moments de Sludge bien pesant, c’est cependant cette dernière catégorie qui domine ce set, une piste pour le prochain album, on le saura prochainement. Jay et Fred (toujours interdit de chant malgré quelques essais, un petit jeu régulier entre le guitariste et le reste du groupe) jouent toujours sur scène avec des regards complices, Matt, au chant, n’est pas en reste, les mecs ont la banane et la communique, c’est aussi une des raisons que l’on accroche à la musique du groupe, cette bonne ambiance car comme le précise le chanteur en fin de concert, ils se sont bien amusés sur scène et ça s’est vu ! Fred arbore une magnifique casquette et une paire de lunette de soleil qui fait très Américain (ne serait-ce pas pour camoufler cette mèche naissante ?) en tout cas c’est fait avec un second degré assumé, sans fioriture, juste du Rock, AVERYSADSTORY aura réussi à convaincre ce soir, comme à chaque fois que je les ai vu d’ailleurs, même Paulette, 90 ans, légendaire propriétaire des lieux est venue danser sur le bord de la scène. Vivement le deuxième album !
Après un petit message annonçant le East Summer Fest dans cette même salle en juillet, il est temps de monter le décor de TAGADA JONES. En effet, ce groupe est la preuve que Punk ne signifie pas forcément un concert à l’arrache. La mise en scène est étudiée même si ça n’enlève rien à l’énergie dégagée par ce quatuor qui a fêté ses 20 années d’existence. Ces 20 ans seront d’ailleurs revus ce soir avec une setlist aux allures de best-of, l’occasion également de voir que rarement les Bretons auront dévié d’un iota leur trajectoire stylistique. Le public qui garnit la salle plus largement maintenant puisque c’est complet, est remonté et le fait savoir avec des circle-pits, des pogos en tout genre et le crowd surfing qui aura raison d’un point de lumière au plafond. Beaucoup d’effets électro sont encore là et c’est ce qui fait que TAGADA JONES n’est pas qu’un groupe de Punk lambda même si c’est bien ce qui les nourrit, les paroles contestataires, la musique in your face en speed tout au long du concert, des structures simples tout est là et lorsque Niko doit réaccorder sa guitare suite à un choc avec un crowd surfer, Stef et Job dans un regard complice lancent un "Hey Oh Let’s Go" des RAMONES qui sera finalement jouée en entier. Le concert s’achève sur "Karim et Juliette" écrit pour rendre hommage à l’une des influences des Bretons, LES BERURIERS NOIRS. Le groupe est totalement rincé, le public ne l’est pas moins, l’air se faisant de plus en plus rare dans la salle, c’est les oreilles bourdonnant que l’on ressort de ce show où les titres du dernier album, Dissident, sorti en ce début d’année ("Le Chaos", "L’instinct Sauvage") ou la chanson titre de l’avant dernier album Descente Aux Enfers (2011) tiennent la dragée haute aux classiques ("Manipulé" ou "Superpunk"). Mention spéciale au nouveau bassiste, Waner, qui semble très bien intégré à ce groupe de vieux briscards, ce n’était pas chose gagnée d’avance.
Voilà une bonne soirée qui s’achève et TAGADA JONES a comme d’habitude fait office d’ouragan même si AVERYSADSTORY aura mes faveurs, beaucoup moins linéaire, la prestation des Lorrains a affiché un groupe de costauds.
Report & Photos : Aymerick Painless