• ABYSSE - Interview Geoffrey

    ABYSSE - Interview Geoffrey

    Entretien avec Geoffrey (guitare) réalisé par mail (Juin 2016)



    En 2010, je m’étais dit « Ah voilà un groupe intéressant ! », en 2013 « Put*** mais ce groupe nous balance un album de tueur ! » alors en 2016, lorsqu’arrive I Am The Wolf, j’étais impatient de voir ce que le groupe nous avait réservé. Absolument excellent, ABYSSE fait partie de ces groupes que je suis réellement de près et dans la masse des sollicitations, il n’y en a pas tant que ça, c’est dire si ce groupe mérite réellement que vous vous intéressiez à leur cas que vous aimiez l’instrumental ou pas n’est pas la question, ABYSSE fait du ABYSSE, point final. Geoffrey, l’un des gratteux nous éclaire un peu sur la gestation de cet album avec une sympathie et une disponibilité que l’on retrouve également chez d’autres membres du groupe que l’on a déjà pu avoir en interview. Peut-être cela le secret d’ABYSSE…

    Le cycle En(d)grave semble loin mais en même temps si proche avec l’activité qui a été la votre en 2015 notamment avec la réédition de l’album ainsi que la sortie du clip pour le titre "Forest Monument". Comment avez-vous vécu ces 3 années ?
    Geoffrey : Très bien, nous n’avons pas vu les 3 ans passer entre le clip, les quelques dates, la sortie du vinyle, nos vies personnelles. Nous avons beaucoup discuté et travaillé pour ne pas faire un « En(d)grave bis » et proposer quelque chose de différent.

    L’année 2015 a été très riche avec une prestation au Motocultor, la sortie du clip, il semble que les fruits du premier album commencent enfin à pouvoir se récolter ? Avez-vous l’impression que le regard du public sur les groupes instrumentaux a changé ?
    Effectivement, nous avons eu beaucoup de retours positifs avec cet album, à notre grande surprise. Nous avons pu faire des dates hors France, des festivals, rencontrer d’autres groupes et d’autres personnes qui ne nous connaissaient pas avant. Cela se fait petit à petit, le côté instrumental est un atout comme un inconvénient, certains vont trouver ça long et chiant alors que d’autres vont trouver ça bien parce qu’il n’y a pas le chant qu’ils n’apprécient pas dans le Metal. C’est vrai qu’avec l’apparition de groupes instrumentaux fédérateurs comme RUSSIAN CIRCLE ou MONKEY 3, l’instrumental devient un peu plus « populaire » qu’avant. C’est peut-être un manque d’objectivité de notre part, car faisant nous-mêmes de l’instrumental, ça dérange aucun de nous quatre de se cogner des morceaux d’une dizaine de minutes sans ligne de chant.

    Le premier album a donc été édité en 2 vinyles avec ORPHELINE, pourquoi ce choix et pas votre album uniquement ?
    L’idée part d’une raison pratique extrêmement simple : 6 titres de l’album En(d)grave tenait sur un vinyle. Pour mettre le 7ème et dernier titre, il fallait produire un deuxième vinyle. Nous imaginions difficilement sortir le vinyle de l’album avec un morceau en moins. Et de là, il nous semblait assez évident de combler le manque avec des morceaux du side-project des deux guitaristes ORPHELINE (https://soundcloud.com/orpheline) qui continue encore de poster des morceaux et qui est une sorte de ABYSSE version mignon, donc le contraste nous semblait intéressant. Depuis, d’autres side-projects se sont montés, notamment DRAGUNOV (http://dragunov.bandcamp.com) qui serait peut-être plus cohérent.

    Pour I Am The Wolf, tout tient sur un vinyle, auriez-vous gardé du matériel de côté ou avez-vous utilisé tout ce qui était prêt à être enregistré ?
    Plus exactement, seule une piste « cachée » présent sur le format CD n’a pas pu être insérée dans le vinyle faute de place. On ne va jamais en studio avec des idées laissées de côté pour l’opus suivant.

