• DOMGÅRD - Ödelagt

    DOMGÅRD - Ödelagt
    Carnal Records
    Style : Black Metal
    Origine : Suède
    Sortie : 2017
    Site Web : www.facebook.com/DOMGARD

    DOMGÅRD - Ödelagt



    01. Niþanvarþa / 02. Svartdjupets Lockelse / 03. Töckenhöljt / 04. I Geirröds Hall / 05. Aldar Røkkr / 06. Kynjagaldr / 07. Ödelagt / 08. Lögr Óðreris - Urblodets Trollmakt / 09. Grottkvinnans Hemlighet / 10. Sejdmannens Förbannelse / 11. Förgånget / 12. Ødhe Vi

    Toute la scène Black Metal Suédoise semble tourner autour de deux entités, le groupe CURSED 13 dont les membres sont partie prenante dans bon nombre de groupes de qualité du pays nordique, et Magnus Devo Anderson qui produit un peu tout ce qui sort en ce moment, mais pour le cas de DOMGÅRD ça n'a pas grand chose à voir... DOMGÅRD c'est 4 mecs qui pratiquent un Black Metal des plus traditionnels, qui nait en 1997 mais qui a un premier coup d'arrêt de taille puisque 3 des 4 membres du groupe ont été condamnés à 5 années de prison suite à l'incendie d'une église. Aujourd'hui, seul Vidkall, le guitariste du groupe, a continué le combat à travers ce groupe de Black Metal dont l'esprit des 90's est plus que présent. Après de multiples changements de line-up, la carrière du groupe démarre réellement en 2009 jusqu'en 2013 où de nouveaux changements de line-up affectent l'avancée de DOMGÅRD pour 4 années de silence avant cet Ödelagt, nouvel album sur un nouveau label, le solide Carnal Records, qui abrite également tout ce que le Black Metal peut faire de meilleur en ce moment.

    Les Suédois vont cependant avec ce nouvel album nous montrer une capacité à proposer une production plus solide, loin du son très petit et faiblard des débuts et qui était encore vrai sur le dernier album en date du groupe, Myrkviðr (2003), tout en restant dans un esprit très proche des 90's. Tout d'abord le groupe s'appuie sur plusieurs piliers du Black Metal, à savoir une voix cradingue où la réverb' règne sans partage, des claviers discrets mais porteur de l'ambiance caractéristique du style, des oscillations entre le Black Metal enraciné dans les tendances Thrash et le Black Metal Ambiant, voire même mélodique parfois.

    Pour le premier pilier, la production et la mise en son, si la voix est assez standard, elle n'en est pas moins habitée. Si c'est la voix Black classique qui domine les débats, on se surprend à entendre des voix claires typées Pagan qui nous renvoient vers l'excellent Bloodhemn d'ENSLAVED, parfaitement utilisées, ni trop présentes, ni trop peu, ce type de chant ne glisse jamais non plus dans le grandiloquent, deux ou trois voix pas plus, cela reste à la taille du groupe, d'autant plus que le chant semble se partager entre plusieurs membres, et cela reste plutôt minimaliste dans l'approche. "Minimaliste", voilà un adjectif qui va bien à l'esprit de DOMGÅRD, mais attention, minimaliste ne signifie pas simpliste, et ça, les Suédois l'ont très bien intégré au regard de cette production parfaitement minimaliste où les claviers sont bien mieux intégrés, là où ils étaient très en avant sur les précédentes productions, ils ne sont pas systématiquement utilisés et sont contenus à un rôle de soutien aux mélodies de guitare qui peuvent paraître manquer de noir parfois, mais c'est là l'esprit de ce Black Metal du siècle dernier qui tirait plus sur le Pagan Black Metal que le Raw Black Metal.

    Pour le deuxième pilier, plus purement stylistique, on navigue donc entre Black ambiant où une certaine mélancolie grise règne et un Thrash Black Metal bien crasseux et direct qui amène forcément l'auditeur à secouer la tête ("Töckenhöljt"). C'est d'ailleurs une sorte de voyage que DOMGÅRD a construit musicalement, après un début assez épique, renfermant quelques bons passages directs ("Svartdjupets Lockelse", "I Geirröds Hall"), l'ambiance glisse doucement vers un Black Metal plus atmosphérique, comme vers la fin des 90's avec la mise sur le devant de la scène de BORKNAGAR, WATAIN, LORD BELIAL ou EMPEROR. D'ailleurs comment ne pas penser à ce dernier groupe à l'écoute de "I Geirröds Hall", les intentions et influences communes sont très révélatrices d'une époque que les groupes de Black Metal actuels ont un peu perdu de vue. L'esprit Pagan est introduit dans cet album par le titre "Aldar Røkkr", une sorte de transition qui nous éloigne des riffs et rythmiques épileptiques typiquement Black Metal pour privilégier une ambiance plus aérienne qui va se poursuivre sur la suite de l'album jusqu'à déboucher sur l'épique "Förgånget".

    Mais avant ce bloc de 16 minutes impressionnantes clôturant l'album, l'esprit Pagan du Black Metal des Suédois va ressurgir le temps d'un "Kynjagaldr" qui rappelle ENSLAVED ou même LORD BELIAL par son côté mélodique, et la chanson titre renvoyant encore et toujours vers cette alternance d'ambiance et de Black Metal catchy et direct. On pourra simplement regretter la longueur de la dernière plage "Ødhe Vi" qui n'apporte pas grand chose de plus, de même la longueur générale de l'album, car si il est difficile de pointer du doigt un titre en particulier, c'est l'impression générale de longueur qui ressort, peut être qu'en proposant 9 ou 10 titres, cela aurait permis d'être plus concis et de proposer du matériel peu de temps après cet album. D'autant plus que ce fameux "Förgånget" permet déjà cette redescente et, pour le coup, l'ajout de "Ødhe Vi" derrière fait trainer en longueur inutilement ce moment de mélancolie proche du Depressive Black Metal. Ödelagt n'est encore pas parfait mais il peut avoir les défauts de ses qualités, c'est à dire que ce n'est pas forcément très original, mais c'est aussi ce qui peut séduire, l'amour d'un héritage Black Metal issu d'une période où le style musical était dépassé par sa conduite de vie, un passé sulfureux que les groupes ont cru bon de délaisser mais qui semble renaître avec force. La production de la batterie n'est également pas la plus puissante qui soit mais cela répond à un standard où la batterie sonne en fond de pièce et la basse est pratiquement absente du mix sauf lorsque ses fréquences doivent prendre le lead dans le son général. Cet album n'est pas parfait mais il est l'image d'un style qui a rejoint une certaine forme d'underground aujourd'hui pour mieux se recentrer sur ses fondamentaux, des ingrédients que DOMGÅRD a parfaitement digéré. Ce nouvel album est clairement le plus réussi de la discographie des Suédois, et c'est bien par celui-ci qu'il faut entrer dans le monde de ce groupe enfin à la hauteur de sa réputation et même de l'adoration que la vieille garde du Black Metal peut porter à ce quatuor.

    Chronique : Aymerick Painless

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