    ABYSSE - Interview Geoffrey

    Comme je le signalais dans la chronique d’I Am The Wolf, vous êtes plutôt attentif au moindre détail de ce qui porte votre nom, finalement 3 ans cela semble court, non ? Comment s’est déroulée la composition de ces morceaux ?
    Le premier album était chronologique et plus conceptuel. Pour celui-ci nous nous sommes donné une totale liberté de composition : improviser en répète et voir ce qui sort, ce qu’on garde... Un peu comme pour nos démos précédentes.

    Justement à propos des démos, je vous ai découvert avec Le Vide Est Forme et je dois dire que l’évolution est assez nette entre ce deux titres et ce deuxième album. Comment voyez-vous cette évolution vue de l’intérieur, est-ce que vous prenez un peu de recul de temps en temps pour voir le chemin parcouru ?
    Oui, c’est assez bizarre de réécouter ces morceaux presque 8 ans après. Nous sentons une évolution dans la maîtrise et la sonorité des instruments. Pour ce qui est de la composition, nous évoluons comme tout le monde, nous ne pensons pas que tel album est celui de la maturité ou autres... Nous sommes influencés par ce qu’on vit, ce qu’on écoute dans ces périodes et voilà ce qui en sort. La maturité et le recul qu’on prend nous sert juste à essayer de se renouveler, proposer quelque chose de différent en gardant notre touche personnelle.

    A l’image de l’artwork, cet album peut-être ressenti comme plus sombre que son aîné, cela fait-il écho à ce que vous vouliez corriger du premier album ou est-ce simplement votre humeur au moment de la composition ?
    Certainement l’humeur. Nous ne nous imposons aucune contrainte. Que le morceau soit sombre/joyeux/mélodieux/bourrin, que les morceaux fassent 2, 7 ou 15 minutes. Rien n’est prémédité. Un morceau est fini quand nous sommes contents tous les quatre, tout simplement. Nous essayons juste de pas nous auto-plagier en gros, ça nous arrive quelque fois de nous dire : « ça c’est cool mais on l’a déjà fait donc faut qu’on le joue autrement ». Pour ce qui est du visuel, c’est venu une fois tous les morceaux terminés. Nous avons écouté l’album comme le ferait n’importe quel auditeur et en évoquant certaines images qui nous parlaient, les visuels se sont élaborés progressivement.

    Sur I Am The Wolf, j’ai eu l’impression que les morceaux auraient pu accueillir du chant, même si son absence n’est pas un manque cruel, mais avez-vous travaillé les structures différemment ? L’un d’entre vous aurait-il l’ambition cachée de prendre le micro ?
    La question du chant se pose de moins en moins. Nous sommes trop soudés pour accueillir un membre supplémentaire et trop mauvais pour nous y mettre nous-mêmes. C’est toujours intéressant de recevoir les ressentis très différents des gens qui écoutent l’album. On nous sort toujours des choses dont nous-mêmes n’avons pas du tout fait attention.

    Il est vrai que l’instrumental offre des possibilités infinies car nullement contraint par la place prise par le chant, vous restez pourtant assez direct dans les structures de vos morceaux et c’est encore plus vrai sur ce nouvel opus, personnellement j’y vois le fait que vous assumiez parfaitement le côté instrumental et que vous ne ressentiez plus le besoin d’essayer de combler un possible manque, serais-tu d’accord avec ce point de vue ?
    Oui, nous assumons pleinement notre côté instrumental et nous y prenons goût. Il n’y a qu’à écouter nos autres projets musicaux où la part instrumentale reste omniprésente. Nous ne voyons pas ça comme un manque. La voix est un instrument comme un autre en fin de compte, c’est juste que c’est plus facile de raconter des histoires avec des mots qu’avec des notes. Nous essayons de faire voyager un peu les auditeurs avec nos morceaux. C’est aussi ça qu’on adore dans l’instrumental, c’est qu’à part le titre du morceau, l’auditeur reste totalement libre de s’imaginer ce qu’il veut.

    Prenez-vous en compte l’aspect live lors des compositions ou êtes-vous prêts à proposer des versions adaptées à la scène si cela s’avérait nécessaire ?
    Oui, mais ça aussi ça reste naturel. Nous composons chaque morceau pour qu’il puisse être joué en concert. Dès que nous finissons un morceau, nous le rejouons en entier en nous imaginant en concert pour voir si ça le fait. Tous les morceaux composés jusque là ont toujours été joués au moins une fois en concert. Après, face au public, nous nous apercevons que certains sont plus percutants que d’autres donc nous adaptons, mais au départ, chaque morceau est fait pour le live.

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    Quels sont vos projets concert prochainement, est-ce que l’on va voir ABYSSE sur les routes en 2016 ?
    Nous sommes toujours plus ou moins en train de travailler sur certaines dates. Nos emplois du temps respectifs compliquent un peu la tâche car nous avons chacun une activité professionnelle. Quelques dates sont actuellement en discussion.

    J’ai cru comprendre que vous travailliez également sur de nouveaux titres, est-ce là le tout début d’un long processus ou seriez-vous prêts à entrer plus rapidement en studio si vous en aviez la possibilité ? I Am The Wolf vient juste de sortir mais êtes-vous un groupe qui entrevoit déjà le prochain album alors que la promotion du petit dernier débute tout juste ?
    Comme je le disais, nos emplois du temps respectifs nous obligent à composer plus lentement. Rajoutez à cela que nous aimons prendre notre temps pour composer, ça devient problématique ! Nous avons en ce moment un titre presque terminé je pense, et des idées pour d’autres. Pour ce qui est de l’enregistrement en studio, nous discutons en ce moment pour proposer quelque chose de nouveau, je ne peux vous en dire plus pour l’instant. Mais oui, dès qu’un album est fini, le suivant est déjà présent dans nos têtes.

    Revenons un instant sur le clip de "Forest Monument" qui est vraiment très réussi, est-ce le genre de projet que vous voudriez reproduire pour ce nouvel album ou avez-vous d’autres priorités, d’autres projets pour I Am The Wolf ?
    Merci, oui ce genre de projet nous intéresse beaucoup. Nous avons travaillé avec Yoann Luis qui, en plus d’être un très bon réalisateur qui commence à être reconnu, est un super pote. Cela nous semblait assez évident de travailler avec lui et son équipe. Nous avons fait un Ulule pour justement que les gens de son équipe soient payés correctement. Nous avons voulu faire une sorte de court-métrage plus qu’un clip. Nous réfléchissons à faire un clip pour un des morceaux de l’album mais il faut un certain budget et tu te doutes bien que nous n’avons pas de compte au Panama.

    Vous êtes dans le coin de la France où il semble qu’il faut être en ce moment, même si les membres d’ABYSSE sont dispersés, est-ce que cela apporte vraiment quelque chose au groupe, cette attraction autour de l’ouest de la France et du Hellfest comme on peut le lire lors de certaines interviews ?
    Oui, à chaque édition il y en a au moins un de nous quatre qui y va. Le Hellfest apporte beaucoup aux membres du groupe car cela nous permet d’avoir une super programmation à moins d’une heure de chez nous, nous nous rendons compte de cette chance. Après, la présence n’a pas d’impact direct sur le groupe, notre notoriété ou quoi que ce soit d’autres, en tout cas, je ne crois pas. Nous pouvons éventuellement être un groupe de dépannage en cas d’annulation soudaine, ce qui a déjà pu arriver, ce qui serait une super occasion.

    Propos recueillis par Aymerick Painless

    Chroniques :
    - En(d)grave
    - I Am The Wolf

    www.abysse.bandcamp.com
    www.facebook.com/abyssegroupe

     


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